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Liban - Éclairage

Le dernier sprint... avant le report ?

En déclarant, à l’issue de la réunion hier de la sous-commission parlementaire chargée du dossier de la loi électorale, que l’incident de la semaine dernière ne reflétait pas l’atmosphère qui régnait pendant les débats, le député Georges Adwan était parfaitement sincère. En réalité, le procès-verbal de la précédente réunion confirme ses propos et l’incident qui a eu lieu devant les caméras entre les députés Alain Aoun et Ahmad Fatfat avait été en fait provoqué par ce dernier pour cacher la situation délicate dans laquelle se trouve le courant du Futur face à ses alliés chrétiens.

 

Ce n’est plus un secret pour personne que l’appui des Kataëb et des Forces libanaises au projet grec-orthodoxe a porté un coup à leur relation avec le courant du Futur, lequel ne veut pas entendre parler de ce projet. Pourtant, le procès-verbal des réunions de la sous-commission qui sera soumis aujourd’hui aux députés membres des commissions confirme que trois projets (celui dit grec-orthodoxe, celui des 50 circonscriptions présenté par les Forces libanaises et celui du gouvernement) ont été retenus à travers les débats de la sous-commission. D’ailleurs, la réunion d’aujourd’hui a accru encore le clivage entre les Kataëb et les Forces libanaises, d’une part, et le courant du Futur, de l’autre, puisque les deux partis chrétiens comptent participer à la réunion, alors que le courant du Futur rappelle que le 14 Mars a choisi de boycotter les réunions parlementaires auxquelles participe le gouvernement. C’est dire que désormais, les divergences sont de plus en plus perceptibles entre les partenaires au sein du 14 Mars.

 

(Lire aussi : Loi électorale : dernier sursis pour la sous-commission ?)

 

De son côté, le président de la Chambre est en train d’étudier la possibilité d’éviter une participation gouvernementale à la réunion d’aujourd’hui, les ministres pouvant être remplacés par les directeurs généraux. Il a d’ailleurs adressé une proposition en ce sens au ministre de l’Intérieur Marwan Charbel qui avait annoncé sa volonté d’être présent à la réunion des commissions. Pour Nabih Berry, ce qui compte, c’est que le Parlement reprenne ses activités et donc que le courant du Futur renonce à son boycott. Comme il avait trouvé la formule de l’hôtel situé à proximité de la Chambre pour abriter les membres de la sous-commission et leur permettre ainsi de réduire leurs déplacements, il est en train de trouver une formule de compromis pour que toutes les parties représentées au sein des commissions parlementaires discutent du projet de loi électorale. Le chef du législatif veut ainsi donner une chance aux députés de parvenir à une entente sur une loi électorale.


Autrement dit, les députés ont une quarantaine de jours pour s’entendre sur un nouveau projet de loi ou sur l’un des trois projets retenus par la sous-commission, puisque le ministre de l’Intérieur a précisé que si les élections doivent se dérouler en juin, le corps électoral doit être convoqué au plus tard à la mi-mars. Jeudi soir, à travers le talk-show de Marcel Ghanem sur la LBCI, le chef du courant du Futur Saad Hariri devra faire une proposition, qui selon ses proches tiendra compte des appréhensions chrétiennes et des exigences de l’entente nationale.

 

De même, le député Ahmad Fatfat a laissé entendre que le courant du Futur pourrait accepter une formule mixte (70 % des députés seraient élus par un scrutin majoritaire et 30 % grâce à un mode de scrutin proportionnel). Certains veulent voir dans ces sous-entendus le fait que l’idée du mode de scrutin proportionnel commence à faire son chemin, d’autres, au contraire, estiment qu’il s’agit d’une manœuvre visant à retarder l’adoption d’un nouveau projet de loi pour arriver à la mi-mars avec une seule loi prête, celle de 1960. Toutefois, ce dernier scénario a été écarté par Nabih Berry qui a quasiment « enterré » la loi en vigueur en invoquant le fait que la commission chargée de surveiller les élections prévue par cette loi n’a pas été formée et que par conséquent, celle-ci ne peut plus être appliquée.

 

C’est pourquoi, l’équation qui se présente aujourd’hui aux députés a totalement changé : il ne s’agit plus de dire comme le faisait le 14 Mars : soit une nouvelle loi comme nous le voulons, soit la loi actuelle, mais plutôt : soit des élections à la date prévue, soit un report de l’échéance. Le ministre de l’Intérieur a été le premier à parler d’un report « technique » de quelques mois et le chef du bloc de la Résistance Mohammad Raad a repris l’idée lundi.

 

Quant à Nabih Berry, il ne cesse de répéter que la meilleure loi électorale est celle qui fait l’unanimité des Libanais. À cette tendance vient s’ajouter désormais l’insistance du président français devant le leader druze Walid Joumblatt sur l’importance de préserver la stabilité au Liban. Même si toutes les parties se comportent comme si les élections devaient avoir lieu à la date prévue, l’idée du report est donc en train de faire son chemin et arrangerait beaucoup de parties, notamment celles qui avaient misé sur une issue rapide du conflit syrien qui passe par la chute du régime.

 

Après tout, l’entente au Liban vaut bien « un report technique »... et le flou persistant en Syrie explique l’absence d’entente sur une loi électorale.

 

 

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En déclarant, à l’issue de la réunion hier de la sous-commission parlementaire chargée du dossier de la loi électorale, que l’incident de la semaine dernière ne reflétait pas l’atmosphère qui régnait pendant les débats, le député Georges Adwan était parfaitement sincère. En réalité, le procès-verbal de la précédente réunion confirme ses propos et l’incident qui a eu...
commentaires (2)

oui, le report pointe hélas son bout de nez... cette fois-ci, les choses ne se passeront pas comme la dernière. Les Libanais veulent etre JUSTEMENT représentés au parlement. Stop aux subterfuges qui donnent la majorité à ceux qui distribuent les sous à l'odeur de pétrole du desert.

Ali Farhat

08 h 50, le 30 janvier 2013

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Commentaires (2)

  • oui, le report pointe hélas son bout de nez... cette fois-ci, les choses ne se passeront pas comme la dernière. Les Libanais veulent etre JUSTEMENT représentés au parlement. Stop aux subterfuges qui donnent la majorité à ceux qui distribuent les sous à l'odeur de pétrole du desert.

    Ali Farhat

    08 h 50, le 30 janvier 2013

  • Bonjoue Madame Scarlett Haddad. De compromis à compromis l'oiseau perd son nid. Je résume aujourd'hui aussi comme suit : L'hystérie s'est emparé de TOUS and dans TOUT... C'est très regrettable !

    SAKR LEBNAN

    01 h 50, le 30 janvier 2013

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