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Nos Lecteurs ont la Parole

Gouvernance participative pour lutter contre la corruption

Par George SABAT
Un débat est appelé à se tenir prochainement pour traiter de la corruption au Liban.
Selon le programme qui nous a été soumis, les thèmes qui y seront considérés couvrent l'influence du système confessionnel sur la corruption au Liban, ainsi que les rôles que peuvent jouer la société civile, le Parlement, le ministère d'État pour la Réforme administrative, les médias, les donateurs et les institutions publiques afin de réduire les effets nocifs de cette corruption.
Nulle mention, par contre, n'est faite du premier intéressé dans cet exercice, j'entends par là le citoyen Libanais.
Je sais, on me fera valoir que l'un des intervenants traitera justement du rôle de la société civile dans le combat contre la corruption et deux autres se pencheront sur la capacité du Parlement et des commissions parlementaires de prévenir ce fléau ou, tout au moins, d'en réduire la portée.
Si par société civile l'on entend les institutions à but non lucratif, plusieurs d'entre celles-ci reconnaissent qu'elles n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs dans ce domaine. Cet échec est souvent secrètement attribué au manque de coopération qu'elles reçoivent de la part des organismes d'État auxquels elles s'adressent en quête de renseignements susceptibles de les aider dans leurs recherches. D'autres blâment leurs donateurs, dont les programmes spécifiques ne reflètent pas les conditions locales.
De même, notre Assemblée nationale n'a pu obtenir de meilleurs résultats dans sa lutte contre la corruption, le dépistage des fraudes et autres enrichissements illicites. S'il en avait été autrement, nous n'en serions jamais arrivés, soixante six ans plus tard, à la situation dans laquelle nous nous trouvons à l'heure actuelle.
Je voudrais souligner que je ne doute nullement des bonnes intentions de ceux qui nous promettent que les choses vont changer avec la nouvelle administration et que dorénavant nos cent vingt huit élus vont retrousser les manches, se réunir plus souvent et se mettre a l'ouvrage pour déceler et dénoncer irrévocablement tout indice de corruption qu'ils seraient en mesure de découvrir. Permettez-moi cependant de douter que ce beau rêve puisse se réaliser avant plusieurs années au moins.
Entre-temps, que faut-il faire pour contrer cette corruption qui mine tous les efforts des gens de bonne volonté, et ils sont plus nombreux qu'on l'imagine ? Comment comptons-nous introduire certaines réformes essentielles, non seulement à travers notre administration, mais également dans l'esprit et la mentalité du citoyen ?
Et c'est justement à ce citoyen que je suggère de faire appel pour tenter de réduire, tout au moins, les dommages exerces par la corruption aux ressources et aux revenus de l'État.
Oui, il a été prouvé, et dans nombre de pays, que les citoyens sont en mesure de faire face à ce fléau. Des institutions internationales telles que la Banque mondiale, l'USAid, le PNUD et l'OCDE, ainsi que diverses associations caritatives, et non des moindres, ont publié nombre de rapports provenant de pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et d'Europe qui démontrent que les populations peuvent participer avec succès à la gouvernance de leur pays et en améliorer nettement la performance.
Oui, les citoyens peuvent, dans une grande mesure, s'ils le désirent réellement, arrêter la corruption au Liban, ou tout au moins en réduire la portée.
Pour ce faire, deux conditions préliminaires et essentielles sont requises. En premier, les citoyens qui se porteraient volontaires pour cette noble et lourde tâche devraient être patiemment éduqués dans l'art et la science de l'étude des données publiques. Dans une seconde étape, le mot d'ordre devrait provenir du haut de la pyramide, encourageant les administrations à fournir à toute personne dûment autorisée les renseignements nécessaires pour un contrôle détaillé et méthodique des dépenses et des revenus de l'État. Parallèlement, en vertu d'un programme à plus long terme, les universités étatiques et privées seraient encouragées à inclure dans leurs curriculums des cours élaborés sur certains sujets que l'on considérait « tabous » par le passé. Ces cours serviraient à élargir les connaissances de leurs auditoires en matière d'administration et de planification publiques.
Ce qui est envisagé, en somme, c'est une collaboration sincère et ouverte entre l'administration, le Parlement et les citoyens dont le but serait d'atteindre un certain niveau de transparence dans les transactions de l'État qui ferait échec à la corruption sévissant à présent dans plus d'un service public.
C'est un rêve, me diriez-vous. Mais ce qui s'est passé en Tunisie et en Égypte n'était-il pas un rêve que l'ont pensait impossible ? N'est-ce pas aussi le cas pour ce qui se produit actuellement en Libye, à Bahreïn, au Yémen, en Irak et même en Iran ?
Cette « révolution douce » que nous préconisons n'est-elle pas préférable à ce qui se passe ailleurs ainsi qu'à toutes les destructions et les dommages qui en résultent ?
Et si, à travers une telle expérience, le Liban devait se poser comme le défenseur éclairé des droits du citoyen arabe au Moyen-Orient, quel mal y aurait-il à cela ?
Un débat est appelé à se tenir prochainement pour traiter de la corruption au Liban.Selon le programme qui nous a été soumis, les thèmes qui y seront considérés couvrent l'influence du système confessionnel sur la corruption au Liban, ainsi que les rôles que peuvent jouer la société civile, le Parlement, le ministère d'État pour la Réforme administrative, les médias,...

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