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Cinema- - Entre parenthèses

Embruns d’automne

Il est un monde, loin, très loin d'ici, enfoui dans la mémoire. Un monde d'Inception. De bras de maman chauds, émergeant des couvertures molletonnées du lit, vous enveloppant pour que vous n'ayez pas peur la nuit. De théière qui siffle et de cafetière fumante. Un monde de confiture de figues et de thym baignant dans l'huile. De bâtonnets gluants à la noix de coco et de berlingots transparents offerts par des grands-mères à chignon. Un monde de cache-cache, de chambre noire et de rires traînant dans les escaliers jusque dans les ruelles escarpées. De néfliers, de cactus en hiver, aux lourds fruits orangés et de pins en été avec des enfants accrochés à leurs branches, jouant avec des boules gélatineuses aux odeurs de colle. Un monde de sable chaud qui laissait des empreintes de mazout sur les pieds d'enfants que les mamans s'amusaient à nettoyer avec des torchons d'essence (le mot écologie n'ayant pas encore été introduit dans le jargon). Un monde de fleurs imaginaires ou de fleurs de l'imagination, comme le chantait Farid el-Atrache.
Que reste-t-il des slows aux étreintes timides, des caresses frileuses et des coups de fil attendus sur de gros appareils de téléphone noirs aux cadrans bruyants ? Ce ne sont plus que Broken Embraces (Étreintes brisées). Que reste-t-il des gifles d'un papa après La Boum au goût défendu ? Des Baisers volés ou des Jeux interdits ?
Que reste-t-il de ces marches d'escalier, aux arômes de brioches torsadées, de « meské » et de vanille ? De ces jus de mandarine en bouteilles et des feuilles de menthe séchées sur de grands plateaux en cuivre blanc ? De ces concombres aux senteurs de terre et d'humus et de ces tomates aux formes distordues et au goût acide ? Et de ce pot-au-feu aux légumes frais. Une Ratatouille d'amour et de convivialité.
Des flux de senteurs qui se sont retirés comme une marée basse laissant un goût de salé-sucré au bout de la langue et une grosse boule en travers de la gorge.
Un monde enrobé de chaudes émotions et de tendres affections. Qui tend à disparaître en ce mois d'octobre, ce mois automnal qui annonce les frimas de longs hivers.
Il est un monde, loin, très loin d'ici, enfoui dans la mémoire. Un monde d'Inception. De bras de maman chauds, émergeant des couvertures molletonnées du lit, vous enveloppant pour que vous n'ayez pas peur la nuit. De théière qui siffle et de cafetière fumante. Un monde de confiture de figues et de thym baignant dans l'huile. De bâtonnets...

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