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À La Une - Liban - Syrie

L’opposition syrienne fustige le Hezbollah

Le CNS accuse le parti libanais d’intervenir « militairement » au-delà des frontières, quelques heures après le discours de Nasrallah, déchaîné contre Israël et Hariri.

Discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, samedi, à l’occasion de la commémoration des martyrs du parti. Sharif Karim/Reuters

Samedi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait (très) brièvement évoqué le dossier syrien, réitérant son soutien à la politique de distanciation du gouvernement Mikati et affirmant que ce serait « une grave erreur d’exporter au Liban la guerre en Syrie et de nous livrer à une confrontation interne ». « Cela n’est pas dans l’intérêt du Liban », a mis en garde le chef du Hezbollah. En outre, il a martelé que « ceux qui pensent que la Syrie est devenue hors-jeu et ne peut aider la Résistance et ceux qui pensent que la Résistance traverse une période de faiblesse et de confusion se trompent. Nous avons tout ce qu’il faut au Liban, nous n’avons pas besoin de transporter (les armes) de Syrie ou d’Iran », avait encore assuré Hassan Nasrallah.


Quelques heures plus tard à peine, le principal bloc de l’opposition syrienne accusait le Hezbollah d’intervenir « militairement » dans le conflit en Syrie, soulignant que cela constituait un « danger » pour la paix et la sécurité dans la région. Selon le Conseil national syrien (CNS), des membres du parti de Dieu ont lancé samedi « une attaque armée » contre trois villages de la région de Qousseir, proche de la frontière libanaise, faisant des victimes parmi les civils, provoquant des tensions confessionnelles et poussant des « centaines » d’habitants à l’exode.
Le CNS précise dans son communiqué que le Hezbollah a utilisé des « armes lourdes au vu et au su de l’armée du régime syrien ». Il s’agit d’une « grave menace pour les relations libano-syriennes et pour la paix et la sécurité dans la région », a jugé le CNS, estimant que le gouvernement libanais avait la responsabilité de mettre fin à cette « agression ».


Rappelons qu’en octobre 2012, Hassan Nasrallah avait affirmé que des membres de son parti combattaient les rebelles syriens mais à titre individuel et sans mandat de sa formation. Et le parti publie de temps à autre des communiqués dans lesquels il annonce la mort d’un de ses combattants dans « l’exercice de son devoir jihadiste », sans précisions, l’opposition libanaise affirmant qu’il s’agit bien de membres du parti ayant combattu en Syrie.

Les Israéliens « le savent déjà »
Pour en revenir au discours de Hassan Nasrallah, prononcé à l’occasion de la commémoration des martyrs du Hezbollah, Abbas Moussaoui, Ragheb Harb et Imad Moghniyé, soulignons que le patron du parti chiite a naturellement insisté sur le fait que « notre seul et logique choix est la résistance populaire sous toutes ses formes, dont la résistance armée. Au Liban, et depuis 30 ans, la Résistance a été la seule vérité solide et ses exploits ont modifié les équations stratégiques et changé le cours de l’histoire. Ces exploits aboutiront à la victoire », a asséné Hassan Nasrallah.
Ce dernier a en outre évoqué l’assassinat de Hossam Khoshnevis, également connu sous le nom de Hassan Shateri, chef de l’instance iranienne pour la reconstruction du Liban et l’un des hauts responsables des gardiens de la révolution en Iran, tué mercredi en Syrie alors qu’il s’apprêtait à regagner Beyrouth où il était en poste. Le n° 1 du Hezb a salué « un nouveau sacrifice de la République islamique qui soutient le Liban et sa reconstruction ».


Puis il a évoqué la désignation par Sofia de son parti comme étant responsable de l’attentat anti-israélien meurtrier du 18 juillet 2012 à Burgas. Affirmant qu’il « ne voulait pas aborder » les accusations des autorités bulgares, il a critiqué ceux qui, au Liban, en ont tiré profit : « Certains au Liban nous ont mis sur la liste terroriste avant même l’Union européenne et ont même évoqué la possibilité d’une attaque israélienne en guise de représailles », a-t-il accusé. Selon lui, Israël n’a pas besoin d’une excuse pour mener une attaque contre le Liban. « Les Israéliens et leurs alliés le savent déjà, mais j’aimerais leur rappeler que la Résistance ne restera pas les bras croisés en cas d’attaque contre le Liban. Ils savent que leurs aéroports, leurs ports et leurs centrales électriques n’ont besoin que de quelques missiles pour qu’Israël plonge dans l’obscurité », a lancé sayyed Nasrallah.



« Et votre père ? »
Sur le plan local, Hassan Nasrallah a évoqué le dernier discours de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, prononcé jeudi à l’occasion de la huitième commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005. Commentant les propos de M. Hariri qui a estimé que le Hezbollah « est prêt à suivre son allié, Michel Aoun, en soutenant la loi électorale orthodoxe pour garantir que le Parlement reste sous la mainmise des armes », le chef du Hezbollah a déclaré : « Nous soutenons complètement nos alliés mais jamais aux dépens des intérêts du Liban. » Il a ainsi rappelé que la priorité pour son parti est une loi basée sur la proportionnelle, tout en réitérant son soutien aux chrétiens (du CPL) qui voient dans le projet du Rassemblement orthodoxe une chance pour une juste représentation au sein de l’Assemblée.


Critiquant les déclarations de Saad Hariri selon lesquelles le Hezbollah est « prêt à se désister de sa part, offerte comme pot-de-vin à Nagib Mikati, moyennant la formation d’un gouvernement qui n’aborderait pas la question des armes », Hassan Nasrallah a affirmé : « Quand nous avons dit à votre père, avant février 2005, que la question de la Résistance est une priorité, il nous avait répondu qu’il soutenait les armes du Hezbollah. Votre père se serait-il également vu offrir un pot-de-vin ? »


Le chef du parti chiite a dans ce contexte assuré que « si ce n’est pour combattre Israël, les armes pour nous n’ont aucune valeur ». Et de poursuivre : « Nous voulons un Premier ministre libanais qui réside au Liban et qui a le temps de consulter ses ministres », en allusion à Saad Hariri qui est installé à Paris pour des raisons de sécurité. En conclusion, il a rejeté les accusations d’hégémonie portées contre son parti : « Nous avons accepté le projet orthodoxe par souci de véritable parité. Et si ce projet était soumis au vote, nous voterons en sa faveur, a-t-il déclaré. Nous ne sommes pas pour la monopolisation du pouvoir, mais pour le véritable partenariat dans un pays fort et capable de se défendre », sans attendre le soutien des organisations internationales ou de la Ligue arabe, a-t-il tonné.

 

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