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Merah, un parcours instable...

Trois ans avant ses meurtres, Merah annonçait à son frère son intention de se venger

Des proches de Mohammad Merah l’ont enterré le 29 mars 2012 au cimetière de Cornebarrieu. Éric Cabanis/AFP

« À ma sortie de prison, je saurai précisément ce qu’il me restera à faire », écrivait Mohammad Merah en 2009, trois ans avant ses meurtres, à son frère. Ces lettres de prison, trouvées par les enquêteurs au domicile d’Abdelkader, frère de Mohammad Merah, révèlent qu’à cette époque le tueur est lié à des responsables salafistes, dont ceux de la filière Artigat qui recrutait des candidats jihadistes vers l’Irak.
Son frère Abdelkader, incarcéré et seul inculpé dans l’affaire, a toujours soutenu s’être brouillé de longue date avec Mohammad et avoir seulement renoué avec lui une semaine avant sa mort. Et selon lui, Mohammad s’était converti seul à l’islam en prison. Les lettres de celui qui signe « ton petit frère » témoignent au contraire d’une intimité ancienne avec Abdelkader qui va le voir à la prison de Toulouse, gérant même les cartes de permis de visite.
C’est aussi à lui que Mohammad s’adresse pour faire la demande de passeport qui lui permettra d’aller en Afghanistan et au Pakistan, et pour lui faire parvenir 51 CD et des livres sur la religion ainsi que des photos de La Mecque.
Dans une lettre du 3 février 2009, Mohammad Merah fait les louanges d’Allah « maître de l’univers » et écrit que sa foi sort renforcée de ce séjour en prison. Surtout, il « souhaite plus que tout qu’Allah le venge des kouffars (mécréants) » et prévient qu’à sa sortie « il saura très précisément ce qu’il lui restera à faire ».
Sa lettre « révèle le processus de radicalisation de Mohammad Merah en prison » et « le profond sentiment d’injustice de l’intéressé suite à sa condamnation à 37 mois ferme pour défaut de permis de conduire et vol de sac à main », note un enquêteur. M. Merah reproche aussi à ses « frères en Allah » de ne pas soutenir dans son épreuve « leur frère en galère ».
Dans un autre courrier, du 8 avril, il s’inquiète du sort d’un de ses « frères » religieux. « Il pourrait s’agir du Toulousain Fabien Clain, alias Omar », note l’enquêteur. En juillet 2009, ce dernier est condamné à Paris, avec sept membres du groupe d’Artigat. Également arrêté, Abdelkader Merah avait, lui, été relâché.
Selon Abdelghani Merah, l’aîné de la fratrie en rupture familiale, c’est Abdelkader, devenu salafiste après un séjour en Égypte, en 2006, qui est à l’origine de l’islamisation de Mohammad en prison. « Dès sa sortie de prison, j’ai vu qu’il avait arrêté la délinquance et qu’il était passé à la doctrine salafiste. Mon frère est pour quelque chose dans cela », a déclaré Abdelghani aux enquêteurs.
Il accuse également Olivier Corel, chef de file de la filière Artigat, d’avoir été « au courant de tous les faits et gestes de Mohammad » et d’avoir « été au courant des intentions » de ce dernier. Selon lui, c’est d’ailleurs Olivier Corel qui a marié Mohammad selon le rite salafiste. Les liens de Merah avec Fabien Clain sont confirmés par le secrétaire général de SNP-FO. En septembre 2009, alors que Merah vient de sortir de réclusion, les services de la prison avaient intercepté une lettre de ce dernier à Mohammad Merah, raconte Jimmy Delliste dans un documentaire qui a été diffusé mercredi sur France 3. La lettre avait été remise selon lui au contre-espionnage, mis à l’index depuis le début de l’enquête pour ses défaillances. À la suite de plaintes d’une famille de victimes contre le contre-espionnage, le parquet de Paris a ouvert une enquête.
(Source : AFP)
« À ma sortie de prison, je saurai précisément ce qu’il me restera à faire », écrivait Mohammad Merah en 2009, trois ans avant ses meurtres, à son frère. Ces lettres de prison, trouvées par les enquêteurs au domicile d’Abdelkader, frère de Mohammad Merah, révèlent qu’à cette époque le tueur est lié à des responsables salafistes, dont ceux de la filière Artigat qui...