Rechercher
Rechercher

Violence, souffrances et militantisme : des femmes témoignent

Bothaïna Kamel : L’Égypte est en train de réécrire son histoire

Bothaïna Kamel : « En Égypte, la révolution ne fait que commencer, parce que jusqu’à présent nous n’avons réalisé aucune de nos revendications. »

Militante égyptienne pour les droits de l’homme depuis de longues années et candidate aux prochaines élections présidentielles en Égypte, Bothaïna Kamel est l’un des artisans de la révolution du 25 janvier 2011. Cette femme qui a présenté des années durant les informations à la télévision égyptienne, « lorsque je me suis lancée dans ma carrière, nous n’avions pas d’autres télévisions dans le pays », confie être « l’une des victimes de cette révolution ».
« Comme j’avais participé aux manifestations, j’étais convaincue que le conseil militaire du (président Hosni) Moubarak ne pouvait pas être garant de la démocratie, ni de la révolution égyptienne », confie Bothaïna Kamel qui, en 2005 et « suite à des agressions perpétrées par les “baltaghia” (voyous, NDLR) du Parti national et du ministère de l’Intérieur contre des militantes et des journalistes femmes devant le siège de l’ordre des journalistes », a décidé de « ne plus garder le silence » et a arrêté de « présenter le journal officiel mensonger ».
« Les critiques que je proférais contre ce conseil l’ont poussé à m’intenter en mai dernier deux procès auprès du tribunal militaire, poursuit-elle. De plus, je fais l’objet de campagnes de diffamation et on m’adresse des menaces. Néanmoins, ce sont les plus beaux moments de ma vie, parce que nous sommes en train de réécrire l’histoire de l’Égypte. C’est une occasion que je ne peux pas rater. »
Convaincue qu’une femme doit être au nombre des candidats à la présidentielle et le fait « de constater que la révolution égyptienne est en train d’être confisquée aux jeunes et à ses artisans » ont poussé Bothaïna Kamel à se présenter aux prochaines élections. « J’ai annoncé ma candidature à partir d’un petit village près de Louxor, souligne-t-elle. La rue m’accepte, mais cela ne signifie pas nécessairement que je serais élue, parce que l’un des problèmes que je rencontre est celui du financement de ma campagne. En Égypte, nous passons par une période au cours de laquelle les symboles de la révolution sont en train d’être poursuivis, accusés de trahison et jugés par le tribunal militaire. De ce fait, je sens un certain malaise à parler d’une campagne présidentielle au moment où les droits des prisonniers, des blessés et des martyrs ne sont pas reconnus. »
La campagne présidentielle de Bothaïna Kamel est basée sur la lutte contre la pauvreté et la corruption. « Je crois en l’économie mixte et à la nécessité de mettre des garde-fous à l’économie libre, explique-t-elle. Je crois aussi en l’individu et dans la société civile qui a un important rôle à jouer dans la prochaine étape. Pendant des décennies, on a ancré dans l’esprit du peuple que le président était un Dieu que tout le monde devait servir. Désormais, cela n’est plus de mise. Le géant égyptien s’est réveillé d’un long sommeil. Et le prochain président égyptien, quel qu’il soit, sera confronté à un peuple combatif et têtu. »
Malgré cela, de longs défis sont encore à relever en Égypte. « Aujourd’hui, la question qui se pose est celle de savoir si nous devons, ou non, descendre dans la rue pour une nouvelle révolution, insiste Bothaïna Kamel. Actuellement en Égypte, nous constatons une alliance entre le fascisme militaire et le fascisme religieux. Mais je suis sûre que nous leur inculquerons une leçon de respect du peuple et de la différence. L’Égypte est pour tout le peuple. Et celui qui croit qu’il peut gouverner par la violence se trompe. »
En Égypte, « la révolution ne fait que commencer, parce que jusqu’à présent nous n’avons réalisé aucune de nos revendications », affirme encore la candidate à la présidentielle. « Le 25 janvier 2011, nous sommes sortis protester contre la torture et les abus du ministère de l’Intérieur, ajoute-t-elle. Jusqu’à présent, ces agissements se poursuivent. Le peuple égyptien a droit à la liberté et à la dignité ».
Militante égyptienne pour les droits de l’homme depuis de longues années et candidate aux prochaines élections présidentielles en Égypte, Bothaïna Kamel est l’un des artisans de la révolution du 25 janvier 2011. Cette femme qui a présenté des années durant les informations à la télévision égyptienne, « lorsque je me suis lancée dans ma carrière, nous n’avions...