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Violence, souffrances et militantisme : des femmes témoignent

Lamiss Dhaif : La révolution bahreïnie survivra

Lamiss Dhaif : « Toutes les femmes sont descendues dans la rue pour un avenir meilleur. »

Journaliste bahreïnie exilée par les autorités de son pays pour son soutien à la révolution, qui avait éclaté dans les premiers mois de 2011, la charismatique Lamiss Dhaif n’a pas hésité, au cours de la session à laquelle elle a pris part dans le NAWF, à réprimander les organisateurs d’avoir oublié de mentionner la révolution bahreïnie dans leur énumération des rébellions du « printemps arabe ».
La jeune femme explique à L’Orient-Le Jour pourquoi, selon elle, le soulèvement au Bahreïn est aujourd’hui l’oublié du printemps arabe. « Notre présence dans les médias est la plus rare, répond-elle. Parfois, des événements très importants ont lieu dans notre pays, relayés par des médias étrangers mais ignorés par ceux qui sont à proximité. Je crois que cela est dû d’une part à la peur et d’autre part à la cupidité. Personne ne veut mécontenter les pays pétroliers, avec leurs systèmes tribaux et dictatoriaux. »
Les manifestations au Bahreïn ont, suivant les nouvelles qui nous sont parvenues de ce pays, tourné au conflit interne confessionnel. Pense-t-elle que la diffusion de ces informations avait pour but d’étouffer dans l’œuf ce soulèvement ? « Tout régime arabe chancelant a recours à ce stratagème afin de semer la discorde au sein du peuple et sauver sa peau, assure Lamiss. Vous pouvez constater, aujourd’hui, des conflits internes en Égypte, en Syrie, au Yémen... Aucune révolution n’échappera à ces tentatives de disperser les rangs. La révolution a éclaté à Bahreïn sur des bases nationales claires, mais les autorités ont “acheté” certaines voix et ont semé la discorde. Cela vous montre combien nos autorités sont égoïstes, préférant voir le pays entier sombrer afin de se maintenir au pouvoir. »
Interrogée sur les objectifs de la révolution au Bahreïn, la journaliste évoque la revendication principale : une monarchie constitutionnelle. « Nous voulons un Premier ministre élu, dit-elle. C’est la revendication principale, de laquelle découlent toutes les autres. On ne peut qu’apprécier le caractère logique de cette revendication dès lors que l’on sait que le même Premier ministre est en place depuis quarante ans ! Le peuple a le droit d’exprimer son ras-le-bol. »
Sur le rôle de la femme bahreïnie dans la révolution, Lamiss parle « de médecins, d’éducatrices, de femmes au foyer, qui sont toutes descendues dans la rue, l’analphabète avant la femme éduquée, pour un avenir meilleur ». « C’est l’une des grandes réalisations de cette révolution d’avoir unifié toutes les catégories sociales », poursuit-elle.
Le fait qu’elle soit une femme l’a-t-elle davantage exposée aux attaques et aux critiques qui ont finalement mené à son expulsion du pays ? « Dans nos sociétés, la femme, particulièrement la jeune femme, est une cible facile, dit-elle. La chasse aux sorcières se poursuit de nos jours, il suffit de lancer une seule rumeur à propos d’une femme pour la brûler vive. On m’a effectivement menacée de salir ma réputation, et on a fait circuler des rumeurs sur mon compte qui m’ont privée de plusieurs postes que j’occupais. Ma famille a également souffert. Mais la lutte pour mon pays en vaut la peine. »
La jeune femme affirme souffrir de son éloignement de la cellule familiale, depuis qu’elle a été exilée. Aujourd’hui, le principal média sur lequel compte Lamiss Dhaif, ce sont les médias sociaux. Elle a, selon elle, non moins de 60 000 personnes qui la suivent sur Twitter, quelque 24 000 sur Facebook et 40 000 qui correspondent avec elle par e-mail. « Personne ne pourra me faire taire », affirme-t-elle.
Quelles perspectives pour la révolution bahreïnie ? « Je crois que la route est longue, parce que personne ne nous aide, répond Lamiss. Bien au contraire, nombreux sont ceux qui veulent nous garder la tête sous l’eau. Mais nous nous sommes promis d’aller jusqu’au bout et nous ne renoncerons pas au but. Ce qu’on retiendra de la révolution bahreïnie, c’est que tout le monde aura voulu la noyer, mais qu’elle aura survécu. »
Journaliste bahreïnie exilée par les autorités de son pays pour son soutien à la révolution, qui avait éclaté dans les premiers mois de 2011, la charismatique Lamiss Dhaif n’a pas hésité, au cours de la session à laquelle elle a pris part dans le NAWF, à réprimander les organisateurs d’avoir oublié de mentionner la révolution bahreïnie dans leur énumération des...