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Merah, un parcours instable... - Témoignage

Les voisins tentent d’exorciser dans un livre leur sentiment d’« abandon »

Chacun à sa manière relate l’événement et « l’angoisse qui subsiste » dans « État de siège » à Toulouse.

Le « collectif 11 regards » a volontairement choisi un petit éditeur du Sud-Est, « Strapontins », pour « se livrer » dans ce recueil de 240 pages. Rémy Gabalda/AFP

Onze voisins de Mohammad Merah, qui ont vécu le siège au terme duquel le Raid a abattu le jeune homme, éprouvent, depuis, un sentiment « d’abandon » qu’ils tentent d’exorciser dans un livre qui sort le 15 mars.
Chacun à sa manière relate l’événement et « l’angoisse qui subsiste » dans ce recueil de témoignages, intitulé État de siège à Toulouse, explique Alejandro Vargas, un an après la série de meurtres perpétrés par Merah et le siège qui a duré 32 heures. « Il a fallu huit heures pour qu’on nous évacue », déplore encore M. Vargas et son épouse Viviana, dont l’appartement était séparé de celui de Merah par une simple cloison mitoyenne. « Nous sommes restés enfermés sans consigne, après avoir été réveillés par une rafale de tirs à 3 heures du matin : nous avons compris que ce n’était pas une affaire de dealer, quand nous avons entendu le voisin, que nous ne connaissions pas, se réclamer d’el-Qaëda », se souvient cet homme de 47 ans d’origine chilienne, patron d’une menuiserie familiale.
Il se rappelle avoir compris alors que leur voisin était le tueur de trois militaires, le 11 et le 15 mars à Toulouse et Montauban, puis de trois enfants et d’un enseignant juifs, le 19 à Toulouse. Puis « l’angoisse n’a fait que monter », au fil des « 25 appels téléphoniques de médias » en quête d’informations. Finalement évacués par une échelle vers 11 heures, soit 24 heures avant la mort du tueur au scooter, les voisins ont eu le soulagement « d’être sauvés », mais rapidement le « sentiment d’abandon » l’a emporté et « dure encore », selon M. et Mme Vargas.

L’indifférence des officiels
« On a tout de suite réquisitionné mon appartement, mais on n’a pas réquisitionné de psychologues pour nous », souligne le chef d’entreprise. Les onze habitants du « 17, rue Sergent Vigné » ont ensuite vécu douloureusement « l’indifférence des officiels » et le voyeurisme des badauds. Constitués en « Comité 17 », ils racontaient en août le parcours du combattant pour obtenir le remboursement des travaux de colmatage des impacts de balles dans les murs, les portes ou les voitures.
L’État s’est défendu de toute passivité et les assureurs ont indiqué qu’ils feraient l’avance, mais un an après, Alejandro Vargas n’en a pas fini : « L’assurance a payé pour les peintures mais avant il faut combler la fissure dans le mur porteur et là on continue à se renvoyer la balle », déclare-t-il. Le comité s’est dissous à la fin novembre : « Cela ne servait à rien les réunions avec le préfet et la mairie, on nous a clairement dit qu’on devait être contents d’être en vie et qu’il y avait des cas sociaux plus difficiles que les nôtres », se souvient M. Vargas. « On n’était pas des victimes », résume son épouse, expliquant : « On est devenus des amis, c’est pour cela que nous ne sommes pas encore partis. » « Avec les voisines, Florence, Nathalie, on a fait des ateliers d’écriture et puis l’idée du livre est venue », confie-t-elle : « Cela nous a fait du bien. »
Pour son mari, État de siège est « un témoignage pour dire : Ne faites plus les mêmes bêtises ! » « un moyen de sortir ce qu’on avait à l’intérieur », mais en aucun cas une façon de monnayer le drame vécu.
Le « collectif 11 regards » a volontairement choisi un petit éditeur du Sud-Est, « Strapontins », pour « se livrer » dans ce recueil de 240 pages.
(Source : AFP)
Onze voisins de Mohammad Merah, qui ont vécu le siège au terme duquel le Raid a abattu le jeune homme, éprouvent, depuis, un sentiment « d’abandon » qu’ils tentent d’exorciser dans un livre qui sort le 15 mars.Chacun à sa manière relate l’événement et « l’angoisse qui subsiste » dans ce recueil de témoignages, intitulé État de siège à Toulouse, explique Alejandro...