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À La Une - Liban - Traque

Blanchiment d’argent : Washington accuse deux sociétés de change libanaises

Trafic de drogue, blanchiment d’argent, financement d’organisations criminelles... Les accusations que le Trésor américain porte sur deux sociétés de change libanaises sont accablantes.

Le Hezbollah affirme que les accusations américaines ne visent qu’à « salir » son image.

La nouvelle ne sera certainement pas bien accueillie au Liban, qui tente tant bien que mal de redorer son image pour attirer les touristes, mais aussi les investisseurs étrangers qui ont déserté le pays depuis des mois. Elle le sera encore moins par le secteur bancaire et financier dont les hauts responsables n’ont de cesse de répéter qu’il n’y a aucune raison de parler de blanchiment d’argent au Liban.


Les États-Unis ont annoncé hier qu’ils étendaient leur traque visant un réseau international de trafic de drogue, qu’ils affirment lié au Hezbollah, et dont les ramifications s’étendraient jusque sur leur sol.


Le département du Trésor affirme dans un communiqué être arrivé à la conclusion, après une enquête menée de concert avec l’Agence fédérale antidrogue américaine (DEA), que deux sociétés de transfert d’argent libanaises liées à ce réseau représentent « un risque majeur en matière de blanchiment des capitaux ». Il s’agit de Kassem Rmeiti & Co. for Exchange et Halawi Exchange. Cette désignation imposera à terme aux établissements financiers américains de se prémunir contre ces entreprises afin de les empêcher d’utiliser le système financier des États-Unis. C’est la première fois qu’une institution financière non bancaire est soumise à l’article 311 du USA Patriot Act sur le blanchiment d’argent. Selon le gouvernement américain, le réseau de trafiquants de drogue en question est dirigé par un certain Ayman Saïd Jomaa, détenteur d’un passeport libanais et de papiers d’identité colombiens.

 

Le Trésor avait déjà affirmé en juin 2012 que ce groupe blanchissait les recettes de son trafic au bénéfice du Hezbollah, mouvement qui figure sur la liste noire des « organisations terroristes étrangères » du département d’État américain. En décembre dernier, les autorités américaines avaient annoncé avoir porté plainte au civil contre des établissements financiers libanais accusés d’avoir aidé au blanchiment de 483 millions de dollars pour le compte du Hezbollah, via les États-Unis et l’Afrique, en lien avec des opérations de trafic de drogue.


Cette plainte visait notamment la Lebanese Canadian Bank et deux établissements financiers basés au Liban, la compagnie de change Hassan Ayache et Ellissa Holding. Pour sa part, le Hezbollah avait réfuté ces accusations, affirmant qu’elles ne visaient qu’à « salir » son image.


Selon Washington, le réseau Jomaa a eu recours aux deux sociétés de transfert d’argent incriminées, Kassem Rmeiti & Co. for Exchange et Halawi Exchange, pour tenter de contourner les mesures prises par les États-Unis pour tarir son financement.

Activités diversifiées et ramifications internationales
Selon le Trésor US, le réseau utilise un commerce légal d’exportation de voitures américaines d’occasion vendues en Afrique pour blanchir les recettes d’un trafic de drogue colombienne à destination de l’Europe et transitant par le continent africain. Les bénéfices seraient ensuite dispersés par les sociétés de transfert libanaises aux États-Unis, via d’autres pays comme la Chine ou les Émirats arabes unis, pour alimenter les achats de voitures, et une partie serait déviée au profit du Hezbollah.


Le Trésor accuse par exemple Kassem Rmeiti & Co. for Exchange d’avoir fourni, entre 2008 et mars 2011, au moins 25 millions de dollars à des trafiquants de drogue en lien avec le groupe Jomaa. Entre mars 2011 et octobre 2012 1,7 million de dollars auraient également servi à financer des organisations libanaises et béninoises de trafic de drogue. « Ils diversifient continuellement leurs activités et leurs associés pour compliquer nos recherches », a déploré le Trésor américain.


« Il a également été prouvé que Halawi Exchange était utilisé par une compagnie basée au Bénin pour financer aux États-Unis les activités de blanchiment d’argent d’une société importatrice de voitures », a révélé le Trésor.


« Nous sommes déterminés à dévoiler et perturber les organisations internationales de blanchiment d’argent au fonctionnement perfectionné qui acheminent les recettes du trafic de drogue pour le compte d’entreprises criminelles, et notamment celui du groupe terroriste Hezbollah », a assuré le Trésor américain. « Pour cela, nous comptons sur le soutien de la Banque du Liban ainsi que toutes les autres autorités libanaises concernées », a-t-il ajouté.

 

 

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