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Diaspora - Culture

Une mission universelle pour les Libanais et leurs descendants en Amérique latine

Des initiatives en cours pour renforcer les liens entre le Liban et le Brésil, pays de l’immigration libanaise par excellence.

Roger Achkar (à gauche) nous recevant à Copacabana avec Jacqueline Chenard et l’ancien ambassadeur du Liban au Brésil, Fouad el-Khoury.

Au moment où le plus grand pays d’Amérique latine s’apprête à recevoir le patriarche maronite Béchara Raï, en tournée depuis deux semaines dans cette région du monde, les initiatives visant à raviver les liens touristiques et culturels entre le Liban et le Brésil vont bon train. C’est ainsi qu’une petite délégation du secteur touristique privé a effectué le déplacement afin de participer au premier salon WTM (World Trade Market) se déroulant à São Paulo du 23 au 25 avril, qui a été suivi le 26 avril par le premier forum libano-brésilien sur le tourisme à Rio de Janeiro.
La conjoncture actuelle est d’autant plus favorable que le nouveau pape François, de nationalité argentine, semble s’appuyer sur les communautés chrétiennes libanaises pour renforcer le message universel de paix. Il convient de signaler que les deux plus grands pays catholiques du monde sont le Brésil et le Mexique, où les émigrants libanais et leurs descendants jouissent d’un pouvoir économique et politique considérables.
Le Mexique, où Saint-Charbel est très vénéré, avait déjà accueilli, en mai dernier, le patriarche Raï (voir notre édition du 21 mai 2012), dont le séjour au Brésil précède de trois mois celui du pape François. En effet, les prochaines JMJ (Journées mondiales de la jeunesse) se dérouleront du 23 au 28 juillet 2013 à Rio de Janeiro, l’occasion d’organiser un premier grand voyage à partir du Liban vers le Brésil, qui sera suivi par des voyages annuels, notamment pour la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016.

Les Brésiliens d’ascendance libanaise
La force de l’identité nationale brésilienne, rencontrée chez tous les Brésiliens d’ascendance diverse, portugaise, italienne, japonaise et autres, distingue nos compatriotes vivant dans ce pays de ceux des pays voisins. Cette question a été évoquée avec les responsables de l’église maronite de Rio de Janeiro, dont le père Roger Barakat et le père Fadi Metni, venu d’Afrique du Sud il y a trois mois, ainsi que le père Émile Eddé, auteur de nombreux livres sur le Liban et la Phénicie traduits en espagnol et en portugais (voir notre édition du 5 septembre 2011). De prime abord, cela pourrait affaiblir l’intérêt qu’is portent à leur origine, cette complication rendant encore plus nécessaire l’ouverture des instances officielles et privées libanaises aux émigrés et à leurs descendants.
Malgré la prolifération des clubs libanais ou libano-syriens dans ce pays, l’approche devrait être différente de celle réservée au Mexique et à l’Argentine par exemple, où de puissantes associations regroupent des jeunes Libanais de sang. Cela a été confirmé par l’ex-ambassadeur du Liban au Brésil, Fouad el-Khoury, en poste de 2003 à 2009, et rend inexplicable le fait que le gouvernement libanais ait laissé le poste d’ambassadeur du Liban au Brésil vacant durant trois ans.

Trois Libanais de moins
L’absence du Liban à des postes-clés, notamment au sein des Nations unies, a été aussi au centre des discussions avec Roger Achkar, durant un déjeuner dominical en sa maison à Copacabana. M. Achkar est fonctionnaire international des Nations unies, et fait face à de multiples pressions l’empêchant d’accomplir sa mission en toute neutralité. Sa collègue française de Martinique, Jacqueline Chenard, et l’ambassadeur Fouad el-Khoury, qui vit depuis sa retraite entre Rio de Janeiro et Beyrouth, se sont penchés sur ce problème, aggravé par le mode de fonctionnement du gouvernement libanais en proie, plus que jamais, aux ingérences étrangères.
Rencontré dans le vol Paris-Rio, en provenance de Malaga où se déroulait un forum industriel, Alexandre, ingénieur brésilien résidant à Manaus, en Amazonie, est père de trois enfants dont la mère est d’origine libanaise, de la famille Abboudi de Damour. Pour ces trois enfants, Tatiana, Patricia et Daniel, il est impossible d’obtenir le passeport libanais, la loi actuelle ne permettant pas aux Libanaises de donner leur nationalité à leurs enfants. Trois Libanais de moins, mais aussi des centaines de milliers d’autres : il est urgent de faire pression au Liban pour remédier à cette terrible lacune.

Le stand du Liban à São Paulo
Toutefois, de multiples initiatives nous redonnent espoir. L’une d’elles vient du ministère libanais du Tourisme, conjointement avec les consulats du Liban à São Paulo et à Rio de Janeiro, et la Chambre de commerce libano-brésilienne. Les efforts n’ont pas été ménagés depuis deux mois pour que le Liban soit présent au premier grand Salon latino-américain sur le tourisme, WTM, qui s’est tenu la semaine dernière à São Paulo, capitale des Libanais d’outre-mer. L’occasion de renouer les contacts, entrepris il y a quatre mois lors du grand voyage organisé par le ministre Fadi Abboud et son équipe, qui n’ont pu se rendre cette fois-ci au Brésil pour cause de transition gouvernementale (voir notre édition du 3 décembre 2012).
C’est ainsi qu’une délégation de 15 personnes, représentant diverses sociétés et associations, a reçu un très bel accueil de la part du consul du Liban à São Paulo, Kabalan Frangieh, soucieux de la réussite de l’événement et omniprésent durant les trois jours de l’exposition. Le stand du Liban a connu une affluence notable, vu l’intérêt que portent à notre pays de nombreuses personnes de toutes nationalités. Plusieurs Brésiliens d’ascendance libanaise se sont entretenus avec les exposants, comme la journaliste Wilma Ary, originaire de Zahlé, travaillant à l’UNIP, et dont le souhait est de former au sein de cette université un noyau de jeunes, qui établirait une relation permanente avec le Liban.
Cette présence libanaise a donné lieu à des rencontres professionnelles multiples au niveau des grandes agences de voyage, brésiliennes notamment, mais également avec les représentants duQatar, des Émirats arabes unis, de la Turquie et de pays européens, ayant des liaisons directes aussi bien avec le Brésil qu’avec le Liban, dans l’attente de la programmation – pas avant un an – d’un vol direct entre São Paulo et Beyrouth. Quelques rencontres familiales ont ponctué ce séjour, au cours duquel un grand dîner a été offert par le cardiologue Hussein Yaktine, en compagnie du consul Frangieh et de Guilherme Mattar, attaché à la mairie de São Paulo et représentant la Chambre de commerce libano-brésilienne.

Le forum libano-brésilien à Rio de Janeiro
Des efforts intenses ont été également fournis par le consul du Liban à Rio de Janeiro, Ziad Itani, et son conseiller Marc Moussallem, en vue de la réussite du premier forum libano-brésilien sur le tourisme. La délégation libanaise s’est ainsi rendue le 26 avril dans cette grande ville, dont notre collaboratrice carioca Renata Vieira, professeur de portugais au Centre Brasil-Liban à Beyrouth, connaît tous les recoins. Le forum, auquel ont participé de grandes agences de tourisme locales, a succédé aux festivités en l’honneur de saint Georges, le 23 avril étant un jour férié dans l’État de Rio.
Les autorités brésiliennes comptent beaucoup sur la communauté libanaise du Brésil et sur le Liban lui-même pour développer aussi bien les relations touristiques qu’économiques entre les deux pays. La plupart des familles libanaises possédant des parents au Brésil, les grands événements religieux et sportifs prévus à partir de cet été seront l’occasion de leur rendre visite et de les inviter en retour à connaître le pays de leurs grands-parents, auquel ils restent très attachés.
Au moment où le plus grand pays d’Amérique latine s’apprête à recevoir le patriarche maronite Béchara Raï, en tournée depuis deux semaines dans cette région du monde, les initiatives visant à raviver les liens touristiques et culturels entre le Liban et le Brésil vont bon train. C’est ainsi qu’une petite délégation du secteur touristique privé a effectué le déplacement afin...