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À La Une - Patrimoine

Ressusciter la magnanerie de Sedd el-Bouchrié et... le plaisir qui va avec

Il y a des lieux qui ne peuvent pas, ne doivent pas mourir. Voilà pourquoi la restauration de la magnanerie de Sedd el-Bouchrié débutera dans quelques jours.

Le bâtiment résidentiel et ses galeries à arcades seront transformés en un lieu qui accueillera de grands événements.

Les Beyrouthins étaient tombés littéralement sous le charme de la magnanerie de Sedd el-Bouchrié, où de grosses fêtes ont été organisées au cours des deux dernières années. Alors, et l’initiative est louable, les propriétaires, Joseph et Michèle Ghanem, ont décidé de lui donner une nouvelle jeunesse et une nouvelle fonction: la muer en un lieu confortable et convivial qui accueillera de grands événements. La rénovation a été confiée au bureau 4b architects – Saïd J. Bitar, pour un investissement d’un million de dollars.


Fièrement dressé au sein d’une zone densément bétonnée, posé sur un terrain de 5100 m², ce précieux patrimoine architectural datant du milieu des années 1800 est composé à l’origine de cinq bâtiments, dont l’un n’est plus qu’une ruine, à cause des bombardements de 1976. Mais les quatre autres peuvent somptueusement ressusciter: il y a le bâtiment résidentiel disposant de deux étages dotés de galeries à arcades; le local de 50 mètres de long, 9 m de large et 7,80 m de haut, consacré à la sériciculture, et les deux autres petites bâtisses qui ont dû servir d’annexes. Longtemps délaissé et soumis aux aléas du temps, l’ensemble sévèrement délabré représente une surface bâtie de 1205 m².


Coiffées de tuiles rouges, ces quatre constructions en bonne vieille pierre, toujours érigées comme au premier jour, vont s’offrir un véritable lifting. Il ne s’agit pas d’une simple opération cache-misère ou de dépoussiérage, mais d’une rénovation majeure qui vise à «consolider toutes les structures en utilisant des matériaux antisismiques», indique l’architecte responsable Raya Bitar.

 

A droite, la magnanerie où se pratiquait l'élevage du ver à soie déploie 50 mètres de long et 9 de large.


Réutilisation
Au rez-de-chaussée de la vieille demeure, les murs très endommagés enfileront des «chemises en béton pour porter solidement le premier étage», signale-t-elle. Quant à la pierre, là où son aspect naturel et originel est en bon état, elle restera apparente; et là où les parements sont abîmés, elle sera enduite à l’ancienne. »


Le projet préservera au maximum le patrimoine existant. Les poutres des plafonds, les tommettes, les tuiles, le fer forgé, etc., tous les éléments décoratifs seront conservés dans les moindres détails. «Pour déterminer l’état de la charpente, il faudra décoller les tommettes sans les casser, pour pouvoir les réutiliser. Mais, grosso modo, les 2/3 du carrelage en terre cuite sont détériorés. Ce qui pourra être gardé servira à daller les petites pièces et, pour le reste, nous allons récupérer des matériaux d’origine sur les chantiers de démolition. L’important est de ressusciter l’atmosphère de l’époque», dit encore Raya Bitar.
Idem pour les tuiles cassées. Les anciennes étant plus petites que celles vendues sur le marché actuel, l’architecte va s’adresser à un récupérateur de matériaux pour compléter la toiture endommagée. Et on paie souvent ces tuiles (à l’espérance de vie réduite) plus cher que des tuiles neuves !
La vie est injuste, mais c’est ainsi... En résumé, aucune modification ne sera apportée aux bâtiments, l’intervention de l’architecte se veut très discrète. Le respect et la mise en valeur de ces témoins du passé sont l’élément-clé du projet. Toutefois, pour assurer un minimum de confort, les bâtiments seront dotés d’un système de chauffage et d’une plomberie moderne.

 

 

Une des dépendances toujours debout, comme au premier jour.


Espace vert
Enfin, pour exprimer avec force le contraste entre la rénovation de ces bâtiments hypermnésiques et la ruine qui sera restaurée dans un deuxième temps, et pour valoriser le cadre bâti et affirmer son identité, les poutres et la pierre, ainsi que les décombres seront mis en lumière, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.
La magnanerie, c’est-à-dire le local où se pratiquait autrefois l’élevage du ver à soie (50 mètres de long par 9 m de large), permettra l’organisation d’expositions et de concerts. Le bâtiment résidentiel abritera les grandes ou petites réceptions. Quant aux dépendances, elles seront aménagées en bar ou loges pour artistes. Et ce n’est pas tout: le domaine déploie un espace vert sur 4 172 m², qui sera valorisé dès que le printemps reviendra. Deux des quatre bâtiments seront fin prêts avant l’été. Et l’héritage préservé sera transmis aux générations futures. C’est exactement cela, le patrimoine.

 

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