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Économie - Liban - Social

Grille des salaires : cafouillage au sein de la commission ministérielle

Cinq ministres sur sept de la commission ministérielle chargée de plancher sur les sources de financement de la grille des salaires se sont opposés hier au plan proposé par Mohammad Safadi. La grève ouverte, elle, se poursuit.

Malgré la réunion de la commission ministérielle, le Comité de coordination syndicale a fait savoir que la grève ouverte se poursuivait aujourd’hui. Photo Hassan Assal

Coup de théâtre au dixième jour consécutif de la grève ouverte lancée par le Comité de coordination syndicale (CCS) pour réclamer le transfert de la grille des salaires au Parlement. Le gouvernement qui était resté inflexible jusqu’alors laisse paraître ses premières divisions. Au terme de la réunion hier au Grand Sérail de la commission ministérielle en charge de l’étude du dossier, cinq ministres sur sept ont fait part de leur refus du nouveau plan de financement de la grille présenté par le ministre des Finances, Mohammad Safadi. Ce dernier s’était réuni la veille avec le Premier ministre, Nagib Mikati, qui avait approuvé son plan.


Contacté par L’Orient-Le Jour, le ministre du Travail, Sélim Jreissati, a fait part de la surprise de l’ensemble de la commission quand M. Safadi a présenté son nouveau plan de la grille, divisé sur cinq ans. « Nous nous attendions à de nouvelles propositions de financement, mais nous avons eu l’impression que M. Safadi nous présentait en réalité une nouvelle version de la grille elle-même », a-t-il indiqué. « Ce n’est pas un échelonnement qui a été proposé, mais une division de la grille qu’on ne peut accepter », a ajouté M. Jreissati.


Excédé par le refus auquel il s’est heurté de la part des ministres de l’Économie et du Commerce, Nicolas Nahas, du Tourisme, Fadi Abboud, et d’État, Panos Manjian, Marwan Kheireddine et Mohammad Fneich, M. Safadi a quitté le Sérail avant la fin de la réunion.


« Nous ne pouvons pas nous permettre de proposer un projet qui va mettre en péril l’avenir économique et financier du pays », a déclaré en fin de soirée M. Safadi dans une entrevue accordée à la chaîne de télévision al-Jadeed. « Cette division sur cinq ans est une façon de réduire l’impact de la grille sur l’inflation, le Trésor public et le secteur privé », a-t-il ajouté. Le ministre des Finances a par ailleurs appelé le Comité de coordination syndicale (CCS) à « revenir à la table des négociations et à ne pas s’entêter dans des démonstrations de force dans la rue, qui ne font pas avancer le débat ». « Notre rôle n’est pas de s’opposer systématiquement aux revendications des salariés, mais nous ne pouvons pas non plus tomber dans les discours démagogiques et prétendre que le pays ne connaît pas la crise », a-t-il conclu en s’adressant au CCS.


M. Jreissati a par ailleurs expliqué à L’OLJ que MM. Safadi et Kheireddine allaient « plancher sur d’autres propositions pour le financement de la grille des salaires telle qu’elle avait été approuvée en Conseil des ministres, avec des simulations concrètes sur l’impact qu’elles auront sur tous les secteurs économiques du pays ».

Syndicats et organismes économiques accentuent la pression
Au terme de cette réunion ministérielle, le CCS a rapidement fait savoir qu’il ne changerait rien à son mouvement de protestation. « La grève ouverte et l’escalade continuent, et nous restons plus unis que jamais », a souligné leur communiqué, ajoutant, que « nous n’accepterons aucun changement ou échelonnement de la grille ». « Cette grille va coûter au pays beaucoup moins que la corruption et les vols auxquels se livrent les organismes économiques et l’État », pouvait-on par ailleurs lire sur les pancartes des manifestants hier.


Les organismes économiques eux aussi poursuivent, infatigables, leur croisade pour essayer d’éviter l’adoption de la grille. Leur président, Adnane Kassar, a rencontré hier le ministre du Tourisme, Fadi Abboud. « À la lumière des résultats désastreux de l’économie libanaise, il serait criminel de se lancer dans un projet qui met en péril les piliers économiques, financiers et monétaires du pays. » Il a appelé à résoudre ce dossier « en toute rationalité et avec une vision sur le long terme ».


Des propos maintes fois répétés et réitérés de la part de toutes les parties, qui résonnent dans le vide depuis des mois.

 

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