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Liban - La situation

La grogne monte et menace d’atteindre des sommets...

C’est du jamais-vu depuis des décennies, depuis les années 70 en tous les cas lorsque les mouvements syndicaux et estudiantins faisaient encore trembler la classe politique.
La marée humaine qui a déferlé hier en direction du Sérail pour hurler sa colère et menacer de paralyser encore plus le pays était, à n’en point douter, l’expression d’un ras-le bol de tout ce qui est politique dans son sens le plus large, le social s’étant substitué en bonne et due forme à toute autre cause. Ce n’est pas à tort que les analystes se sont dépêchés hier de parler d’un dépassement de la polarisation entre 8 et 14 Mars. Unis autour d’une même cause – la cherté de vie et les conditions socio-économiques – les manifestants ont protesté d’une seule et même voix contre les tergiversations du gouvernement à transmettre au Parlement le projet sur l’échelle des salaires, une promesse qui traîne depuis plus d’un an et demi, rappellent les voix syndicales.
C’est le président du Comité de coordination syndicale, Hanna Gharib, qui exprimera le mieux ce mouvement de masse exceptionnel, en le qualifiant de « prémices d’une révolte des affamés ».

 

(Lire aussi : Liban : La colère gronde... L'Etat prend son temps)


Ayant dépassé de loin les attentes en termes de participation et de solidarité – même les magistrats et les employés du ministère de la Justice ont suspendu leur travail pour soutenir les enseignants et les fonctionnaires dans la rue – le mouvement de protestation, qui a rassemblé plus de 30 000 manifestants selon les estimations, risque de s’amplifier dans les jours à venir, si l’Exécutif ne réagit pas.


Aujourd’hui, un autre rassemblement est prévu et la majorité des écoles risquent de chômer encore, d’autant que le front des éducateurs s’est avéré inébranlable, les enseignants de plusieurs grandes écoles privées s’étant abstenus de gagner les classes.
Vraisemblablement désappointés par la classe politique dans son ensemble, les protestataires se sont tournés vers l’arbitre suprême de la nation, le chef de l’État, qu’ils ont exhorté à présider une réunion exceptionnelle du Conseil des ministres, pour trancher ce dossier.
À défaut, menacent-ils, le recours à l’escalade est inévitable. Une escalade qui peut aller de la paralysie des secteurs vitaux de la nation jusqu’au boycott de l’opération électorale – dont l’organisation dépend en grande partie des enseignants traditionnellement chargés de la gestion des bureaux de vote – en passant par le boycott des examens officiels.
C’est pour dire que les protestataires ont plus d’un tour dans leur sac et comptent désormais exploiter leurs atouts, promet le président des syndicats des écoles privées, Nehmé Mahfoud.


Il reste à suivre de près la réunion de la commission ministérielle ad hoc qui devrait de toute évidence être appelée à mettre les bouchées doubles aujourd’hui pour décider des modalités de financement de l’échelle avant de la transmettre au Parlement pour adoption, selon un scénario optimiste. Mais les instances économiques qui persistent dans leur refus de voir l’échelle des salaires adoptée n’ont pas encore dit leur dernier mot à ce sujet.
Sur un autre plan et alors que la rue bouillonnait, la polémique stérile autour de la loi électorale s’est poursuivie, avec de nouvelles propositions en gestation. Qui trop embrasse mal étreint, serions-nous tentés de dire. Sauf que les délais courent à une vitesse inversement proportionnelle aux efforts déployés pour opter pour un texte consensuel.
Si les débats se sont avérés stériles à ce jour, il reste que les délais impartis pour l’organisation de la consultation populaire n’ont pas encore expiré, rappelle le secrétaire général de la LADE, Adnane Melki, qui précise qu’il reste encore 90 jours pour la convocation des collèges électoraux, avant l’expiration du mandat du Parlement actuel, le 20 juin prochain.
Il restera en outre 10 jours tout au plus pour que la commission de supervision des élections soit mise en place. L’adoption de cette commission constituera un test autrement pertinent pour connaître les véritables intentions de l’Exécutif au sujet du scrutin, fera remarquer à juste titre le ministre joumblattiste, Waël Bou Faour, en Conseil des ministres.


Autre défi que devrait également affronter le gouvernement actuel, celui que pose la situation sécuritaire qui menace chaque jour un peu plus la stabilité du pays et la tranquillité du citoyen. C’est ce qui a motivé la réunion du Conseil supérieur de la défense qui, tout en minimisant l’impact des incidents frontaliers et les débordements de la crise syrienne sur le territoire libanais, a trouvé plus utile de hausser le ton au sujet de la série des rapts et des dissensions confessionnelles internes et a pris, a-ton dit de source sécuritaire, des décisions secrètes pour combattre la dégradation ambiante qui touche le pays.

 

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commentaires (2)

La GROGNE GONFLE... le Pays se DÉGONFLE... et la situation S'ENFLE... prête à l'explosion !

SAKR LEBNAN

16 h 15, le 28 février 2013

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Commentaires (2)

  • La GROGNE GONFLE... le Pays se DÉGONFLE... et la situation S'ENFLE... prête à l'explosion !

    SAKR LEBNAN

    16 h 15, le 28 février 2013

  • Au Liban, la colère monte mais très rarement jusqu’au ciel. On s’est habitué depuis des lustres à la résignation, et à courber l’échine. Je suis content, très content même, qu’on parle des revendications des enseignants, pour nous épargner pour un moment hélas, le stérile débat sur le mode de scrutin. Quant aux ‘’décisions secrètes’’ du conseil supérieur, c’est sans aucun doute que les ravisseurs ne sont pas déjà au courant…

    Charles Fayad

    15 h 48, le 28 février 2013

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