Les corps de trois jeunes sunnites libanais, tués il y a une dizaine de jours par les forces du régime en Syrie, ont été rapatriés aujourd'hui au Liban. Les corps ont été conduits vers 9h au poste-frontière de Arida (Liban-Nord), où ils ont été remis à une délégation de Dar el-Fatwa, présidée par cheikh Amine el-Kerdy.
Le 30 novembre, Vingt-et-un jeunes sunnites libanais et palestiniens originaires de Tripoli et du Akkar qui avaient rejoint la rébellion contre Bachar el-Assad étaient tombés dans une embuscade et avaient été tués près de la ville de Tall Kalakh dans la province de Homs (centre), frontalière du Liban.
Un cheikh de Tripoli a toutefois affirmé que l'identité de l'une des dépouilles était "inconnue". "Les parents de Malek Ziad el-Hage Dib affirment que le corps rapatrié ce matin n'est pas celui de leur fils", rapporte la chaîne de télévision al-Jadeed. "La dépouille n'appartiendrait à aucun des combattants tués en Syrie", indique pour sa part la chaîne LBC.
Damas avait accepté mercredi dernier de rapatrier au Liban les corps des jeunes hommes. Ce rapatriement devait s'effectuer par étapes à partir de samedi. Mais les autorités libanaises craignent que cette restitution en plusieurs phases n’enflamme à chaque fois la rue sunnite avec la charge émotionnelle qui pourrait en résulter. A cet égard, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, s'est rendu samedi en Syrie pour négocier la restitution en une seule et unique fois de toutes les dépouilles afin de réduire les risques de dérives. A son retour, des médias locaux ont rapporté qu'un accord avec les autorités syriennes a été conclu et que les corps seraient rapatriés en une seule étape. Plus tard en début de soirée, le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour a annoncé dans un communiqué avoir été informé par Damas que la restitution s'effectuera quand même par étapes, pour "des raisons logistiques".
Selon une source officielle libanaise, les autorités syriennes ont informé Beyrouth que trois membres du groupe islamiste libanais infiltré en Syrie avaient survécu à l'embuscade du 30 novembre et qu'ils étaient actuellement interrogés.
Depuis le drame de Tal Kalakh, les tensions se sont aggravées dans la ville de Tripoli où des affrontements meutriers opposent les quartiers rivaux de Jabal Mohsen, en majorité alaouite et partisan de Damas, et Bab el-Tebbaneh, sunnite et hostile au régime. Les heurts ont fait déjà 19 morts depuis mardi dernier.
Dimanche, six hommes ont été tués et une quarantaine de personnes blessées à Tripoli. Un responsable militaire à Jabal Mohsen aurait également été tué, selon la chaîne de télévision LBC.
Les combats à la mitrailleuse et aux roquettes se sont intensifiés dimanche soir entre les deux quartiers rivaux.
Chaque quartier a perdu trois hommes dans ces combats, malgré le déploiement de l’armée.
Samedi soir, les violences ont redoublé d’intensité, les combats se déroulant à la mitrailleuse et aux roquettes.
Ce nouvel épisode de violences survient après le calme précaire qui avait été imposé depuis vendredi matin, par le déploiement de troupes dans les quartiers en ébullition de la ville.
Pendant la nuit, des soldats libanais étaient stationnés dans les rues autour des deux quartiers en ébullition, mais pas sur l'avenue de la Syrie qui sépare les deux quartiers et a désormais pris des airs de ligne de front.
Dimanche, un poste de l'armée dans le quartier de Jabal Mohsen a été touché par une roquette, rapporte la chaîne de télévision al-Jadeed. "Deux soldats, ainsi que deux civils, ont été blessés", selon la chaîne LBC.
L'armée a par ailleurs désamorcé une bombe prête à exploser dans la région d'el-Tall à Tripoli.
"Les affrontements sont sporadiques maintenant", a déclaré dimanche matin le responsable de sécurité, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Aucune décision n'a encore été prise sur l'éventuel envoi de renforts de l'armée dans la zone, a-t-il ajouté.
En sa qualité de vice-président du Haut Conseil de défense, et après concertation avec le président de la République Michel Sleiman, le Premier ministre Nagib Mikati a pour sa part convoqué une réunion urgente du Haut Conseil de défense dimanche avant-midi à Baabda. Une série de mesures ont été décidées au cours de cette réunion, indique un communiqué du Haut Conseil de défense, sans préciser la teneur de ces mesures.
Par ailleurs, le ministre libanais de l’Intérieur, Marwan Charbel, a affirmé samedi déployer tous les efforts pour restaurer le calme à Tripoli. "Cette situation est liée d’une façon ou d’une autre aux développements dans la région surtout en Syrie", a déclaré M. Charbel lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion sécuritaire dans la capitale du Nord. "Il est temps pour nous de privilégier l’intérêt de Tripoli, cette situation a des conséquences néfastes sur l’économie, les magasins sont en train de fermer et les habitants de quitter la ville", a-t-il dit.
"Personne ne peut sortir vainqueur de la situation, le gouvernement libanais devrait prendre des mesures décisives", a ajouté le ministre.
L'ambassade américaine à Beyrouth s'est dite vendredi "très inquiète" des violences à Tripoli, appelant dans un communiqué à "la retenue et au respect de la sécurité et de la stabilité du Liban".
La plupart des habitants de Tripoli, à majorité sunnite, soutiennent la rébellion syrienne. En revanche, le puissant parti chiite armé Hezbollah, principal allié libanais du régime de Damas, est accusé de combattre auprès des forces loyalistes en Syrie.
En outre, des accrochages quasi-quotidiens opposent dans des villages syriens frontaliers du Liban des combattants chiites proches du Hezbollah à des rebelles anti-Assad, selon des habitants et des militants.
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01 h 56, le 10 décembre 2012