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À La Une - Liban

Loi électorale : A la recherche d'une parité sans sectarisme

Des tractations semblent entreprises en coulisses, notamment sous l’impulsion du président Michel Sleiman, en vue d’aboutir à une formule de loi électorale qui se rapprocherait le plus possible des objectifs du projet du Rassemblement orthodoxe, à savoir la parité réelle dans la représentativité des députés chrétiens, sans pour autant verser dans une loi à connotation sectaire.

Et si l’aval de certains partis chrétiens, notamment du 14 Mars, au projet de loi électorale préconisé par le Rassemblement orthodoxe n’était en définitive qu’une vaste manœuvre, ou plus précisément un épouvantail brandi afin de provoquer un forcing de dernière heure visant à aboutir à une formule de loi électorale acceptable qui assurerait la plus grande part de parité au niveau de la représentation parlementaire chrétienne, sans pour autant verser dans une loi à connotation sectaire, comme celle du projet du Rassemblement orthodoxe ?


Au-delà de l’agitation politico-médiatique suscitée par la position commune annoncée il y a une semaine par les quatre principales formations chrétiennes réunies à Bkerké (les Forces libanaises, les Kataëb, le CPL et les Marada) – appuyant le projet orthodoxe de loi électorale – de petites phrases lancées hier par des pôles parlementaires chrétiens accréditent quelque peu cette thèse et laissent penser que des démarches semblent effectivement entreprises loin des feux de la rampe, notamment par le président Michel Sleiman, afin d’élaborer une formule de loi électorale acceptable par toutes les factions et susceptible d’aboutir au même objectif que le projet orthodoxe – en l’occurrence une véritable parité au plan de la représentation parlementaire chrétienne – tout en évitant ses aspects négatifs. C’est du moins ce qu’a indiqué hier explicitement le député Boutros Harb. Et c’est ce qui ressort également des déclarations convergentes, qui confirment cette thèse, faites par le vice-président des Forces libanaises, le député Georges Adwan, et par le député Alain Aoun, représentant du Courant patriotique libre au sein de la sous-commission ad hoc chargée de plancher sur une nouvelle loi électorale. Aussi bien M. Adwan que M. Aoun ont en effet souligné hier que tout autre projet que celui du Rassemblement orthodoxe qui assurerait les mêmes effets – la parité – serait acceptable.

 

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M. Harb a été particulièrement explicite à cet égard. Dans une interview à la LBC, il a rejoint, quant au fond, la position des partis chrétiens du 14 Mars, tout en se démarquant au niveau de la forme, c’est-à-dire le projet orthodoxe. « Le Liban se trouve aujourd’hui devant le dilemme qui consiste à trouver la formule qui assure la parité et qui tranquillise les chrétiens, a notamment déclaré dans ce cadre M. Harb. Il faut aboutir à une formule qui permette aux chrétiens d’avoir le sentiment que le texte (portant sur la parité au niveau de la représentation parlementaire) est appliqué. »

 

(Pour mémoire : Pourquoi le projet dit orthodoxe est (franchement) mauvais)


Réitérant sa position selon laquelle la proposition du Rassemblement orthodoxe « crée des entités sectaires dont la ligne de conduite est en contradiction avec la coexistence », M. Harb a souligné que cette proposition « présente des dangers pour nous » (les chrétiens). Il a toutefois ajouté sur ce plan : « Il faut donc chercher une solution qui assure aux chrétiens leur droit, plus particulièrement à l’ombre des vagues d’extrémisme actuelles, à commencer par l’Iran et en passant par l’Égypte, a déclaré le député de Batroun. Le chrétien craint de subir le même sort. Il est donc nécessaire de sauvegarder l’unité du Liban à l’avenir afin d’empêcher que l’extrémisme prenne le dessus au Liban. »


M. Harb a rappelé dans ce contexte que « les Forces libanaises et les Kataëb ont présenté le projet des cinquante circonscriptions afin d’aboutir à une juste représentation » (parlementaire). Et le député de Batroun d’indiquer à ce propos : « Le dernier recours est la proposition du Rassemblement orthodoxe. Des démarches sont sérieusement entreprises afin de tenter de trouver la formule qui concilie à la fois la représentation véritable des chrétiens et la sauvegarde de l’unité du Liban. Le président Michel Sleiman planche sur une formule qui pourrait être discutée. » Invitant les responsables politiques à ne pas se laisser entraîner dans des surenchères et à ne pas abaisser le niveau du discours politique, M. Harb a déclaré que « le rôle de Bkerké dans le débat sur la loi électorale est de favoriser un consensus permettant d’aboutir à un projet acceptable par toutes les parties ».

Adwan et Alain Aoun
Le représentant du CPL au sein de la sous-commission ad hoc, Alain Aoun, a déclaré de son côté, toujours à la LBC, que la partie qui fait obstruction au projet du Rassemblement orthodoxe se doit de « proposer une alternative ». « Si cette alternative est acceptable et aboutit au même résultat que le projet orthodoxe, il serait alors possible de l’accepter », a ajouté M. Aoun qui a réaffirmé l’attachement du CPL au projet orthodoxe, tout en se montrant « ouvert au débat qui se poursuivra au sein de la sous-commission ». Le député FL Georges Adwan a abondé dans le même sens, invitant les détracteurs de la proposition du Rassemblement orthodoxe à proposer une alternative qui aboutisse au même résultat et qui garantisse une juste représentation chrétienne au Parlement (voir par ailleurs la déclaration de M. Adwan).

 

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Il reste que le ministre Gebrane Bassil a accusé hier, au cours d’une conférence de presse tenue à Batroun, « ceux qui cherchent à torpiller le projet orthodoxe de ne pas vouloir de la parité ». M. Bassil a pointé du doigt à ce propos « le courant du Futur, et ceux qui le soutiennent à l’étranger avec l’argent, ainsi que les takfiristes et les centristes qui veulent avoir un bloc susceptible de faire pencher la balance en faveur de telle ou telle partie ». M. Bassil a également accusé « les indépendants qui représentent chacun leur localité ou leur région et qui n’auraient plus leur place sur la carte à l’ombre d’un tel projet ». Le ministre aouniste a lancé à cet égard, d’une manière à peine voilée, et sans le nommer, une virulente attaque contre M. Harb, soulignant qu’il ne comprenait pas « comment celui qui réclamait que le chrétien ne vende pas ses terres à un non-chrétien peut rejeter le projet orthodoxe ». « Cela s’inscrit dans le cadre des parrains de la traîtrise qui ne changent pas et dont les noms restent les mêmes », a lancé M. Bassil qui a ajouté : « Le parrain des traîtres est malheureusement de notre région... »

La position du Futur
En tout état de cause, et loin de la polémique et des surenchères, des sources bien informées ont indiqué hier que le courant du Futur pourrait présenter un recours en invalidation de la loi électorale si le projet du Rassemblement orthodoxe était finalement voté à la Chambre. Le chef du courant du Futur, Saad Hariri, ne cache pas en effet son opposition farouche à la proposition orthodoxe. Un tel rejet ne se limite pas toutefois à la composante sunnite du 14 Mars. Le leader du Parti national libéral, le député Dory Chamoun, a lui aussi réaffirmé hier son opposition au projet orthodoxe, affirmant qu’il « ne passera pas au Parlement ».

 

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