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À La Une - Insolite

L’homme et la mer

Il se sent dans la mer... comme un poisson dans l’eau. Wassim Nasser nage comme il respire, tout le temps. Ce sport, une thérapie qui l’a aidé à surmonter un terrible accident de moto, une passion qu’il partage en l’enseignant, est devenu un défi puisqu’il ambitionne de battre le record de 45 km en mer, le 10 juin prochain.

Wassim Nasser dans son élément au Metropolitan Club.

Il a les yeux d’un bleu si profond qu’il semble l’avoir emprunté à son univers préféré, la mer. Ce milieu devenu son milieu naturel. Moniteur de natation, Wassim Nasser, qui fut champion du Liban il y a plusieurs années, continue de s’entraîner de longues heures pour repousser ses limites et se lancer de nouveaux défis. À 37 ans, il va tenter, le 10 juin prochain, de remporter le titre du « Marathon Open Water » sur 45 km en pleine mer. Alors que le précédent record avait été établi par un Égyptien, Izzat Abou al-Hof, en... 1973, sur une distance de 40 km.
« Pourtant, avoue-t-il, à l’âge de 5 ans, lorsque mon père a voulu nous apprendre à nager, mes frères et moi, j’avais la phobie de l’eau. » Tout seul, les deux années suivantes, l’enfant se rapproche de l’eau, apprivoise la petite piscine à sa manière, douce. Puis il tente la mer, avec une bouée plus grande que lui. Et ça marche. Il rencontre un nageur qui reliait alors Ramlet el-Baïda au Sporting à coup d’interminables brasses. Wassim est fasciné par « Ammo Fouad ». « J’ai nagé à côté de lui pendant des années, il m’a tout appris. »
À 13 ans, le professionnel en devenir démarre des entraînements sérieux et participe, entre 1991 et 1998, à de nombreux championnats libanais dont il remporte une grande partie dans différentes disciplines.Dans le civil, il devient moniteur de natation et travaille pour les plus grands clubs de la ville. Puis vint 2000...

Le drame et ses conséquences
Sa vie, alors un long fleuve salé mais tranquille, se voit complètement démontée par un accident de moto qui le brise. Cinq mois à l’hôpital, une prothèse à la hanche, des douleurs et une souffrance indescriptibles le précipitent vers une dépression profonde. À 25 ans et 45 kilos, les médecins lui annoncent, à sa sortie sur un walker, qu’« il ne sera jamais plus comme avant et qu’il lui faudra beaucoup de temps et de patience pour se remettre un peu... ».
« J’ai alors demandé à des amis, eux-mêmes nageurs professionnels, de m’emmener à un club de natation et de me jeter à l’eau. » Au contact de l’eau, Wassim se sent très vite renaître, retrouver force, dignité et espoir. « Je me suis remis à vivre... » Pendant trois mois, et suivant ce même scénario d’un entraînement quotidien de cinq heures, il se remet à marcher normalement, à la grande surprise du personnel soignant. Il reprend son métier, entraîne des nageurs de « 1 à 90 ans », ouvre une école de natation à Cap-sur-Ville et devient l’entraîneur principal du Metropolitan Club de Beyrouth. Son ambition, folle, depuis 10 ans, est de briser le record de natation de 40 km, vieux de 39 ans. Chaque semaine, il avale 120 km, entre Damour-Beyrouth, Jiyeh-Beyrouth, plonge à 5 heures du matin dans la grande bleue pour en ressortir une dizaine d’heures plus tard. Encouragé et sponsorisé par Gaby Bustros, directeur général du Metropolitan Club, assisté par des médecins, des nutritionnistes et des entraîneurs, il croit en sa victoire. « Wassim ne nage pas, explique ce dernier, il marche sur l’eau. C’est magique. Il a, plus que des capacités, un don rare. J’adore le sport et je suis touché par les efforts qu’il déploie au quotidien pour atteindre son objectif. Lorsque je peux aider, j’essaie de le faire avec chacun de nos collaborateurs. »
La date du 10 juin, fixée en fonction des prévisions météorologiques de l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth, semble idéale, par rapport à la force des vents et des courants ce jour-là. « Je fais ça pour moi, pour accomplir une victoire qui m’est très chère », ne cesse de répéter Wassim Nasser.
Et, dit-il, pour garder des traces de cette passion et la partager avec le plus grand nombre, le sportif prépare un livre, qui sera rédigé « d’une manière académique et facile à lire » en langue arabe par un auteur libanais, également son ami, Tony Neessy. Tous les sujets liés à la natation seront développés : l’histoire du sport, les performances, les premiers nageurs, les premières piscines, la nutrition, les dangers de l’eau, le tout accompagné de 400 photos « prises sous l’eau », souligne-t-il avec le sourire éclatant d’un homme fier. Une version anglaise est également prévue.
Serein, patient, bien dans sa tête et dans son corps, l’homme qui passe des heures à nager sans penser à rien, sinon à son objectif et au bonheur du moment, retient son souffle avant le 10 juin. Affaire à suivre...
Il a les yeux d’un bleu si profond qu’il semble l’avoir emprunté à son univers préféré, la mer. Ce milieu devenu son milieu naturel. Moniteur de natation, Wassim Nasser, qui fut champion du Liban il y a plusieurs années, continue de s’entraîner de longues heures pour repousser ses limites et se lancer de nouveaux défis. À 37 ans, il va tenter, le 10 juin prochain, de...
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