Le cheikh salafiste de Saïda Ahmad el-Assir a appelé hier à une amnistie en faveur des détenus islamistes lors d’une manifestation organisée par les familles des détenus place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth.
Des mesures de sécurité draconiennes ont été prises par l’armée sur certaines entrées de la capitale et dans les quartiers jouxtant le centre-ville, ce qui a perturbé le trafic automobile et provoqué des embouteillages monstres.
Dans un premier temps, des informations avaient fait état d’une possible annulation de cette manifestation au lendemain de la décision du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, d’ouvrir une enquête sur les armes en possession du cheikh Assir. Mais le rassemblement a finalement été maintenu et le dignitaire a pu se déplacer à Beyrouth sans être inquiété.
Prenant la parole devant des centaines de manifestants, le cheikh salafiste a appelé à une « intifada de la dignité » afin que les détenus islamistes soient immédiatement remis en liberté. « Nous n’accepterons pas qu’ils soient jugés après six ans de détention sans procès. Qu’on les amnistie ou bien que l’on considère qu’ils ont subi leur peine, faute de quoi le pays serait menacé de malheurs », a lancé cheikh Assir.
« Nous sommes traités comme des membres d’une communauté vaincue », a ajouté le dignitaire intégriste. « Nous voulons vivre en paix avec les autres communautés, mais nous ne permettrons pas que nous soyons méprisés. Nous n’avons pas confiance en votre tribunal militaire », a-t-il martelé, appelant le président de la République, Michel Sleiman, et « tous les autres responsables sages, équitables et soucieux des intérêts du pays », à obtenir la libération immédiate des détenus.
La justice a entamé le 8 février les interrogatoires préliminaires de 21 détenus du groupuscule islamiste de Fateh el-islam. Le procès des détenus commencera après ces interrogatoires, devant la cour de justice.
Au retour du cheikh Assir, après la fin du rassemblement, son convoi a été pris dans un « incident mineur » alors qu’il traversait le quartier de Zokak el-Blat, a rapporté l’ANI (officielle). Selon l’agence, un groupe de jeunes de ce quartier ont proféré des insultes à l’adresse des occupants du convoi au moment de son passage, alors que les soldats de l’armée quadrillaient le quartier.
Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, avait demandé au parquet militaire de la ville de Saïda d’ouvrir une enquête sur les armes en possession du cheikh Assir, avait rapporté la chaîne LBC.
Commentant cette information, le cheikh salafiste a appelé la justice libanaise à « juger d’abord (le président de la Chambre) Nabih Berry et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pour leurs crimes » avant de le juger à lui.
Vendredi, des partisans armés du cheikh Assir s’étaient brièvement déployés autour de la mosquée Bilal ben Rabah, dont il est l’imam, dans la banlieue de Saïda. Cette mobilisation aurait été suscitée par la présence de « jeunes appartenant aux brigades de la Résistance, accompagnés de membres du parti d’Iran (allusion au Hezbollah) qui ont patrouillé aux alentours de la mosquée en brandissant des armes de manière provocatrice », selon cheikh Assir.
Mercredi, ce dernier avait déjà accusé le Hezbollah d’avoir « loué des appartements à proximité de la mosquée et d’avoir mobilisé des miliciens armés pour surveiller ses faits et gestes ».
Pour mémoire
Assir : Les sunnites empêcheront le Hezb de tuer leurs frères syriens
Le chef des islamistes à Roumieh risque la peine de mort
Roumieh plaie béante ; les mutins islamistes lâchent du lest
« Nous sommes traités comme des membres d’une communauté vaincue ». Que ce barbu déterré se rassure, depuis 1975, il n'y a pas l'ombre d'un vainqueur au Liban. Et ceux qui se proclament vainqueurs de je ne sais quoi sont les premiers vaincus. Et que tous les barbus de tous bords comprennent bien que les premiers vaincus sont les fanatiques, les extrémistes et tous ceux qui veulent imposer leurs lois et régir la vie des autres.
08 h 56, le 26 février 2013