Bahia Hariri à Mikati : Vous représentez une atteinte aux sunnites encore plus grave que l’assassinat de Rafic Hariri

Le ministre d’État Marwan Kheireddine a déploré hier les récents heurts à Saïda, les qualifiant d’ « inappropriés ». À l’instar des ministres ayant réagi aux incidents depuis dimanche, il a appelé les différentes parties à « se solidariser avec le Premier ministre ».
Du côté de l’opposition, en revanche, la députée Bahia Hariri a estimé que « lorsque la stabilité gouvernementale se fonde sur l’instabilité nationale, laissant couler du sang, c’est pour le pays que sonne le glas ». Dans une conférence de presse qu’elle a tenue à son domicile de Majdelyoun, la députée du courant du Futur a sévèrement critiqué la gestion des affaires de l’État par le Premier ministre Nagib Mikati. « J’espérais que vous n’alliez pas faire partie de cette phase sombre que traverse le Liban, a-t-elle déclaré. Le hajj efface toutes les erreurs mais pas celles ayant été marquées par le sang », a ajouté l’ancienne ministre en allusion au pèlerinage effectué par M. Mikati à La Mecque. « Vous représentez une atteinte (à votre communauté) encore plus grave que l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri », a affirmé la députée. « Le gouvernement juge la situation stable alors que les Libanais endurent les violences et les problèmes », a encore dénoncé Mme Hariri.
S’adressant également aux commandements de l’armée et des Forces de sécurité intérieure, la députée les a fermement mis en garde contre « toute négligence face à la colère des gens à Saïda ». « Attention de prendre des mesures injustes et biaisées! » leur a-t-elle encore lancé.

Saad Hariri
Par ailleurs, de Rome où il se trouve – et où il a conféré hier avec le chef de la diplomatie italienne – le leader du courant du Futur, Saad Hariri, a réaffirmé la nécessité d’un départ du gouvernement actuel. Soulignant que le Premier ministre Nagib Mikati et le Hezbollah sont « attachés au pouvoir », M. Hariri a fustigé la condition posée par Hassan Nasrallah (la reprise du dialogue, NDLR) pour accepter un changement ministériel. « Il existe des mécanismes constitutionnels pour faite chuter le gouvernement, mais Hassan Nasrallah nous dicte une nouvelle Constitution en voulant nous faire croire que la nouvelle voie à suivre à cette fin (pour obtenir un changement de gouvernement) est le dialogue », a ironisé Saad Hariri.
Le leader du courant du Futur a d’autre part rejeté les critiques formulées par Hassan Nasrallah contre le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea (que Nasrallah a accusé implicitement de vouloir provoquer une discorde sunnito-chiite). « Samir Geagea souligne que le Liban ne peut être géré que par les Libanais, loin de toute interférence étrangère, mais cette logique n’est pas conforme à l’attitude de ceux qui sont attachés au pouvoir, dont notamment le Hezbollah, et c’est pour cette raison que Geagea a été attaqué, a déclaré M. Hariri. Je suis allié à Samir Geagea, à Amine Gemayel et à toutes les factions du 14 Mars, et c’est pour cette raison qu’il (Nasrallah) a lancé des accusations contre nous », a conclu Saad Hariri.