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Liban - La situation

Saïda ne sera finalement pas déclarée « zone militaire »

Le pays n’a toujours pas complètement absorbé le choc de l’affrontement à Saïda entre les partisans du Hezbollah et ceux du cheikh salafiste Ahmad al-Assir. La journée d’hier a été sécuritaire par excellence, couronnée par une réunion à Baabda du Conseil supérieur de la défense sous la présidence du chef de l’État, Michel Sleiman.


La nouvelle donne créée à Saïda a d’abord suscité un débat hier au sein du Conseil des ministres, réuni dans la journée au Sérail. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a ainsi proposé de transformer Saïda en « zone militaire », estimant qu’il fallait confier à l’armée de très larges pouvoirs pour empêcher un nouveau dérapage sécuritaire dans une région désormais à très hauts risques.

 

Cependant, le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, s’est opposé à cette proposition, sous prétexte qu’une telle décision, lourde de responsabilités, devait revenir en dernière instance au commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, seul en mesure d’en apprécier l’opportunité. Une position partagée par le Premier ministre Mikati.

Les ministres du Front de lutte nationale se sont également opposés à la proposition Charbel, laquelle a donc été renvoyée à la discrétion du Conseil supérieur de sécurité, et tout particulièrement de l’armée. Le Hezbollah et le mouvement Amal, qui semblaient soutenir d’abord la proposition de « zone militaire », ont ensuite mis en exergue une seule revendication : le fait de considérer tout blocage de la route de Saïda par « quiconque » (c’est-à-dire Ahmad al-Assir) comme « une ligne rouge »...

 

C’est la raison pour laquelle cette réunion, qui était initialement prévue vendredi, a finalement été décidée à la hâte, en coordination avec le président de la République et le commandant en chef de l’armée. De son côté, le ministre Charbel a quitté tôt la réunion du Conseil des ministres pour se rendre à Saïda en tournée d’inspection, tournée durant laquelle il a présenté également ses condoléances aux familles des victimes. 

Mikati
Présidant la séance ordinaire du Conseil des ministres au Sérail, Nagib Mikati avait renouvelé ses condoléances aux familles des victimes des incidents de Saïda. « Ces événements déplorables ont failli allumer les flammes de la discorde confessionnelle interne dans le cadre d’une situation régionale particulièrement délicate », a affirmé le président du Conseil, félicitant l’armée et les forces de sécurité pour leur action prompte qui a permis de circonscrire l’incident et d’empêcher une détérioration sérieuse de la situation.

« Nous ne ferons preuve d’aucun laxisme dans notre volonté de préserver la sécurité et d’empêcher quiconque de créer des dissensions dont nous pouvons nous passer à l’heure actuelle. Nous appelons tous les leaders à œuvrer pour apaiser le climat, mettre fin aux tensions confessionnelles et sectaires et ne pas lancer des accusations contre le gouvernement en l’accusant de négligence, à l’heure où tout le monde sait les efforts qui sont déployés par le gouvernement pour empêcher les événements de prendre un tournant encore plus dangereux », a ajouté le Premier ministre.

« Ce qui s’est produit à Saïda devrait constituer une leçon pour tout le monde concernant la nécessité de prendre garde aux circonstances que nous traversons et au danger de choisir l’option de la rue, de la sécurité autonome et des armes, ce qui constitue une sortie du système. Il faut également faire attention aux dangers des appels au cloisonnement sur soi tant sur le plan des régions que celui des communautés, comme du temps de la guerre. Ce serait là un suicide collectif », a-t-il souligné.


Nagib Mikati a par ailleurs répondu à l’opposition « qui continue d’adopter une attitude totalement négative en refusant le dialogue, en persistant dans sa politique de blocage et en faisant assumer de manière erronée au gouvernement la responsabilité de toute la situation ». « Ceux-là font mine d’ignorer la situation particulièrement délicate de la région et l’ampleur des problèmes qui s’accumulent, ainsi que la situation économique régionale et mondiale. Ceux qui s’opposent devraient retrouver le gouvernement à mi-chemin au lieu de paralyser la Chambre et de menacer d’encore plus de négativisme, ce qui n’a jamais été une solution », a poursuivi Nagib Mikati, estimant que le gouvernement est déterminé à faire preuve « d’encore plus de productivité, la meilleure réponse à tous ceux qui prennent des positions qui ne peuvent mener au final qu’à encore plus de tensions et de réactions ».

Le Conseil supérieur de défense
La réunion du Conseil supérieur de défense s’est donc déroulée en soirée sous la houlette du chef de l’État et en présence du Premier ministre, Nagib Mikati – qui s’était auparavant entretenu à huis clos avec Michel Sleiman – des ministres des Finances, de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Économie, de l’Intérieur, des Affaires sociales, de la Justice et des Télécoms, ainsi que du commandant en chef de l’armée et des principaux responsables sécuritaires du pays. Sans aller finalement jusqu’à l’adoption de la proposition Charbel, le Conseil s’est contenté de charger l’armée et les services sécuritaires et judiciaires de coordonner et de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les atteintes à la sécurité et pour préserver la paix civile. Une série de mesures ont d’ailleurs été décidées en commun. Le Conseil a également évoqué la nécessité de mettre à disposition des services toute l’infrastructure et la logistique requise à ces services pour remplir leur mission.


Les responsables des différents services de sécurité s’étaient retrouvés avant la réunion au bureau du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, pour étudier justement les efforts communs à déployer afin de préserver la stabilité du pays et la sûreté des citoyens.

À Saïda
La visite du ministre de l’Intérieur n’a pas été le seul développement sur le terrain à Saïda. La journée a également été marquée par trois événements. Le premier, de nature judiciaire, est la décision du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, de délivrer un mandat d’amener contre le fils d’Ahmad al-Assir pour avoir saisi des armes appartenant aux Forces de sécurité intérieure. Le deuxième, de type sécuritaire, est une attaque à la bombe sonore survenue à Taamir qui a fait quelques dégâts matériels mineurs, signe que la situation reste précaire. Le troisième, de type politique, est l’attaque féroce lancée par cheikh Maher Hammoud contre cheikh al-Assir et la députée Bahia Hariri. Pour Maher Hammoud, proche du 8 Mars et qui a pris la défense du Hezbollah dans son discours, Ahmad al-Assir est « atteint d’un complexe de supériorité auquel il faut mettre fin », lui promettant « un sort similaire à celui de Maher Moqdad ». Il convient de signaler enfin que le mufti Kabbani s’est également rendu à Saïda pour présenter ses condoléances aux victimes des incidents.

 

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commentaires (4)

Il leur fait PEUR MAX, ce SUNNITE Assîîîr, à ces fakîhàRienisés ! Yâ wâïyléhhh !

Antoine-Serge KARAMAOUN

06 h 16, le 15 novembre 2012

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Commentaires (4)

  • Il leur fait PEUR MAX, ce SUNNITE Assîîîr, à ces fakîhàRienisés ! Yâ wâïyléhhh !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 16, le 15 novembre 2012

  • Ce jour est le 1er jour de l'Achoura, que les martyrs reposent en paix et ne soient pas dérangés par ce clown atteint de complexe d'infériorité. Qu'a t il accompli dans sa vie de combattant, un sit in qui a tourné au fiasco ??balayé par sa propre communauté ??

    Jaber Kamel

    05 h 48, le 15 novembre 2012

  • Nasrallah veut que la fermeture de la route de Saida soit déclarée ligne rouge. Et si l'on faisait de même de la route de l'aéroport qu'il ferme périodiquement en y envoyant ses voyous ?

    Saleh Issal

    00 h 39, le 15 novembre 2012

  • "ORDRE" émanant du "commandement" baassyRien : Saïda ne sera finalement pas déclarée "zone militaire" !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    19 h 51, le 14 novembre 2012

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