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Nos Lecteurs ont la Parole

Seule la conciliation...

Jean HARFOUCHE
1975 - Un ami, bien renseigné, me fait ses adieux : décision prise par les grands de ce monde de faire du Liban un abcès de fixation en attendant de résoudre les problèmes du Moyen-Orient ; il ne voulait pas sacrifier son avenir...
2010 - L'abcès est toujours là.
Notre espoir de voir notre problème s'effacer avec les tractations de l'Occident s'amenuise.
Les pourparlers de paix réussiront-ils à effacer les siècles de haine et de jalousie ? N'est-il pas déjà relaté dans la Bible, livre saint des monothéistes ou livre de l'histoire, le reproche d'Isaac (patriarche israélite) à Dieu, il y a plus de trois mille ans. Il s'étonnait alors que le Créateur ait envoyé un ange pour sauver Ismaël (prophète reconnu par l'islam) de la mort par la soif dans le désert ? Et la réponse de l'Éternel : pourquoi cette jalousie ? En quoi cela te regarde-t-il si je veux faire de lui le chef d'une très grande nation ?
Cette jalousie muée en haine a traversé le temps.
L'Occident pense-t-il résoudre une querelle de prophètes ? À l'heure actuelle, il s'y casse les dents. Il n'est même pas parvenu à arrêter définitivement la construction des colonies, et on ne parle que de gel ; au maximum, il tolère la construction pour les Palestiniens d'un nouveau mur des lamentations qui isolerait définitivement Israël de toute la région.
Et nous, devrons-nous rester en l'état où nous sommes ? Le Liban doit-il dépérir pour que vive Israël ? Un abcès, dites-vous ?
Pays ouvert à tous, contrairement à Israël, pays de tolérance, sans mur, sans même des frontières définitives, nous sommes livrés à nous-mêmes ; comme le ver à soie, nous tissons notre prison-cocon pour l'intérêt des décideurs alors que nous pourrions servir la paix. Les universités d'un très grand nombre de pays y ont une enseigne. Nous avons langue avec tous les pays du Moyen-Orient et d'ailleurs. Bien plus, nous pouvons faire tache d'huile de paix et l'étendre de proche en proche.
Les prémices sont là. L'ancienne génération de nos politiciens, celle qui comprenait le vrai Liban, a été éliminée physiquement (abcès exige) ou par l'âge. Mais nous assistons à une relève qui a le mérite de surmonter ses répugnances personnelles au prix fort tant de l'amour-propre de ses membres que du sang des êtres qui leur sont chers. Ceux-là ont compris que le véritable assassin n'est pas la main de celui qui a tenu l'arme du crime, mais bien ceux qui veulent nous garder en l'état. Nous pensons tous, entre autres, à Walid Joumblatt et Saad Hariri qui, après une brouille spectaculaire, se sont rendus à Damas pour bien montrer que le Liban est à mi-chemin entre tous les pays de la Méditerranée ; à Sleimane Frangié qui, par sa visite au patriarcat, a effacé un lourd passé de larmes et de sang.
Nous devons penser à Nabih Berry, visiteur de Damas et de Paris à la fois (Orient et Occident) ; à combien d'autres que nous ne pouvons citer de peur de vous ennuyer ?
Le TSL ?
Découvrira-t-il autre chose que la ou les mains qui ont assassiné directement ? Car quoiqu'il arrive, quelles que soient les modifications demandées par le Hezb le concernant, l'abcès sera toujours là.
Il ne faut pas oublier qu'un attentat comme celui qui a coûté la vie à Rafic Hariri - et je pense aussi, entre tant d'autres, à Béchir Gemayel - ne peut pas être passé inaperçu de tous les barbouzes qui circulent au Liban et qui n'ont pas averti leurs mentors qui, à leur tour, auraient alerter leur soi-disant protégé. Et même, à y regarder de près, ces mêmes agents ne sont-ils pas des agents doubles ? Toutes les parties qui se sont entendues pour faire du Liban cet abcès sont donc coresponsables. Le TSL, nous le pensons tous, ne peut que relater des faits concrets et passer outre à cette entente tacite des grands décideurs de ce monde, ce qui aura pour effet de nous laisser macérer dans notre état actuel. Supposition scandaleuse ?
N'avons-nous pas lu dans les journaux que tel ou tel était initialement un appointé d'un des protagonistes et qu'il l'a trahi ?
N'avons-nous pas vu qu'un des membres du CPL avait des accointances avec Israël ? Pour son compte personnel, évidemment.
Est-ce qu'il n'entre pas, dans l'opposition au TSL du Hezb, la crainte de se voir dénudé et de trouver une autre brebis galeuse dans son état-major, qui la pousse dans tel ou tel sens ?
Qu'attendons-nous pour renforcer ce noyau de leaders qui, malgré les risques qu'ils encourent, jouent la neutralité du Liban ? Est-ce des craintes sectaires et ancestrales ? Et pourtant, c'est le moment ou jamais. L'entente syro-saoudienne sous-entend déjà qu'un éclatement du Liban entraînerait une réaction en chaîne dans tout le Moyen-Orient, ce qui signifierait la réalisation des vœux d'Israël ; et les USA qui commencent à ressentir les bienfaits de l'existence d'un Liban a égale distance de tous.
Oui, le Liban est éternel s'il joue son rôle. Tout parti qui pense emporter le morceau et obtenir le pouvoir court à une désillusion ; nous l'avons vu au cours des événements du Chouf, ceux du Liban-Nord et lors des occupations étrangères. Un proverbe qu'on attribue à la Chine est particulièrement vrai pour le Liban : « On peut ériger un trône avec des baïonnettes, mais on ne peut s'asseoir dessus. »
Quels que soient les nuages qui nous couvrent l'horizon, il ne faut pas désespérer de notre destin. Seuls les partis de la conciliation l'emporteront.

Jean HARFOUCHE
Architecte
1975 - Un ami, bien renseigné, me fait ses adieux : décision prise par les grands de ce monde de faire du Liban un abcès de fixation en attendant de résoudre les problèmes du Moyen-Orient ; il ne voulait pas sacrifier son avenir... 2010 - L'abcès est toujours là. Notre espoir de voir notre problème s'effacer avec les tractations de l'Occident s'amenuise. Les pourparlers de...

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