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À La Une - Liban

Nasrallah hausse le ton face aux accusations sunnites contre le Hezbollah

« Certains cherchent à pousser rapidement le Liban vers les combats sectaires et confessionnels », estime le secrétaire général du Hezbollah.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah

Dans une intervention télévisée destinée à faire taire des rumeurs qui ont circulé ces derniers jours concernant une détérioration subite de son état de santé et un éventuel transfert à Téhéran pour subir des soins, le secrétaire général du Hezbollah a démenti hier toute participation des miliciens de sa formation paramilitaire aux attaques contre les rebelles en Syrie. Il a estimé, à l’inverse, que ce sont les insurgés qui s’en prennent aux Libanais chiites résidant dans des villages syriens.
« Dans cette région, les résidents libanais qui sont en majorité des chiites et dont certains sont membres du Hezbollah (...) n’ont à aucun moment contrôlé des villages sunnites », a affirmé le chef du Hezbollah dans son discours retransmis par la chaîne du Hezbollah, al-Manar.


Le 20 février, la principale composante de la rébellion syrienne avait menacé de bombarder le Hezbollah au Liban, l’accusant de tirer sur des localités rebelles dans la région syrienne frontalière de Qousseir.

 

(Lire aussi : Ban appelle les Libanais à rester neutres dans le conflit syrien)

 


« Ce qui s’est passé, c’est le contraire. L’opposition armée a pris le contrôle ces derniers mois de villages habités par des Libanais chiites, les en ont chassés et ont brûlé certaines de leurs maisons », a-t-il poursuivi.
Il a précisé que les personnes « chassées » se sont réfugiées dans la région du Hermel, tandis que le reste des habitants « ont pris les armes pour se défendre et protéger leurs propriétés, ce qui est leur droit ».
« Ce qui s’est passé au cours des derniers jours (...), c’est une large campagne militaire de la part de centaines d’hommes armés pour chasser les résidents de ces villages », a poursuivi le chef du Hezbollah, appelant à la « réconciliation » entre les habitants de cette région.

 

(Lire aussi : L’ONU craint que le Liban soit entraîné dans la guerre civile syrienne )

« Le complot... »
Hassan Nasrallah a mis sur le compte de l’ambassadrice des États-Unis, Maura Connelly, le fait d’avoir placé ces combats dans le cadre d’un complot visant à faire la jonction, sur le plan géostratégique, entre l’État alaouite et l’hinterland chiite dans le but de procéder à une partition. « Qu’ils nous donnent des preuves concrètes. Ces affaires de complots sont mensongères et les données sur le terrain prouvent le contraire », a-t-il dit.


« Certains cherchent à pousser rapidement le Liban vers les combats sectaires et confessionnels, notamment sunnito-chiites (...). Nous savons qu’une discorde confessionnelle ne serait dans l’intérêt de personne. Certains sages devraient assumer leurs responsabilités », a-t-il dit, accusant certains députés et cheikhs sunnites de « prendre une tournure provocatrice très dangereuse sans que personne ne leur demande de comptes ». « Ils accusent le Hezbollah à tort et à travers, comme par exemple lors de l’assassinat de cheikh Abdelwahed » dans le Akkar, l’an dernier. « Qu’avons-nous à faire dans cette histoire ? » s’est-il défendu. « N’y a-t-il plus de sages ? N’y a-t-il plus d’État pour qu’il assume ses responsabilités ? Est-il demandé que nous allions vers la guerre ? Que personne ne commette des erreurs et de faux calculs avec nous, a-t-il averti à deux reprises. Nous ne voulons entrer dans les appartements ou dans les mosquées de personne. Nous avons suffisamment à faire avec l’ennemi sioniste », a poursuivi Hassan Nasrallah, en allusion aux accusations lancées ces derniers jours par cheikh Ahmad el-Assir contre le Hezbollah.

 

(Pour mémoire : Assir accuse le Hezbollah de l’espionner à Saïda)


« Nous devons déployer tous les efforts possibles pour préserver le pays. Nous avions un périmètre de sécurité et nous l’avons ouvert à l’État », a-t-il dit.
« L’on nous a accusés de paralyser le procès des détenus islamistes. Nous appelons à ce que justice soit faite. Jusqu’où voulez-vous nous entraîner avec cette accusation. Personne n’a enquêté encore sur l’assassinat de Wissam el-Hassan, mais, dès les premiers moments qui ont suivi l’attentat, ces députés et ces cheikhs ont accusé le Hezbollah. De même dans l’affaire de Tell Kallakh, le Hezbollah a été accusé d’avoir infiltré le groupe et de les avoir conduits à leur perte. Dans l’affaire de Ersal, pareil, le Hezbollah a tout de suite été accusé et, lorsqu’ils n’ont pas eu de preuves, ils ont accusé l’armée d’œuvrer pour le compte du Hezbollah. Où sont les preuves ? Il y a un jugement dernier. Ne craignez-vous donc pas Dieu ? » a-t-il lancé.

La circonscription unique
Le leader du Hezbollah a par ailleurs fait la promotion de la circonscription unique, estimant qu’il s’agit là d’une loi juste qui réalise l’intégration nationale, empêche le radicalisme et garantit la saine représentation. Il a appelé à discuter objectivement la question de la proportionnelle, estimant que « nous sommes aux portes de réaliser un rêve national ». « L’adoption de la circonscription unique garantit l’égalité : chaque Libanais, musulman ou chrétien, peut voter pour 128 députés et permet ainsi l’ouverture des régions les unes sur les autres. Le député devient celui de la nation toute entière », a-t-il noté. « Toutes les protestations à l’encontre du projet orthodoxe sont dépassées avec la proportionnelle. L’alternative humaniste et nationale est la proportionnelle. Au camp opposé, je dis : “Puisque vous dites que vous êtes la majorité, appliquez la proportionnelle, remportez la majorité des sièges et gouvernez !” », a-t-il noté.


« Il est beaucoup question de report des élections. Certaines forces étrangères souhaitent cela. Ceux qui accusent le Hezbollah de vouloir un report de l’échéance électorale sont des calomniateurs. Il est dans notre intérêt que les élections aient lieu sur base d’une nouvelle loi électorale. Ceux qui sont minés de l’intérieur et qui ont des problèmes financiers sont ceux qui ne souhaitent pas que les élections aient lieu. Ceux qui veulent un report doivent avoir le courage de le dire tout haut et sans œuvrer implicitement pour que ce report ait lieu », a poursuivi Hassan Nasrallah.
Il a enfin souhaité un règlement de la question du rééchelonnement des salaires sans que cela ne menace le sort du cabinet, ainsi que la fin du phénomène dangereux des enlèvements.

La réponse de l’ASL
Le leader du Hezbollah s’est attiré en soirée deux réponses de responsables de l’Armée syrienne libre (ASL). Le coordinateur politique et médiatique de l’ASL, Louay Moqdad, a accusé Hassan Nasrallah de « ne pas avoir dit la vérité en prétendant que les combattants de Qousseir étaient des habitants de la région ». « Pourquoi Abou Abbas a-t-il été enterré dans le Hermel, si c’est le cas ? Trois autres tués ont été enterrés à Jouaya, au Liban-Sud. Pourquoi pas à Qousseir, alors ? Il y a des chiites à Fouaa et à Damas, notamment. Pourquoi personne n’a brandi la moindre arme contre eux ? Pourquoi les combats ont-ils lieu à Qousseir et dans les régions proches des zones d’influence du Hezbollah ? » s’est-il interrogé.

 

(Pour mémoire : L'armée syrienne libre menace de porter la guerre au Liban)

 

De son côté, le responsable de l’état-major de l’ALS, le général Sélim Idriss, a accusé le Hezbollah d’envoyer des combattants pour soutenir le régime. « Nous avons des preuves que le Hezbollah a bombardé le territoire syrien à partir du Liban et nous vous montrerons bientôt les prisonniers du Hezbollah que nous avons capturés à Qousseir », a-t-il indiqué.

 

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