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Violence, souffrances et militantisme : des femmes témoignent

Malalai Joya : La situation de l’Afghane empire de jour en jour

Malalai Joya : « Les USA ont opté pour les chefs de guerre afin de servir leurs propres intérêts. »

Quand on lui pose la question sur la condition des femmes en Afghanistan, Malalai Joya, jeune militante et ancienne parlementaire dans son pays, brosse un portrait tissé d’horreurs. Un portrait qui prouve que la condition féminine ne s’est en rien améliorée depuis le départ des Talibans du pouvoir, après l’invasion américaine de ce pays en 2001.
« Malheureusement, la situation catastrophique des femmes sous le régime des Talibans a servi d’excuse aux Américains et à l’OTAN pour envahir notre pays, affirme d’emblée Malalai. Après la tragédie du 11-Septembre (2001, attaques terroristes contre New York et Washington, menées par el-Qaëda et leurs alliés talibans), les Américains ont remplacé les Talibans fondamentalistes par des chefs de guerre terroristes en Afghanistan. Or, les deux ont une mentalité similaire. Ils sont misogynes et violents comme les Talibans. Durant leur bref règne à Kaboul de 1992 à 1996, ils ont tué 65 000 innocents. Ils ont été jusqu’à violer des grands-mères et des filles de sept ans. Ils ont du sang sur les mains et terrorisent le peuple afghan. »
Selon Malalai, la situation empire de jour en jour, pour les hommes et les femmes, mais surtout pour ces dernières. « Aujourd’hui, les cas de viols ont atteint un niveau historique en Afghanistan, assure-t-elle. Des bébés de sept mois, des fillettes de 14 ans qu’on kidnappe sur la route de l’école pour les agresser sexuellement, des femmes qu’on mutile, leur coupant le nez ou les oreilles, des suicides... Les agressions contre les femmes se multiplient à un rythme effréné. Et, cerise sur le gâteau, après 10 ans de règne, les Talibans sont invités à se joindre à ce régime fantoche, corrompu et mafieux, de Hamid Karzai (le président afghan). Si cela arrive, les gens au pouvoir seront encore plus violents et les femmes paieront le prix une fois de plus. »
À la question de savoir pourquoi elle fait assumer la responsabilité principale de cette situation aux Américains et à l’OTAN, Malalai souligne qu’à la suite des attentats du 11-Septembre, « les Afghans ont réellement cru que cette intervention américaine dans leur pays sera au bénéfice des droits de l’homme ». « Or, les USA ont opté pour les chefs de guerre afin de servir leurs propres intérêts, ajoute-t-elle. Ceux-là même qui avaient été déboutés quelques années plus tôt par les Talibans. Les États-Unis ont investi des milliards de dollars à leurs profits. Bref, la situation est pire. »
En tant que femme, comment lutte-t-elle aujourd’hui pour ses droits et pour le changement ? À cette question, l’ancienne parlementaire précise qu’elle milite actuellement en solo et elle explique pourquoi : « En 2003, j’ai prononcé un discours qui a fait tomber le masque des chefs de guerre. Depuis, ma vie est en danger. Ces chefs de guerre ont tenté à maintes reprises de m’assassiner. Je dois continuellement changer de domicile à Kaboul. Même la burka et les gardes du corps ne suffisent pas à assurer ma sécurité. Mais je reste active. Les gens me demandent de fonder un parti ou une sorte de rassemblement. Toutefois, cela n’est pas ma priorité pour le moment. J’œuvre pour la sensibilisation de mon peuple, notamment les femmes, à leur identité, à leurs droits. Fonder un parti, c’est facile, mais je ne veux pas me transformer en symbole. Je me contente de rester à côté de mon peuple, de militer pour les droits humains et lutter contre l’occupation. »
Interrogée sur d’éventuels soutiens extérieurs, Malalai rend hommage aux nombreuses personnes qui l’appuient à travers le monde, l’invitant à prendre part à des événements comme NAWF, afin de parler au nom de son peuple. « Malheureusement, je ne peux pas répondre favorablement à toutes les invitations, il me faut après tout rester en Afghanistan, dit-elle. C’est la première fois que je viens au Liban défendre la cause de mon peuple. »
Malalai Joya en appelle enfin « à la solidarité internationale et à l’aide à l’éducation, qui mènera à la sensibilisation et à l’émancipation, spécialement celle des femmes ».
               

S. B.

Quand on lui pose la question sur la condition des femmes en Afghanistan, Malalai Joya, jeune militante et ancienne parlementaire dans son pays, brosse un portrait tissé d’horreurs. Un portrait qui prouve que la condition féminine ne s’est en rien améliorée depuis le départ des Talibans du pouvoir, après l’invasion américaine de ce pays en 2001. « Malheureusement, la...