La foule rassemblée au stade Fouad Chéhab, à Jounieh. Photo Michel Sayegh
L’office religieux a été célébré par le cardinal, en présence du président du conseil exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, et de toutes les composantes du mouvement du 14 Mars.
Le mauvais temps et la pluie torrentielle n’ont pas empêché des milliers de militants FL de converger des quatre coins du Liban vers Jounieh pour la messe, célébrée chaque année à la mémoire des combattants du parti.
Les convois ont commencé à arriver vers le chef-lieu du Kesrouan quelques heures avant le début de l’office religieux. Certains participants sont venus en famille ou entre amis, d’autres en délégations organisées à partir de dizaines de localités libanaises.
Il y avait parmi eux beaucoup d’anciens combattants et aussi des personnes qui ont perdu un frère, un père ou un ami au front.
Jean Chawa est sexagénaire. Il est originaire d’Achrafieh. « J’ai perdu trois de mes frères et sœurs. Ils sont morts en martyrs. Mon frère Tony a été tué à la maison, perquisitionnée par des miliciens de gauche en 1977. Il avait 22 ans. En 1979, mon frère Chéhadé a péri dans une embuscade préparée par l’armée syrienne, dans le secteur Nahr. Il avait 19 ans. Ma sœur Marie est morte d’un éclat d’obus de l’armée syrienne alors qu’on célébrait le quarantième de Chéhadé. »
Toubia Toubia, quinquagénaire, participe pour la première fois à la messe. Il est originaire de Eddé, Batroun. « Mon cousin germain est un martyr. Il a été enlevé du village par les Syriens. Ils l’ont amené à leur centre de services de renseignements, à Haykalieh, à Tripoli. Il n’a pas tenu le coup longtemps. Il est mort sous la torture. Il avait 18 ans, c’était en 1979. »
Toubia, lui, est parti aux États-Unis en 1997. « C’est la première fois que je suis au Liban au moment de la messe. Il est impossible que je sois dans le pays sans prendre part à cette occasion », explique-t-il. Jusqu’en 1994, Toubia travaillait auprès des services de sécurité extérieure (service de renseignements) des Forces libanaises. Nombre de ses camarades ont été arrêtés ou encore jugés par contumace sous l’occupation syrienne.
Il y avait aussi beaucoup d’enfants accompagnant leurs parents, comme Simon, huit ans, qui est venu avec son père Khalil Tabet, originaire de Deir el-Qamar et qui était sur une barricade de Beyrouth au moment du siège de la capitale du Chouf en 1983. « Chaque année, je viens avec mes enfants à la messe. Pour moi, c’est comme un devoir envers mes camarades tombés pour que nos familles vivent dans la dignité », dit-il
Il y avait également beaucoup de jeunes, nombre d’entre eux nés après 1990, année marquant la fin de la guerre du Liban. Certains se souviennent d’un parent proche tué au front, alors que d’autres vouent une admiration hors normes aux « Sadm », qui était l’unité de commandos des Forces libanaises durant la guerre, arborant des tee-shirts et des drapeaux noirs, frappés d’un crâne ailé transpercé d’une épée, sigle de cette unité spéciale. Même s’ils savent que les drapeaux noirs qu’on brandit à une bataille marquent le début des combats alors que le Liban vit actuellement en paix, ces jeunes insistent : « Cette unité était la plus courageuse. Nous aussi, s’il le faut, nous n’avons pas peur de mourir pour le Liban. »
Toutes les personnes présentes hier à la messe expliquent que les Forces libanaises ont lutté pour protéger les chrétiens du Liban, qu’elles étaient et qu’elles resteront les seules à le faire. La grande majorité se sent toujours en danger « à cause des armes du Hezbollah » ou à cause des pays voisins où les chrétiens sont minoritaires, donnant l’exemple de l’Irak et de la Palestine qui se sont vidés au fil des ans de leurs chrétiens. Et toutes conviennent que les chrétiens du Liban auraient perdu leur pays si les Forces libanaises n’avaient pas pris les armes pour les protéger.
Samedi, le stade Fouad Chéhab était décoré d’un impressionnant portait du fondateur des FL, Bachir Gemayel, ainsi que d’un important panneau où l’on pouvait voir les portraits de personnalités assassinées entre 2005 et 2008, allant de Rafic Hariri à Wissam Eid. Alors qu’au-dessus de l’autel, sur deux écrans, défilaient les noms de plus de 30 000 hommes et femmes tombés au combat.
Dès vendredi, les organisateurs se sont préparés pour protéger les participants de la pluie. Une tente géante a été dressée au-dessus de l’autel et de l’espace consacré aux VIP.
Le chef des FL a certes été vivement acclamé par les siens. Mais s’il y a quelqu’un qui a été applaudi plus que Samir Geagea, c’était bien le cardinal Sfeir, qui a eu droit à deux ovations debout, l’une de huit minutes à son arrivée, qui a provoqué une vive émotion auprès du chef des FL, et la seconde à la fin de la cérémonie. Prenant le micro à cet instant, Mgr Sfeir a prononcé une courte phrase à l’intention des jeunes présents : « Je vous souhaite un meilleur avenir que ces misérables jours que nous vivons actuellement. »
Monsieur André Jabbour, les forces Libanaises et les Kataëb sont pour l'élection de chaque communauté de ses propres députés. Donc, ils sont certains qu'ils iront au Parlement uniquement par les voix chrétiennes, quand d'autes ne le sont pas. Sinon, ils accepteraient de même. Anastase Tsiris
09 h 04, le 26 septembre 2011