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Syrie : l’internationalisation, malgré le sommet arabe

Les ministres des Affaires étrangères arabes ne demandent ni le départ d’Assad ni l’armement de la rébellion ; Assad doit « se démettre », insistent les États-Unis.

Certaines rues de Homs ont été complètement détruites par les affrontements entre l’armée loyaliste et les rebelles.        Photo Reuters/Karam Karam

Les ministres arabes des Affaires étrangères soumettront aujourd’hui aux chefs d’État un projet de résolution ne faisant pas mention de deux sujets litigieux : le départ du président syrien Bachar el-Assad et l’armement des rebelles syriens. Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a fait cette déclaration hier soir lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une réunion de cinq heures destinée à mettre la touche finale à la « déclaration de Bagdad », issue du sommet. « L’initiative de la Ligue arabe (du 22 janvier) était claire et ne demandait pas le départ de Bachar. Nous (les ministres arabes des Affaires étrangères) nous ne demandions pas cela non plus et la décision n’ira pas dans cette direction », a-t-il ainsi précisé, insistant que « c’est au peuple syrien de décider, de choisir, d’élire ses dirigeants. Ce n’est pas à la Ligue ou à qui que ce soit d’autre en fait de dicter qui les Syriens devraient choisir ».

 

Il en va de même pour ce qui est d’éventuelles livraisons d’armes à l’opposition syrienne : « Nous n’en avons pas du tout parlé », a répondu M. Zebari interrogé à ce sujet, alors que l’Arabie saoudite et le Qatar se sont récemment dits favorables à de telles livraisons.

 

L’internationalisation

Concernant l’acceptation du plan de l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan par Damas, « c’est une avancée très importante que la Syrie ait accepté ce plan », a déclaré M. Zebari, ajoutant que « c’est l’occasion de la dernière chance pour la Syrie et il faut qu’on voie les résultats sur le terrain ». À ce propos, il a fait preuve de septicisme quant à la réussite de la mission Annan, précisant que la « crise est déjà sortie du contexte purement arabe et s’est internationalisée depuis un certain temps déjà ».

 

La Syrie a toutefois averti qu’elle rejetterait toute nouvelle initiative émanant du sommet de Bagdad. « Depuis sa suspension de la Ligue arabe, la Syrie traite avec les États membres de cette organisation à titre bilatéral. La Syrie rejettera par conséquent toute initiative émanant de la Ligue arabe, à quel niveau que ce soit », a ainsi déclaré Jihad Makdessi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

 

L’Irak, qui s’est jusqu’ici montré relativement en retrait sur le dossier syrien par rapport à la plupart des pays arabes, avait auparavant fait savoir qu’il allait proposer au sommet qu’une personnalité syrienne choisie par les autorités syriennes et l’opposition mène les négociations entre les deux parties et avec l’extérieur. Il s’agit de « transférer les pouvoirs à une personne dont les autorités et l’opposition en Syrie pensent qu’elle peut mener des négociations et un dialogue sérieux », a expliqué le porte-parole du gouvernement irakien Ali Dabbagh. Cette proposition vise à trouver une voie de compromis suite au refus de l’opposition de négocier avec le président Bachar el-Assad.

 

Treize ministres des Affaires étrangères étaient présents au palais républicain, construit par Saddam Hussein et qui se trouve dans la Zone verte, secteur ultraprotégé au centre de Bagdad. Les autres pays avaient envoyé des secrétaires d’État ou des ambassadeurs, selon une source officielle. La Ligue arabe compte 22 membres, mais la Syrie est absente depuis sa suspension. M. Zebari a en outre annoncé que dix chefs d’État ou de gouvernement participeront au sommet et six d’entre eux étaient arrivés hier soir.

 

« Accueillir le sommet arabe à Bagdad est un message que l’Irak est de retour dans son environnement arabe et régional après avoir été isolé depuis 1990 », date de l’invasion par Saddam Hussein du Koweït, a relevé le ministre.

Outre la Syrie, la résolution doit aussi aborder les questions palestinienne, la Somalie et les armes nucléaires détenues par Israël. « C’est une réunion historique car le texte n’abordera que neuf sujets contre 40 habituellement », a confié M. Zebari. La séance, dont la majeure partie était à huis-clos, a été ouverte par le chef de la diplomatie libyenne Achour Ben Khayal, dont le pays avait accueilli en 2010 à Syrte le précédent sommet arabe.

 

Ban, Moscou, Pékin

Parallèlement, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé Bachar el-Assad à appliquer « immédiatement » le plan prévoyant notamment la cessation des violences par toutes les parties, la fourniture d’aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement. Cette décision est « un important pas initial », a ainsi estimé M. Ban, tout en soulignant qu’il « n’y a pas de temps à perdre ». « Nous exigeons la mise en œuvre complète du plan de paix (...) à commencer par l’arrêt immédiat de la répression », a indiqué de son côté le ministère français des Affaires étrangères Alain Juppé, précisant que la réunion des Amis de la Syrie dimanche à Istanbul permettra de voir si le président syrien applique réellement ou non le plan Annan. De même, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a appelé hier la Syrie à appliquer en urgence la proposition en six points de l’émissaire onusien, affirmant que Damas serait jugé sur les actes et non sur les paroles. En fin de soirée, la Maison-Blanche a insisté que « Bachar el-Assad doit se démettre malgré le plan de paix pour la Syrie ».

 

En outre, la Chine a indiqué hier espérer que le régime et l’opposition syrienne respecteraient leurs « engagements » dans le cadre du plan Annan, tandis que Moscou, autre grand allié de Damas, appelait aussi l’opposition à « suivre l’exemple de Damas » et à accepter « clairement » le plan.

 

L’acceptation par Damas du plan de sortie de crise suscitait toutefois le scepticisme de la communauté internationale. « Les arrestations et la violence se poursuivent en Syrie aujourd’hui », a ainsi constaté la porte-parole du département d’État américain Victoria Nuland, ajoutant qu’il « est clair qu’Assad n’a pas pris les mesures nécessaires pour appliquer le plan ».

 

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est arrivé hier à Téhéran pour des discussions portant notamment sur la Syrie. Rappelons qu’Ankara s’oppose à Téhéran sur le dossier syrien, surtout qu’Erdogan a appelé à la démission de Bachar el-Assad, alors que l’Iran continue de soutenir son allié syrien. Une source turque a minimisé la possibilité de discorde entre les deux pays. « Ils respectent notre leadership et nos opinions. Nous entretenons une bonne coopération avec l’Iran et nous souhaitons apporter de la stabilité à la région », a-t-il confié. Mais un diplomate iranien juge au contraire que la position de la Turquie sur la Syrie a détérioré les relations bilatérales. Enfin, Kofi Annan ne se rendra pas la semaine prochaine à Téhéran, a annoncé hier son porte-parole, démentant ainsi des déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères.

 

Les ministres arabes des Affaires étrangères soumettront aujourd’hui aux chefs d’État un projet de résolution ne faisant pas mention de deux sujets litigieux : le départ du président syrien Bachar el-Assad et l’armement des rebelles syriens. Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a fait cette déclaration hier soir lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une...

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