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Nos Lecteurs ont la Parole

Avant de vendre la peau de l’ours

Par Éric TAWILÉ
Je voudrais réagir à l’article de L’Orient-Le Jour du 14 février concernant une nouvelle « découverte » de réserves pétrolières au large de nos côtes suite à une étude du Beicip. Je réagis d’ailleurs plus globalement à tous ces articles annonçant des volumes d’hydrocarbures colossaux sous nos pieds, qui n’attendent qu’à venir éponger la dette du pays, relancer l’économie, nous fournir une électricité 24h/24h et, soit dit en passant, remplir les poches de veston de nos chers politiques.
J’ai l’impression en lisant tous ces articles qu’on a déjà vendu la peau de l’ours, sauf que l’ours on ne l’a toujours pas croisé ! Je vous rassure, je ne souhaite pas être pessimiste, le potentiel pétrolier de notre pays est une chance à saisir. Mais étant moi-même ingénieur géologue pour une grande entreprise pétrolière française, je sais que les campagnes géophysiques et les études qui en découlent sont loin d’être une garantie d’existence d’hydrocarbures. Uniquement le forage d’un puits et la production en surface d’hydrocarbures (lors d’un test de production en phase d’exploration) sont une preuve irréfutable de la présence et de la productibilité de ces ressources. Certes les campagnes sismiques offshore 3D sont excellentes en qualité, mais elles ne permettront jamais de conclure à la présence avérée d’hydrocarbures. L’industrie est pleine d’exemples où l’on pensait trouver quelque chose et où l’on finit le bec dans l’eau malgré des dizaines de millions investis.
D’un point de vue technique, il y a un certain nombre d’éléments en faveur, mais aussi en défaveur de la présence d’hydrocarbures au large du Liban. Plutôt optimiste, je souhaiterais voir le premier puits foré au plus vite afin de conclure sur ce potentiel, mais cessons d’annoncer des chiffres mirobolants (ils sont d’ailleurs donnés avec une précision bien trop grande au vu des incertitudes présentes !)
qui restent des plans sur la comète. Car je vous assure que même après avoir foré plusieurs puits dans un gisement de pétrole, on a bien des difficultés à estimer les volumes présents et productibles (c’est mon métier). On peut en fournir une fourchette avec plus ou moins de certitudes, mais cela dépend grandement du type de gisement auquel on a affaire.
Donc avant d’annoncer un âge d’or du pétrole au Liban, commençons – les entreprises qui sont intéressées par ce potentiel, le gouvernement, le milieu académique, etc. – par faire notre travail et aller jusqu’au bout de la démarche d’exploration. À charge au gouvernement d’administrer correctement cette phase et la suivante tout en évitant une surmédiatisation qui pourrait lui être préjudiciable.
Je voudrais réagir à l’article de L’Orient-Le Jour du 14 février concernant une nouvelle « découverte » de réserves pétrolières au large de nos côtes suite à une étude du Beicip. Je réagis d’ailleurs plus globalement à tous ces articles annonçant des volumes d’hydrocarbures colossaux sous nos pieds, qui n’attendent qu’à venir éponger la dette du pays, relancer...

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