Un nouveau voyage à travers le temps, avec Nina Jidéjian

Tout au long de sa carrière d'historienne et de grande conteuse, et d'une série d'ouvrages sur Beyrouth, Byblos, Sidon, Tripoli et Tyr, Nina Jidéjian réussit le tour de force de faire aimer et comprendre l'histoire aux jeunes comme aux vieux, aux amateurs comme aux plus récalcitrants. Copieusement illustré, son nouvel ouvrage Le Liban un voyage à travers le temps, paru aux Éditions Orientales, est une véritable évasion dans les méandres du passé !
Dans un style dépouillé et clair, ne connaissant pas de temps mort, Jidéjian déroule événements et personnages qui forment le fil de l'histoire du Liban et ménage tout au long des 165 pages, des stations stimulantes. Ainsi est-on convié, dans le chapitre consacré à Cléopâtre Théa à découvrir cette princesse macédonienne qui épousa trois rois séleucides et assassina l'un d'eux. Elle eut huit enfants, fit tuer un et complota le meurtre d'un autre. Son rêve était de régner seule sur le grand territoire comprenant la Syrie, le Liban et la Palestine d'aujourd'hui. Les monnaies émises pendant ses trente ans de règne servaient de moyen de propagande et relataient les événements dramatiques qui marquèrent sa vie. Nina Jidéjian relève qu'en l'absence de mass media, ces pièces qui voyageaient de cité en cité et traversaient les mers assuraient la communication. « Chacune d'elles est une œuvre d'art en miniature représentant en relief un ensemble de portraits royaux, des dieux et des déesses ainsi que les événements les plus mémorables marquant l'histoire du Liban et de la Méditerranée orientale dans l'Antiquité. »
Dans un autre récit l'auteur révèle que la « première » scène, représentant des hommes abattant les cèdres du Liban pour les pharaons, se trouve sur les murs de Karnak en Haute-Égypte. Elle est accompagnée d'une légende en hiéroglyphes, qui dit : « Liban. Coupe de cèdres pour la grande barque sur la rivière du dieu Amon. » De même, on peut se faire une idée du physique d'un Cananéen du deuxième millénaire avant J-C grâce au dessin reproduit sur le relief des murs du temple Habu en Égypte : il apparaît comme prisonnier du pharaon Ramsès III.
Jidéjian rappelle aussi que le temple de Jupiter était porté par neuf colonnes géantes qui étaient encore debout quant l'archéologue irlandais, membre de la société des Dilettanti, Robert Wood (1707-1775) visita Baalbeck. Le tremblement de terre de 1759 en fit tomber trois, il y en reste six aujourd'hui. Et les événements culturels dans ces lieux ne datent pas des années 1900, mais des premiers siècles de l'ère chrétienne. Les billets d'entrée se déclinaient sous forme de disques d'ivoire, dont la face était gravée d'une tête de divinité, alors que sur l'envers étaient inscrits le rang et le siège attribué au spectateur.
Toujours selon l'auteur, le sarcophage de Tyr (IIe siècle après J-C) en marbre sculpté de la légende « Rançon d'Hector » est considéré comme « le plus exceptionnel de tous les sarcophages du monde » représentant ce thème. Vous voulez en savoir plus sur l'aventure des Phéniciens ? Sur les divinités locales, les cerises de Baalbeck, la Beryte romaine, les Croisés et le château de la mer de Sidon ou le Liban des émirs... ? Nina Jidéjian réunit dans son ouvrage une sélection d'histoires qui font l'histoire.