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Cinema- - Rencontre

Bahij Hojeij, faiseur de pluie et de beau temps

Consacré au Festival international du film d'Abou Dhabi et dans d'autres rencontres cinématographiques, « Chatti ya Dineh » ou « Que vienne la pluie » de Bahij Hojeij parle du retour d'un kidnappé. Une œuvre bien maîtrisée, à la fois réaliste et poétique, qui mérite bien qu'on s'y attarde.

Caméra au poing. (DR)

« Ce n'est pas encore un film de kidnappés, comme l'ont pensé certains », tient à préciser le cinéaste Bahij Hojeij au début de la rencontre.
« D'abord, ce film est une fiction et non un documentaire comme Kidnappés, réalisé en 1998 et qui avait obtenu le prix du meilleur film documentaire méditerranéen à Palerme. Ensuite, parce que j'entreprends dans cette œuvre le retour à la case départ. Le sujet m'a permis d'évoquer en filigrane les thèmes de la famille, de la ville et tous ces microcosmes dans lesquels l'être se cloisonne. »
Dans ce récit, Ramez est libéré après une longue absence d'une vingtaine d'années. Il rentre chez lui pour retrouver sa famille. Mais le ciel n'est pas toujours bleu dans les retrouvailles et pour le cinéaste qui sait dépeindre les grisailles de l'âme, le portrait de cette famille est bien croqué en clair-obscur.
En effet, à travers ce sujet - toujours d'actualité, car il « est une plaie ouverte pour des centaines de familles » - Bahij Hojeij évoque l'éclatement de la cellule familiale, le conflit des générations, mais aussi la métamorphose de la ville. En sortant de prison, Ramez se sent étranger parmi les siens. Même Beyrouth lui semble étrangère au cours de ses balades ou plutôt de ses errances dans les rues de la ville.
Bahij Hojeij avoue avoir toujours travaillé sur la mémoire, « une mémoire séquestrée, tout comme mon personnage principal », dit le cinéaste. Et de poursuivre : « Ce film est le reflet de nous-mêmes. Nous ne pouvons que nous retrouver dans ce personnage devenu amnésique, car notre propre mémoire collective nous a été séquestrée. »
Sur ce canevas se tissent trois histoires parallèles, deux d'entre elles se rejoindront, quant à la troisième, elle émerge du passé avec le personnage de Nayfeh Najjar (seul ce personnage est authentique). L'acteur Hassan Mrad les traverse en révélant les aspects de ces microcosmes, alors que les femmes sont les piliers de la société.
Bahij Hojeij n'est pas un donneur de leçons. « Je n'aime pas expliquer dans mes films mais évoquer, car je considère que le public a l'intelligence de discerner les subtilités. C'est pourquoi on retrouve dans mes histoires des fenêtres ouvertes à toutes sortes de suppositions. »
Pour ce film au sujet fort, il fallait au cinéaste des personnages au caractère bien trempé. Trois grandes actrices libanaises et un bon acteur, tous bien habités par leurs personnages, se partagent l'affiche. « Les seconds rôles ne sont pas des moindres », précise Hojeij. En effet, Diamant Bou Aboud, reflet de la tristesse de son père, et Élie Mitri incarnent bien cette jeunesse sans repères.
Ce film, qui a nécessité quatre ans de travail et qui se distingue par un choix judicieux des acteurs (un repérage bien précis a été fait en amont), par une belle mise en scène et un scénario serré, demeure néanmoins orphelin d'un public qui boude parfois les films portant sur la guerre. Chatti ya Dineh n'est pas un film sur la guerre. C'est un film sur la tessiture des rapports humains engendrée par une situation de guerre. Doit-on l'occulter ?
« Ce n'est pas encore un film de kidnappés, comme l'ont pensé certains », tient à préciser le cinéaste Bahij Hojeij au début de la rencontre. « D'abord, ce film est une fiction et non un documentaire comme Kidnappés, réalisé en 1998 et qui avait obtenu le prix du meilleur film documentaire méditerranéen à Palerme. Ensuite, parce que j'entreprends dans cette œuvre le...

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