Focus

Vie asociale

Longtemps, le cinéma avait ses héros. Des personnages aux valeurs certaines, prêts à défendre les faibles et à faire régner le Bien. Puis il y a eu la période des superhéros. En vrac, en tas. En légions même. Sortis tout droit des bandes dessinées, des cartoons, ces superhéros naturels ou hybrides avaient comme objectif commun de sauver le monde et d'abattre le Mal qui gagnait du terrain. Aujourd'hui, las de tous ces actes héroïques physiques, de ces muscles pompés aux stéroïdes, de ces cabrioles aériennes, le 7e art porte enfin son regard sur l'intelligence humaine. Celle qui pourtant s'apparente à une intelligence surhumaine qu'on qualifierait de phénoménale. Car quoi de plus phénoménal que ce gars qui, à trente ans, est considéré un des milliardaires de ce monde ? En fait, rien. Ils sont nombreux à amasser des millions avant la trentaine ? Mais le phénomène qu'on décrit, c'est surtout cet esprit surdoué qui est parvenu à créer un univers virtuel autour de vous. Qui vous fait croire que vous avez des centaines d'amis alors que vous vous noyez dans la solitude la plus totale. Qui vous pousse à mettre votre intimité en pâture au point que tout le monde a un droit de regard sur votre vie privée sans pour autant connaître votre vraie nature. Qui vous pousse à être à la fois visible et voyeur. Qui vous donne enfin des moyens de communiquer en enfreignant toutes les règles linguistiques.
Le responsable de cette situation magmatique s'appelle Mark Elliot Zuckerberg. Ah  ! Vous ne connaissez pas ? Vous m'étonnez. Pourtant cet informaticien est le fondateur et président directeur général du site Internet de « réseautage » social Facebook.
Ah voilà ! Maintenant vous êtes fixé ! Vous croyiez tout savoir ? Eh ben non. Celui qui est sur Facebook ne possède pas vraiment la clef des songes.
Mais celle des illusions
Pour plus de renseignements, allez donc voir The Social Network qui vous informera plus sur votre héros.

The Social Network,
de David Fincher
Avec Jesse Eisenberg
et Justin Timberlake.

Faire d'une histoire ordinaire un récit extraordinaire en mélangeant réalité et fiction et en bien pimentant cette dernière, tel a toujours été le travail de ce réalisateur qui ne passe jamais inaperçu. De Fight Club à Benjamin Button, en passant par The Game ou Zodiac, David Fincher signe à chaque fois une œuvre inédite et novatrice. Cette fois-ci, le cinéaste revient, après l'histoire épique de Benjamin Button, avec une autre épopée : celle de Mark Zuckerberg, fondateur du site « Facebook » et un des premiers milliardaires avant l'âge de trente ans. Fincher y relate les années à Harvard, la vie amoureuse de Zuckerberg, ses frustrations de ne pas rentrer dans les clubs privés de la prestigieuse institution et son absence d'amis. Tout cela parallèlement à deux procès intentés contre lui alors que « Facebook » commençait à démarrer. Tout y est décrit avec une minutie mais aussi avec une rapidité vertigineuse. Les plans sont rapides, le scénario, signé Aaron Sorkin, est admirable, ainsi que la musique de Trent Reznor (compositeur de Seven). Tout participe à donner à cette aventure humaine une veine de film noir en huis clos.