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Diaspora - Diaspora

Les Libanais en Roumanie, une adaptation rapide et un succès marqué dans le monde des affaires

Bucarest, « le petit Paris », la destination la plus attirante de l'Europe de l'Est. Beyrouth, « Paris de l'Orient », la destination la plus irrésistible du Moyen-Orient. Un « couple » qui s'est montré solidaire au cours des années de guerre, lorsque Bucarest a accueilli les Libanais à cœur ouvert.

Le château de Bran, château de Dracula.

Les Libanais, qui n'oublient jamais le pays qui les a accueillis dans les moments les plus difficiles, ont investi dans divers domaines en Roumanie et relancé le marché roumain, surtout après la chute du régime communiste dans les années 90. À cette époque, les besoins de la Roumanie en termes de développement étaient énormes. Qui sont ces Libanais ? Qu'ont-ils fait pour la Roumanie ? Que pensent-ils de leur pays natal et de son destin ? Des questions auxquelles l'ambassade de Roumanie au Liban a voulu répondre par le biais d'un voyage d'information organisé par BLOM Bank France-Roumanie, en collaboration avec L'Orient-Le Jour. Un voyage d'enquête et de découvertes par excellence, mais aussi de rencontres avec des personnalités de premier plan.

Pourquoi la Roumanie ?
C'est grâce à l'esprit aventurier des Libanais que la relation Beyrouth-Bucarest a commencé à se développer dès les années 70. La capitale roumaine était une ville qui attirait les étudiants libanais du fait de la vie facile qu'ils pouvaient y mener. « Durant l'époque communiste, un billet de 100 dollars était suffisant pour vivre aisément à Bucarest », déclare M. Nassar Nassar, qui avait émigré en Roumanie en 1976 pour fuir la guerre. Il s'était spécialisé en polytechnique pour finir par construire une école libanaise réputée. La Roumanie n'a pas seulement été le refuge de M. Nassar, mais aussi d'une grande partie de la communauté libanaise qui a émigré au cours des moments les plus difficiles de la guerre.
Selon le directeur général de la BLOM Bank France-Roumanie, M. Jean-Pierre Baaklini, les Libanais en Roumanie se divisent en deux catégories : la première comprend les étudiants et les hommes d'affaires qui ont émigré avant la chute du communisme et qui ont pu élargir leurs champs d'investissement et classer leurs sociétés au top du marché roumain, comme les familles Sarkis et Laoun, qui ont axé leur activité dans le secteur agroalimentaire, ainsi que les familles Khoury et Maroun.
La seconde catégorie concerne les hommes d'affaires qui ont profité de la chute du régime communiste dans les années 90. À cette époque, la Roumanie pouvait être comparée à « une éponge qui avait besoin de se développer à tous les niveaux et dans tous les secteurs ». Cette seconde catégorie regroupait notamment les familles Bou Karam, Abboud, Abou Khalil, Sarieddine, ainsi que la famille Bitar, célèbre dans le monde du riz depuis 1994, et la famille Jabra, très connue dans la production du café, du chocolat et des biscuits depuis 1992 et qui possède une part de 25 % du marché de la pâtisserie en Roumanie.
À partir de l'an 2000, une troisième partie assez importante de la communauté libanaise est arrivée en Roumanie et a joué un rôle primordial dans le monde des affaires, comme la famille Bekhazi et bien d'autres.
« Les Libanais installés en Roumanie sont tous éduqués et ont largement contribué à la croissance du pays. » Les propos de l'ambassadeur du Liban en Roumanie, Mohammad Dib, reflètent la puissance économique et sociale de la communauté libanaise dans ce pays, récemment devenu membre de l'Union européenne. Cette communauté a brillé dans plusieurs secteurs. Outre le secteur agroalimentaire (café, chocolaterie, poulet, graines, conserves, etc.) dans lequel ils ont une importante part sur le marché roumain, les Libanais ont travaillé dans le secteur pharmaceutique, la distribution, la restauration, l'architecture, la construction, l'hôtellerie, la construction navale et surtout l'immobilier. Ce secteur était si prospère en Roumanie qu'il a permis à la plupart des hommes d'affaires libanais de s'enrichir. Ces derniers ont su utiliser leur savoir-faire pour investir aux moments les plus adéquats. Plusieurs autres ont acquis des entreprises roumaines au bord de la faillite afin de les relancer sur le marché roumain. Citons à titre d'exemple la société Agroli Group, spécialisée dans le domaine des volailles et présidée par un Libanais qui l'a hissée parmi les trois premières compagnies roumaines.
Certains hommes d'affaires libanais se sont également lancés dans de nouveaux domaines dans lesquels ils n'avaient pas d'expérience et ont quand même réussi leur aventure !

Adaptation parfaite
« De par la proximité géographique du Liban et de la Roumanie, les Libanais installés dans ce pays ne peuvent pas être considérés comme des émigrés », relève l'ambassadeur Dib. Ils seraient près de 2 500, selon les statistiques de l'ambassade. « Néanmoins, nous sommes incapables de donner un chiffre exact, vu leur mobilité continue entre le Liban et leur pays de travail. La plupart d'entre eux rentrent au Liban au moins deux mois par an, que ce soit pour voter ou pour visiter leur famille », précise-t-il.
L'adaptation est parfaite. Certains d'entre eux ont épousé des Roumaines et jonglent aisément entre les deux cultures. Citons à titre d'exemple M. Nassar Nassar, marié à Mme Rodica Nassar, actuellement députée au Parlement roumain et présidente du groupe d'amitié parlementaire libano-roumain, et M. Walid Abboud, qui a fini par trouver son âme sœur dans le pays où la chance professionnelle lui a souri, et bien d'autres couples dont les femmes adorent le Liban plus que les Libanais eux-mêmes. « Mon intégration dans la société roumaine, ainsi que celle de ma famille, a été très rapide », déclare Jean-Pierre Baaklini. « Étant francophones, nous avons appris le roumain très rapidement », souligne-t-il. Ses propos mettent en relief la capacité d'adaptation des Libanais ainsi que leur capacité à gérer assez facilement les chocs culturels, que ce soit au niveau de la langue ou des traditions de toutes sortes. Mais cette thèse ne peut pas être généralisée, car, pour d'autres Libanais, la nécessité de comprendre la mentalité du peuple roumain a eu pour conséquence que leur adaptation a été plus longue et plus difficile.
Force est de relever dans ce cadre que la relation entre les Libanais eux-mêmes en Roumanie fait l'objet de perceptions contradictoires. D'aucuns affirment que la solidarité et la vie sociale sont deux facteurs complètement absents au sein de la communauté libanaise en Roumanie, car « le Libanais par nature n'est pas un individu solidaire ». D'autres, par contre, considèrent la communauté libanaise comme leur deuxième famille en Roumanie du fait qu'ils ont eu l'opportunité de se faire des amis et de mener une vie sociale très active dans « leur deuxième petit Liban en Europe ».
Les Libanais ont brillé dans tous les domaines et partout dans le monde. Le fait d'être libanais constitue un « plus » pour les uns et un élément neutre pour les autres. Certains disent que la pratique des affaires n'a pas de nationalité, car si l'homme - ou la femme - d'affaires a le don de risquer et de se jeter à l'eau comme il le faut et quand il le faut, il/elle peut alors facilement atteindre son but. Pour d'autres, le Libanais possède un savoir-faire que d'autres n'ont pas, vu son ambition et son optimisme, malgré tous les obstacles.
De même, du fait de la similarité des systèmes juridiques entre les deux pays, le Libanais - qui a déjà le facteur de l'instabilité ancré dans son style de vie - ne trouvera pas de difficultés à se lancer dans les affaires en Roumanie. Ainsi, sa nationalité aura joué un grand rôle dans sa réussite professionnelle, car parfois « l'absence d'un système central fait de l'individu une personne indépendante et débrouillarde face à toute situation, et cela l'aide à se développer et à devenir de plus en plus créatif et indépendant », déclare M. François Farah, Libano-Canadien, actuellement représentant officiel des Nations unies en Roumanie, qui affirme que « le Libanais doit être fier de ses origines ». « Mais entre la fierté et l'orgueil, la frontière est très fragile ! » ajoute-t-il.
Les Libanais, qui n'oublient jamais le pays qui les a accueillis dans les moments les plus difficiles, ont investi dans divers domaines en Roumanie et relancé le marché roumain, surtout après la chute du régime communiste dans les années 90. À cette époque, les besoins de la Roumanie en termes de développement étaient énormes. Qui sont ces Libanais ? Qu'ont-ils fait pour la Roumanie ?...