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À La Une - Israël

Le cauchemar de Netanyahu s'appelle Lapid

Le PM sortant a été sévèrement sanctionné ; Yesh Atid, lancé il y a un an à peine, deuxième parti du pays ; les Palestiniens restent pessimistes sur une reprise des négociations.

Malgré le fait que Yaïr Lapid, le dirigeant du parti modéré israélien Yesh Atid qui a réalisé une percée électorale spectaculaire, a exclu hier de participer à un front commun anti-Netanyahu, il reste le cauchemar du Premier ministre sortant, ce dernier étant absolument obligé de composer avec lui. M. Lapid s’est d’ailleurs réjoui de voir M. Netanyahu avoir comme priorité les grandes lignes de son programme. Ahmad Gharalbi/AFP

Benjamin Netanyahu, affaibli après les élections législatives, a tendu hier la main à l’incontournable centriste Yaïr Lapid, en promettant d’accorder la priorité au social mais il pourrait être obligé aussi de lâcher du lest sur la question palestinienne.


« Les Israéliens veulent que je forme un gouvernement qui impulsera trois grands changements dans la politique intérieure : une plus grande égalité, des logements plus abordables et des changements dans les méthodes de gouvernement », a déclaré M. Netanyahu, qui reste le mieux placé pour former le prochain cabinet. Dans cette brève intervention, le Premier ministre sortant a précisé qu’il se concentrerait avec les autres partis pour la formation du cabinet « sur ces trois principes. Nous voulons un gouvernement aussi large possible pour conduire ces trois changements en faveur du peuple d’Israël ».

 

La liste commune formée par le Likoud de Bibi et le parti Israël Beiteinou de l’ultranationaliste Avigdor Lieberman n’a remporté que 31 sièges, un cuisant revers par rapport aux 42 élus dont ils disposaient ensemble dans le Parlement sortant. Selon les chiffres de la commission électorale qui portent sur 99,5 % des résultats, la coalition de droite et des religieux est à égalité avec le bloc du centre et de gauche. Chacun des deux blocs compte 60 élus. Les résultats définitifs doivent être proclamés aujourd’hui.

Séduire les classes moyennes
Les trois priorités intérieures de M. Netanyahu correspondent point par point aux grandes lignes du programme de M. Lapid, qui a créé la sensation en faisant de Yesh Atid (« Il y a un avenir »), un parti lancé il y a un an à peine, le deuxième d’Israël avec 19 députés. Désormais partenaire incontournable pour constituer une majorité parlementaire, M. Lapid, ancienne vedette de la télévision, milite pour la conscription des jeunes religieux ultraorthodoxes, dont la plupart sont exemptés, alors que le reste de la population est tenu de faire le service militaire. Il se présente comme le porte-drapeau des classes moyennes, exigeant également une meilleure répartition du « fardeau » fiscal ainsi que des réformes pour abaisser le prix des logements, et prône une cure d’amaigrissement pour le gouvernement.

 

(Portrait : Yaïr Lapid, la grosse surprise laïque des législatives israéliennes)


Fort de son succès, Yaïr Lapid, 49 ans, a souhaité un gouvernement « le plus large possible ». « J’ai entendu parler de bloc anti-Netanyahu, je suggère qu’on retire cette histoire de la table. Il n’y aura pas de bloc, cela n’arrivera pas », a en outre affirmé M. Lapid lors d’une courte allocution, annonçant ainsi clairement son intention de faire alliance avec M. Netanyahu dans un futur gouvernement. Il s’est également déclaré « content d’avoir entendu le Premier ministre reprendre à son compte tout ce que nous disons depuis un an sur l’égalité et la nécessité de protéger les classes moyennes en les aidant dans le domaine du logement et de l’éducation ».


Yaïr Lapid est un enfant de Tel-Aviv, capitale des affaires à la réputation hédoniste, mais sur sa liste ont été élus un ultraorthodoxe, une femme handicapée, un druze, une transfuge du parti de gauche Meretz, un ex-patron du Shin Beth (service de sécurité intérieure) et Mina Tamano, première femme d’origine éthiopienne à siéger à la Knesset.
« Il n’y aura aucun gouvernement raisonnable, c’est-à-dire aucun gouvernement que Netanyahu pourra diriger sans devenir un paria international, sans Lapid. Il est donc devenu l’acteur le plus important dans le système politique », a prédit l’analyste Yossi Verter dans le Haaretz.


Néophyte sur la scène internationale, M. Lapid préconise une relance du processus de paix avec les Palestiniens, suspendu depuis 2010, tout en rejetant des concessions sur Jérusalem-Est annexée. « Nous ne siégerons pas dans un gouvernement qui ne négociera pas avec les Palestiniens », a ainsi assuré Meïr Cohen, numéro 4 sur la liste de Yesh Atid.

Doutes palestiniens
Mais les Palestiniens restent pessimistes sur une reprise des négociations. « Je ne m’attends pas à l’émergence ou à la résurgence d’une coalition de paix ou d’un camp de la paix », a ainsi déclaré Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), estimant que « les chances de paix ne vont pas soudain augmenter spectaculairement ». Déplorant l’occultation du règlement du conflit israélo-palestinien dans la campagne, elle a souhaité un « réveil » de l’opinion israélienne.


Les Palestiniens sont « prêts à travailler » avec tout gouvernement israélien qui reconnaîtrait « l’État de Palestine », après le statut d’État observateur accordé par l’Assemblée générale de l’ONU, a renchéri le ministre palestinien des Affaires étrangères Riad al-Malki. Le ministre a consacré une large partie de son discours devant le Conseil de sécurité, au cours d’un débat sur le Proche-Orient, à dénoncer « l’intensification de la campagne israélienne illégale d’implantations » en Cisjordanie, estimant qu’elle constituait « le principal obstacle à la réalisation d’une paix » fondée sur la solution à deux États. Le ministre palestinien a en outre brandi à nouveau la menace d’une saisine de la CPI pour forcer Israël à renoncer à des projets d’implantations.


De son côté, le Hamas a affirmé que « les résultats des élections traduisaient la victoire de la résistance palestinienne, comme le montre le revers de Netanyahu après son échec face à la résistance à Gaza », en référence à l’opération israélienne dans l’enclave palestinienne en novembre.

 

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