Rechercher
Rechercher

Culture - Concert

Quand la Krall badine avec le jazz

Diana Krall and Co. ont enveloppé la scène du Festival de Beiteddine donnant un concert mémorable et purement jazzy.

La blonde platine (disque de platine aussi) se promène avec aisance sur des titres langoureux et sexy.

La lady Krall du jazz à la voix de velours et ses trois acolytes de musiciens n'ont pas donné un simple concert dans le cadre du Festival de Beiteddine. Ils ont meublé toute une soirée. Façonné des moments mémorables. Se sont évadés dans des improvisations entraînantes, des arrangements foldingues et des envolées groovy.
En PRN (Petite robe noire), sandales argentées à talons aiguilles, carré blond norvégien « wavy », la chanteuse et pianiste canadienne est avant tout une voix. Une voix de velours, une voix qu'elle façonne comme un instrument de musique, une voix sensuelle et des vocalises qui ont conquis les jazzmen et « jazzfan » du monde. À peine installée sur son tabouret matelassé, face à ce magnifique et reluisant Steinway (un véritable étalon de piano) qui trônait ce soir-là sur la scène de la grande cour du palais, la Krall susurre un « choukran » tout enroué. Ah, tiens, la fameuse voix serait-elle cassée ? Ou juste embuée par la fatigue ? Une chanson d'échauffement plus tard, elle attaque Let's Fall In Love. La glace fond. Elle présente ses trois instrumentistes virtuoses qui l'accompagnent, la soutiennent en parfaite osmose : Anthony Wilson à la guitare, Robert Hurst à la guitare basse et Karriem Riggins à la batterie.
Les Beiteddinois (oui, car même si l'on n'est pas natif de ce village, l'on se sent plus que les bienvenus, au Festival de Beiteddine, « we feel at home », comme on dit si bien dans la langue de Shakespeare) suivent à la note près ses pérégrinations pianistiques. Les tympans grands ouverts. Les yeux tantôt rivés sur les planches, tantôt scrutant les écrans installés de part et d'autre de la scène, ils ne ratent pas une miette du spectacle. Même pas la cicatrice sur son coude droit.
La blonde platine (disque de platine aussi) se promène avec aisance sur des titres langoureux et sexy. Et dévale à toute vitesse des chansons plus rapides, en avalant au passage quelques paroles. « Je vais essayer de ralentir », dit-elle dans un éclat de rire. Enjouée, elle ajoute : « Faites attention sur le chemin de retour », en faisant allusion aux routes escarpées et à la vitesse de son débit, elle ajoute, mutine, qu'elle a toujours rêvé de devenir pilote de course. Elle rend ensuite hommage à l'immense Burt Bacharach. Son Look of Love est enlevé, épicé juste comme il faut. Sans le pathos de la version studio. Puis elle enchaîne avec un judicieux Walk on By. Elle parle de ses garçons, des jumeaux de trois ans et demi. Elle lance une fleur à Oscar Peterson. Puis à Nat « King » Cole. I'll String Along With You passe dans un murmure de belles paroles et d'invention mélodique. Avec la classe d'une présence discrète mais rayonnante.
Elle n'est pas seulement une sublime chanteuse, mais aussi une remarquable pianiste. Si, lors des quelques premiers titres, les oreilles tendues cherchaient en vain la fameuse voix entendue sur ses enregistrements studio (elle viendra plus tard), la pianiste ne déçoit pas. Ce toucher, cette délicatesse, ces pattes de velours. Et ce staccato qui survole les touches. Bon, elle n'est ni Benny Green ni Geoffrey Keezer. Entendons nous. Mais elle est la lady Krall, un mélange qui reste unique. Et qui touche.
« Superbe, ce piano, je vais le prendre avec moi », badine Diana Krall en se tournant vers son public. Quelle belle paire, en tout cas.
La lady Krall du jazz à la voix de velours et ses trois acolytes de musiciens n'ont pas donné un simple concert dans le cadre du Festival de Beiteddine. Ils ont meublé toute une soirée. Façonné des moments mémorables. Se sont évadés dans des improvisations entraînantes, des arrangements foldingues et des envolées groovy....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut