Mi-gentil, mi-méchant

Qui c’est qui est très gentil ? (les gentils)
Qui c’est qui est très méchant ? (les méchants )
Qui fait les économies ? (les gentils)
Et qui gaspille son argent ? (les méchants)
Qui c’est qui vend les fusils ? (les gentils)
Qui c’est qui se retrouve devant ? (les méchants)
Pour qui t’as de l’antipathie ? (les gentils)
Pour qui t’as un gros penchant ? (les méchants ).
Michel Fugain a bien raison. Le monde est ainsi fait. Injuste, tout simplement. Depuis qu’il a été créé, l’univers est peuplé de méchants et de gentils. De millions de Caien et Abel. Et pourtant, le méchant continue à procréer et à enfanter des méchants. Dans les films, le méchant est toujours sympathique. Il sait se faire aimer, se frayer une place. Son rôle est plus drôle, a plus d’aspérités, alors que celui du gentil est plat et neutre. Le spectateur est tellement content quand un méchant devient gentil et qu’il bascule de l’autre côté du miroir, alors qu’il s’attend toujours à ce qu’un gentil ait au fond, tout au fond de lui son côté méchant.
La belle jeune fille droite, timide et honnête s’éprend toujours d’un méchant et Danny Zucko, alias John Travolta, a besoin de laisser tomber son blouson de méchant et reluire son rutilant bolide pour redevenir ce qu’il était. Apparemment gentil. Un méchant a toujours des habits de méchant, noir de surcroît. À la Lee Van Cleef.
Un méchant voudrait devenir gentil, mais il ne sait pas comment s’y prendre. D’ailleurs, il a toujours un point noir dans son passé qui l’en empêche. Et probablement que son monde de méchants est plus intéressant et moins ennuyeux que celui des gentils.
Enfin, dans les films - et de plus en plus -, il n’y a plus de frontières ni de limites entre le monde des gentils et celui des méchants. Tout s’enchevêtre, se noue, se mélange. Les cartes sont brouillées. Ne dit-on pas que la nuit tous les chats sont gris ? Alors seraient-ce les gentils qui sont tous méchants ou les méchants qui sont tous gentils ?