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Geagea coupe tous les ponts avec le Hezbollah

Geagea a répondu aux accusations lancées par Nasrallah contre les chrétiens du 14 Mars, lui renvoyant la balle en rappelant les liquidations par le Hezbollah de résistants communistes, de cadres du mouvement Amal et d’officiers de l’armée.

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.

Pris pour cible dans le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a tenu hier à Meerab une conférence de presse au cours de laquelle il a répondu de manière cinglante aux accusations lancées mardi par sayyed Nasrallah contre les FL et les chrétiens du 14 Mars. Le chef du Hezbollah avait dénié à « certains chrétiens du 14 Mars » leur habilité à participer au dialogue national, affirmant qu’ils avaient durant la guerre libanaise « collaboré avec Israël » et qu’ils s’étaient livrés à des actes de violence.


M. Geagea a répondu point par point aux propos tenus par sayyed Nasrallah, renvoyant pratiquement la balle à ce dernier en exposant, sur base de dates, de témoignages et de faits précis, les nombreuses liquidations physiques, par le Hezbollah, de résistants communistes, de cadres du mouvement Amal et d’officiers supérieurs de l’armée, sans compter les attentats terroristes perpétrés au début des années 80 contre les contingents américain et français de la Force multinationale qui avait été déployée à Beyrouth pour assurer le retrait des Israéliens du Liban.


Le leader des FL a exposé comme suit les « crimes perpétrés par le Hezbollah » depuis les années 80 : le 18 avril 1983, attentat contre l’ambassade américaine (63 tués); 23 octobre 1983, attentat contre le siège des marines à Beyrouth (près de 200 tués); 23 octobre 1983, attentat contre le siège du contingent français de la Force multinationale (Drakkar, 58 soldats français tués) ; 2 juin 1985, assassinat du colonel Sleiman Mazloum, commandant de la base aérienne de Rayyak, sur la route Ablah-Rayyak ; 14 juin 1985, détournement d’un avion de la TWA (un passager tué) ; 2 novembre 1985, assassinat à Rayyak du lieutenant Georges Chamoun ; 24 février 1986, assassinat à Mousseitbé de Souheil Tawilé, membre du comité central du Parti communiste et rédacteur en chef de la revue at-Tarik ; assassinats de plusieurs autres cadres et résistants communistes (Mehdi Amel, Khalil Naouss, Michel Waked, Nour Toukan...) ; 11 août 1986, assassinat à Rayyak du colonel Michel Ziadé ; 18 septembre 1986, assassinat du colonel Christian Goutière, attaché militaire près l’ambassade de France ; 29 janvier 1987, assassinat d’un haut responsable du PCL, Hussein Mroué; 24 juin 1987, assassinat du capitaine Kazem Darwiche, officier des renseignements de l’armée à Tyr ; 10 juillet 1987, assassinat de deux cadres du mouvement Amal, Ali et Mohammad Diab ; 7 février 1988, assassinat d’un cadre d’Amal, Abbas Awada ; 23 septembre 1988, assassinat de trois hauts responsables militaires d’Amal à Nabatiyeh, Daoud Daoud (président du comité exécutif d’Amal), Mahmoud Faqih et Hassan Sbayteh.


M. Geagea a rappelé en outre l’inculpation de quatre responsables du Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri, d’un cadre du Hezbollah dans la tentative d’assassinat du député Boutros Harb, en plus de la découverte cette année d’un document des services syriens faisant état de l’implication du Hezbollah dans l’assassinat de Gebran Tuéni.

Témoignages de Haoui et de Berry
Le leader des FL a rapporté dans ce cadre les témoignages de l’ancien dirigeant du PCL Georges Haoui et du leader d’Amal, Nabih Berry, concernant les agressions et les liquidations physiques perpétrées par le Hezbollah contre les cadres communistes et d’Amal.


Dans un ouvrage de notre confrère Ghassan Charbel, Georges Haoui a ainsi relaté les assassinats de plusieurs cadres supérieurs du PCL, précisant que lors des obsèques de Souheil Tawilé, il avait déclaré : « C’est un rabbin qui pourrait décider de tuer les patriotes et les communistes, et non pas un sayyed ou un cheikh. Ils prétendent être khomeynistes, mais dans la conjoncture du Liban, c’est nous les khomeynistes et eux sont la Savak » (l’appareil répressif du chah d’Iran).

 

(Lire aussi : Le secrétariat général du 14 Mars dénonce « l’arrogance antilibanaise » de Nasrallah)


M. Geagea a par ailleurs rapporté une déclaration de Nabih Berry à la revue Amal en date du 20 janvier 1989, au lendemain d’une grève générale à laquelle avait appelé M. Berry à la suite des affrontements dans Iklim el-Touffah entre le Hezbollah et Amal. Dénonçant « l’assassinat des chefs de la résistance, Daoud (Daoud), Mahmoud (Faqih), Hassan (Sbayteh), Abou Ali Hammoud et hajj Mohammad Jezzini », M. Berry avait stigmatisé « les méthodes répressives, terroristes et néonazies ». « Il ne sert à rien à ces nazis de se cacher derrière l’appellation “résistance islamique” pour prétendre qu’ils sont encerclés et qu’ils sont privés de ravitaillement, avait déclaré M. Berry. Nous demandons à nos fils, avait poursuivi M. Berry, de poser à ceux-là (les dirigeants du Hezbollah) deux questions : 1) Si vous êtes réellement encerclés, comment avez-vous pu vous maintenir dans la région d’Iqlim el-Touffah pendant des années, et quelqu’un peut-il dire que le mouvement Amal a dirigé des tirs contre vous ? 2) Celui qui peut acheminer 600 éléments armés et des canons de 120 mm, via Jezzine, pour occuper Iklim el-Touffah, en accord avec Lahad (le chef de l’armée du Liban-Sud, alliée d’Israël) et en accord avec ceux qui se tiennent derrière Lahad (allusion à Israël), ne peut-il pas acheminer du ravitaillement ? Nous mettons en garde nos fils contre le fait que le slogan de la réconciliation qu’ils brandissent (le Hezbollah) n’est qu’un leurre qui cache de nouveaux crimes, avait ajouté M. Berry. Celui qui veut la réconciliation ne lit pas une fatwa de l’imam Khomeyni alors qu’il prépare l’assassinat d’innocents. Ils ont lu la fatwa de Khomeyni un samedi, et le dimanche matin, le boucher a abattu sa proie » (Nabih Berry dixit).

L’Iran et Israël
M. Geagea a ensuite réfuté les accusations de collaboration avec Israël lancées par Hassan Nasrallah contre « certains chrétiens du 14 Mars ». Le leader des FL a indiqué qu’au début de 2008, un haut responsable iranien s’est rendu en Israël « afin de discuter d’un marché d’armes et d’une coopération militaire contre le programme nucléaire irakien ». « Israël a fourni à l’Iran des pièces de rechange pour les Phantom, et en contrepartie, l’imam Khomeyni a autorisé à un grand nombre de juifs iraniens de quitter l’Iran », a souligné M. Geagea qui a également relevé que l’imam Khomeyni avait donné son aval à l’achat d’armes en provenance d’Israël. « Il est clair que le discours de l’Iran hostile à Israël ne correspond pas à sa politique réelle », a ajouté le leader des FL qui a interrogé en outre Hassan Nasrallah sur son mutisme à la suite de la condamnation de « l’un des hauts responsables de votre allié, le Courant patriotique libre, Fayez Karam, pour collaboration avec Israël ».


Enfin, M. Geagea s’est élevé contre les propos de Nasrallah qui avait accusé « certains chrétiens du 14 Mars » de chercher à provoquer une confrontation sunnito-chiite. Le leader des FL a énuméré sur ce plan la longue liste d’agressions et d’exactions perpétrées par le Hezbollah contre des personnalités et des régions sunnites, ainsi que les occupations de mosquées sunnites, selon le témoignage de cheikh Mohammad Ali Jouzou, « qui montrent qui est la partie qui alimente en réalité la tension sunnito-chiite ».

 

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