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Nos Lecteurs ont la Parole

Le risque d’une longue guerre

Alors que l’initiative menée par M. Kofi Annan est à son début et que les grandes puissances occidentales tempèrent leurs ardeurs guerrières vis-à-vis de la Syrie ; alors que la Russie s’efforce de trouver un terrain d’entente pour éviter un bain de sang généralisé, l’Arabie saoudite achemine des armes via la Jordanie (une dépêche de l’AFP du 18 mars) aux rebelles syriens. C’est là une nouvelle étape du conflit intersyrien qui indique que cette crise sera longue et meurtrière. Ce qui risque d’arriver en Syrie et dans la région, c’est une déflagration généralisée si cette politique jordano-saoudienne se confirme.


La guerre sans merci entre les protagonistes qui commence à être remportée par le régime syrien contre les « rebelles », dont les puissances occidentales commencent à se méfier car il les suppose contrôlés par les extrémistes de tous bords, risque de s’aggraver avec l’acheminement des renforts du « frère » saoudien via le « petit frère » jordanien. Le renforcement de la capacité combative des « rebelles », aux dépens d’une solution politique menée par M. Annan, risque d’avoir des conséquences désastreuses sur la Syrie en premier lieu, et sur la région par débordement. La Syrie risque de sombrer dans une guerre civile avec comme résultat un démembrement du pays (voir mon article « Vers un démembrement de la Syrie » publié dans L’Orient-Le Jour du 22 novembre 2011), avec ses cortèges de morts et de destructions. Les États voisins se verront impliqués au cas où les actions d’une Syrie aguerrie et mise au pied du mur déborderaient sur les pays qui aident les rebelles (Jordanie, Arabie saoudite), et c’est peut-être ce que cherchent ces pays pour mettre la communauté internationale au pied du mur et la pousser à intervenir militairement, avec la perspective d’un scénario à la libyenne dans le but d’abattre le pouvoir alaouite et de le remplacer par un régime sunnite qui risque, par les temps qui courent, d’être islamiste.


L’Arabie saoudite et la Jordanie jouent ainsi avec le feu car s’ils seront euphoriques à l’annonce des premiers résultats de leurs actions, ils pourraient regretter amèrement de s’être aventurés dans une voie dont les résultats finaux seraient désastreux aussi pour eux. En effet, leurs régimes respectifs ne sont pas à l’abri des révoltes internes, mais aussi orchestrées tant par leurs amis islamistes, dont l’appétit est débordant, que par leurs ennemis iraniens qui risquent fort de faire bouger Bahreïn et le Qatar.


Les Occidentaux ont montré leur hostilité à approvisionner en armes une « opposition » divisée d’un côté et une « armée libre » dont les objectifs ne sont pas clairs de l’autre, surtout qu’ils ont vu que les prémices d’un nettoyage religieux ont été entamés à Homs où, il y a quelques jours, la dernière famille chrétienne a été contrainte de quitter la ville.


D’un autre côté, sous la pression de la Russie qui commence à s’impatienter face aux atermoiements de Damas, le régime syrien pourrait essayer de désamorcer la crise en accélérant les réformes. Cependant, un régime qui a perdu tant de chances de résoudre une crise n’ayant commencé à Deraa que par des manifestations ne demandant que la levée de l’état d’urgence mais alors par aveuglement réprimées dans le sang, a tous les risques de continuer sur la même voie.


Le cycle de violence nous conduira nécessairement vers l’abîme. Abyssus abyssum invocat.

Joseph W. ZOGHBI

Alors que l’initiative menée par M. Kofi Annan est à son début et que les grandes puissances occidentales tempèrent leurs ardeurs guerrières vis-à-vis de la Syrie ; alors que la Russie s’efforce de trouver un terrain d’entente pour éviter un bain de sang généralisé, l’Arabie saoudite achemine des armes via la Jordanie (une dépêche de l’AFP du 18 mars) aux rebelles syriens....

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