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À La Une - Révolte

Paris et Washington examinent une accélération de la transition en Syrie

La Maison-Blanche annonce vouloir accroître l’aide à l’opposition et au peuple syriens.

Le quartier de Hawika à Deir ez-Zor est bombardé depuis plusieurs jours par les forces du régime. Zac Baillie/AFP

Les États-Unis et la France examinent « les moyens d’accélérer la transition politique » en Syrie, a déclaré hier le chef de la diplomatie américaine John Kerry, après des entretiens avec le président François Hollande et son homologue français Laurent Fabius. Cela sera discuté aujourd’hui à Rome, lors d’une réunion internationale des Amis du peuple syrien à laquelle participera l’opposition syrienne, a-t-il précisé lors d’une conférence de presse. M. Kerry a en outre affirmé que les participants ne viendront « pas à Rome simplement pour parler », mais « pour prendre une décision sur les prochaines étapes ».


De son côté, la Russie avait pressé cette semaine l’opposition et le régime d’entamer un dialogue pour mettre fin à une guerre qui a tué, selon l’ONU, plus de 70 000 personnes en près de deux ans, et M. Lavrov a dit « compter » sur l’opposition « pour se déclarer aussi en faveur du dialogue » aujourd’hui à Rome. Cette semaine, Damas s’est dit prêt, pour la première fois, à discuter avec les rebelles armés, mais l’opposition politique maintient que tout dialogue doit nécessairement aboutir au départ du président Bachar el-Assad.
Afin de dénoncer le « silence international sur les crimes » du régime de M. Assad, la Coalition de l’opposition syrienne avait d’abord annoncé son boycottage de la réunion de Rome avant de revenir sur sa décision après des promesses internationales d’« aides spécifiques » au peuple syrien.


La Maison-Blanche a confirmé ces propos hier. « Nous réexaminons en permanence la nature de l’aide que nous fournissons à la fois au peuple syrien, sous la forme d’une aide humanitaire, et à l’opposition syrienne sous la forme d’une aide non létale », a dit Jay Carney, porte-parole du président Barack Obama. « Nous allons continuer à fournir une aide au peuple syrien, à l’opposition syrienne, nous allons continuer à accroître notre aide dans le cadre des efforts pour permettre l’avènement d’une Syrie post-Assad », a-t-il ajouté. Un dirigeant de l’opposition syrienne Riad Seïf a déclaré pour sa part que les rebelles allaient demander à la communauté internationale « un soutien politique et humanitaire » ainsi qu’« un appui militaire qualitatif ».


Plus spécifiquement, les États-Unis pourraient fournir une aide directe « non meurtrière » aux rebelles, comme des gilets pare-balles, des véhicules blindés et même un entraînement militaire, avait précédemment affirmé hier le Washington Post, alors qu’un sénateur républicain faisait hier une demande en ce sens à Washington. Citant des responsables américains et européens, le journal rapporte aussi que Washington pourrait envoyer de l’aide humanitaire directement à la Coalition de l’opposition syrienne. Le quotidien souligne que l’administration Obama se refuse toujours à fournir directement des armes aux insurgés, précisant que John Kerry discute cette semaine avec les alliés de Washington de ces nouvelles « propositions » dans des réunions en Europe et au Moyen-Orient, à l’occasion de sa première tournée à l’étranger depuis sa prise de fonctions. Selon l’ONU, le conflit a déjà fait 70 000 morts depuis mars 2011, et la Coalition de l’opposition appelle régulièrement la communauté internationale à s’impliquer davantage dans la résolution de ce conflit. L’Arabie saoudite aurait d’ailleurs levé plus de 22 millions de dollars en aide aux réfugiés syriens présents dans les pays voisins.

Passeports renouvelés
À Damas même, les autorités ont décidé de renouveler les passeports des Syriens installés à l’étranger, ce qui apparaît comme une concession envers l’opposition, puisque beaucoup de ces expatriés sont des opposants, et que cette mesure figurait parmi les conditions posées par le chef de l’opposition Ahmad Moaz el-Khatib pour entamer un dialogue avec Damas. En attendant, l’opposition doit élire ce week-end à Istanbul le chef du premier gouvernement pour administrer les larges territoires qui échappent au contrôle du régime dans le nord et l’est du pays. Plusieurs noms circulent : Burhan Ghalioun, opposant de longue date et ex-chef du Conseil national syrien (CNS), noyau dur de la Coalition, l’économiste Oussama Kadi ou encore l’ex-Premier ministre Riad Hijab, qui avait fait défection à l’été 2012.
Par ailleurs, le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki a affirmé hier qu’une éventuelle victoire en Syrie de l’opposition conduirait inévitablement à la guerre civile dans le pays, ainsi qu’au Liban, en conséquent de l’arrivée au pouvoir des salafistes.

 

(Lire aussi : Nasrallah dément toute participation des miliciens de sa formation aux attaques contre les rebelles en Syrie)

Autour de Damas
Sur le terrain, plusieurs villes de la région de Damas étaient secouées hier par de nouveaux affrontements entre les forces loyalistes et les combattants rebelles qui tentent depuis des semaines de prendre la capitale, selon une ONG syrienne. Les accrochages sont accompagnés de bombardements à Daraya, fief rebelle au sud de Damas que l’armée cherche à reprendre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Des renforts de transports de troupes ont été dépêchés. Zamalka et Zabadani, respectivement au nord-est et au nord-ouest de la capitale, étaient également le théâtre d’affrontements tandis que l’armée bombardait la localité d’Irbine, au nord. Depuis des mois, l’armée bombarde violemment les banlieues de Damas qui constituent la base arrière de la rébellion, en vue de repousser les insurgés qui s’approchent de la capitale.


« Nouvelle tentative de briser la sécurité de la capitale, des centaines de terroristes tués », titrait hier le quotidien el-Watan, proche du pouvoir. Le journal affirme que la capitale a été lundi soir le théâtre d’une tentative d’incursion des insurgés. « L’entrée nord-est de Damas à la périphérie du quartier de Qaboune a été l’objet avant-hier soir d’une nouvelle tentative de razzia sur la capitale (...) mais celle-ci s’est soldée par la mort de plus de 100 agresseurs qui se sont ainsi livrés à un suicide collectif », écrivait ainsi le journal.
Par ailleurs, dans la province d’Alep, six combattants rebelles ont péri dans des combats dans le périmètre de l’Académie de police dans la localité de Khan el-Aassal, selon l’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales.

 

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