Rechercher
Rechercher

Culture - Le Salon en livres et en rencontres

De Beyrouth à Zahraniya, fiction et réalités

Deux ouvrages qui ont pour inspiration le pays du Cèdre à travers la plume de deux écrivains. De Beyrouth à Zahraniya, précis des états des lieux entre fiction et réalités avec deux auteurs, pas forcément libanais ! Portraits de quatre personnages aux vies tristes pour le journaliste et romancier Hassan Daoud, et souvenirs d'un Beyrouth mythique dont la turbulence a défrayé les chroniques (et rien n'a changé depuis !) dans les années 70 pour l'Algérien Djilali Bencheikh.

« Cent quatre-vingts crépuscules »
de Hassan Daoud*


Paru aux éditions Sindbad/Actes Sud et traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps, Cent quatre-vingts crépuscules de Hassan Daoud (237 pages) est un roman qui retrace les chroniques douces-amères des habitants de Zahraniya, une petite ville traversée par une grande route au cœur d'un Liban au plus près de la réalité avec des touches quand même, parfois, de carte postale édulcorée.
Atmosphère plutôt étouffante dans ces immeubles et bâtiments qui sentent le renfermé et l'étroit. Là, dans ces espaces bétonnés, chrétiens et musulmans cohabitent et vivotent tant bien que mal ! Et surgissent les différences, les intolérances, les frustrations, les appétits de lucre incontrôlables, les rêves déçus, les désirs insidieux et cachés.
À travers la voix et le verbe de quatre narrateurs donnant des précisions sur leurs mornes petites vies, l'auteur transcende la morosité du quotidien grâce à des formules qui font mouche (mais pas toujours heureuses), à de la poésie (distillée avec tact et quelque parcimonie) et surtout un don de décortiquer des psychologies complexes.
Quatrième ouvrage paru aux mêmes éditions (on cite volontiers L'immeuble de Mathilde, Des jours en trop et Le chant du pingouin), ce roman est plus une étude de caractères et de mœurs (puisqu'on abouti au crime) qu'une réalité géographique tangible et
palpable.
Certes, la réalité libanaise est bien présente dans ces lignes scrutant le fond de l'âme et de la terre, mais l'imagination de l'écrivain prend le dessus, embellit la lumière ou accentue la noirceur.
Dans un roman, comment savoir où commence la réalité et où finit l'imagination ?
Un livre grave, aux phrases fluides et simples, avec des tristesses aux couleurs de béton, des désirs têtus et des rêves inassouvis.
L'auteur signera son ouvrage dimanche 7 novembre, au stand de la librairie el-Bourj.

« Beyrouth Canicule »
de Djilali Bencheikh


Une fois de plus, Beyrouth est la muse d'un roman...
Et la canicule, on sait ce que c'est avec cet été aux chaleurs suffocantes et une électricité misérablement absente, avare et fantaisiste. Et les routes éventrées et embouteillées qui tuent et rendent fous.
Avec l'écrivain algérien Djilali Bencheikh, auteur de nouvelles et du roman Tes yeux bleus occupent mon esprit (Prix Maghreb 2007 de l'Association des écrivains de langue française), le Beyrouth des années 70, tumultueux et chaud, aussi bien sur le plan politique que social, vit dans une fiction foisonnante intitulée Beyrouth Canicule (Elyzad, 277 pages).
Une date charnière dans l'histoire libanaise que ces années 70 où Palestiniens et Israéliens se livrent une guerre sans merci entre prises d'otages à Munich et coups d'éclat de Septembre noir. En arrière-fond, mais propulsé à l'avant-scène de l'action politique, Kamel, étudiant algérien à Paris, s'engage à défendre la cause palestinienne...
C'était le « trend » et la bannière de la jeunesse arabe à l'époque !
Mission délicate au Liban pour le jeune intellectuel algérien et ballet d'événements rocambolesques où la réalité dépasse la fiction à travers d'incroyables tribulations au pays du Cèdre.
Une occasion rêvée pour un auteur de ressusciter les fantômes du passé avec une terre aux mille contrastes, paradoxes et contradictions. Une terre qui bouillonne comme une marmite au couvercle prêt à éclater.
Dans ce combat entre islam et judaïsme, Djilali Bencheikh fait vivre un Beyrouth mythique où, de Sabra à la rue Hamra la nuit, en passant par Achrafieh, Aley, le Chouf et la baie du Saint-Georges, les images de «dolce vita» et de violence, d'(in)civilité et de barbarie, de cosmopolitisme et d'ignorance se télescopent, se bousculent, se relayent.
Des images qui, jusqu'à aujourd'hui, surprennent dans leur foisonnement et leur
instabilité...
Pour les incurables nostalgiques et les amoureux d'une langue française de bon aloi (avec des chichis d'un intellectuel arabe éduqué à Paris, sans être toutefois le sage produit colonisé!), voilà une occasion en or pour retrouver, en toute jubilation ou mélancolie, des bribes de souvenirs d'un certain Liban.
Des souvenirs lumineux ou amers. À travers une fiction au tourbillon vertigineux mais qui puise racine, en profondeur, dans une réalité fuyante, guère prête encore à dire son dernier mot et à livrer sa véritable identité.

* Ouvrages en vente à la librairie al-Bourj.
« Cent quatre-vingts crépuscules » de Hassan Daoud*Paru aux éditions Sindbad/Actes Sud et traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps, Cent quatre-vingts crépuscules de Hassan Daoud (237 pages) est un roman qui retrace les chroniques douces-amères des habitants de Zahraniya, une petite ville traversée par une grande route au cœur d'un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut