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Économie - Économie

Un héritage ambivalent pour le nouveau patron de l’AFD

Nommé hier directeur général de l'Agence française de développement (AFD), Dov Zerah hérite d'une situation ambivalente : Paris a augmenté ses financements en 2009, mais les organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent des résultats en trompe-l'œil et accusent la France de négliger les pays pauvres. Dov Zerah, conseiller-maître à la Cour des comptes, remplace Jean-Michel Severino, depuis neuf ans à la tête de cette institution qui a élargi sous sa houlette son champ d'intervention au-delà du traditionnel pré carré africain. Selon le dernier bilan de l'Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE), la France a été l'an dernier une assez bonne élève : son aide publique au développement (APD) a crû de 16,9 % par rapport à 2008. Avec une aide de 12 431 milliards de dollars, elle s'affiche comme le deuxième donateur en volume, loin derrière les États-Unis (28 665 milliards) mais devant des économies plus puissantes, comme le Japon ou l'Allemagne. Et l'activité de l'AFD a atteint en 2009 « un niveau inédit », avec un volume de financements de 6,2 milliards d'euros, en hausse de 37 % par rapport à 2008, se félicite l'agence. Pour autant, le tableau n'est pas totalement rose.
D'après l'OCDE, l'aide française ne représentait en 2009 que 0,46 % du produit national brut (PNB) de la France et ce chiffre devrait stagner cette année. C'est loin de l'objectif de 0,51 % fixé pour 2010 et encore plus du seuil de 0,7 % prévu pour 2015. « Cette augmentation permet simplement à la France de combler son retard » et de revenir « au niveau auquel elle était en 2005 », constate l'ONG Oxfam, qui rappelle en outre que l'APD française devrait diminuer à nouveau en 2011, d'après les prévisions du Parlement. En outre, Paris n'a atteint, fin 2009, que 37 % de l'engagement qu'elle avait pris en 2005 en matière d'aide à l'Afrique, déplore l'ONG One du chanteur Bono. « La France devrait consacrer davantage de ses ressources budgétaires au développement », reconnaissait récemment Jean-Michel Severino dans un entretien accordé à l'AFP. Un défi d'autant plus grand que l'heure est à la réduction tous azimuts du déficit public. Mais pour le patron sortant de l'AFD, « s'il faudra toujours des subventions publiques pour construire des dispensaires dans les pays les plus pauvres », « il y a des tas de choses qu'on peut faire (...) qui n'ont pas de coût budgétaire ». L'agence a donc multiplié les prêts ou les prises de participation dans les entreprises privées, apporté sa garantie aux banques locales ou soutenu les collectivités territoriales, y compris dans les grands pays émergents comme la Chine et le Brésil. Mais « l'APD française est un vrai fourre-tout », s'exclame l'organisation Coordination Sud, qui regroupe les principales ONG de l'Hexagone. « L'État gonfle les chiffres avec des allègements de dettes et développe ses prêts aux pays émergents, mais prive les pays les plus pauvres des ressources indispensables pour répondre aux besoins des populations. » Selon ce réseau associatif, la bonne performance de 2009 s'explique en grande partie par les allègements de dette (plus d'un milliard d'euros) et l'explosion des prêts aux pays émergents (1,3 milliard). Mais la proportion des dons aux pays pauvres est « en chute libre ». « Une large proportion de l'APD française n'est pas directement consacrée au développement », renchérit Sébastien Fourmy, d'Oxfam. Les sommes affectées aux objectifs du millénaire pour le développement, fixés par l'ONU pour réduire drastiquement, à l'horizon 2015, l'extrême pauvreté, « ne représentent qu'une faible part » de l'aide de la France.
Nommé hier directeur général de l'Agence française de développement (AFD), Dov Zerah hérite d'une situation ambivalente : Paris a augmenté ses financements en 2009, mais les organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent des résultats en trompe-l'œil et accusent la France de négliger les pays pauvres. Dov Zerah,...

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