Rechercher
Rechercher

Municipales 2010 : l'enjeu

Le Nord, « last but not least »

La dernière étape de l'interminable marathon des élections municipales se jouera demain dimanche au Liban-Nord. Dans ce mohafazat, un certain nombre de batailles éminemment politiques polariseront l'attention, principalement dans les régions chrétiennes.
Mais, d'ores et déjà, il ne fait pas de doute que c'est l'issue de la confrontation à Batroun, la plus médiatisée de cette quatrième phase électorale, qui sera considérée comme un diapason pour l'ensemble des résultats du scrutin.
Tripoli, elle, ne sera pas Saïda. La plus grande ville sunnite du pays, divisée en trois municipalités (la ville proprement dite, Mina et Kalamoun), ira aux urnes sous le signe de l'entente entre ses principaux pôles politiques que sont le Courant du futur, les anciens Premiers ministres Nagib Mikati et Omar Karamé et le ministre Mohammad Safadi. Naturellement, cette entente ne fait pas l'affaire de tout le monde dans la ville. L'ancien député Misbah Ahdab, qui a répétitivement critiqué la manière dont l'accord a été conclu, a projeté un moment de présenter des candidats concurrents, mais il en a finalement abandonné l'idée, reprise par un autre ex-parlementaire, Abdel Majid Raféi, ancien patron du Baas pro-irakien au Liban. Ce dernier a présenté une liste incomplète, formée de 15 candidats sur 21, mais aucun d'entre eux ne semble en mesure d'inquiéter la liste-bulldozer, conduite par Nader Ghazal. De son côté, la Jamaa islamiya, insatisfaite dans un premier temps de sa quote-part (une seule candidate sur 21), a semble-t-il fini par se rallier au consensus, à la suite d'une visite, hier, de M. Ghazal au siège de cette formation. Enfin, il reste, parmi les mécontents, une grande partie des Alaouites de Jabal Mohsen, appelés par leurs chefs de file à boycotter le scrutin.
Dans les autres régions sunnites du Nord, la température électorale demeure plutôt modérée, du fait de la suprématie incontestable qu'y exerce le Courant du futur. Point de vraies batailles donc dans ces régions, à l'exception de quelques rares localités du caza de Minieh-Denniyé.
Dans les régions chrétiennes, le tableau se présente différemment, comme d'ailleurs dans l'ensemble du pays. Une partie des villes et villages sont parvenus à des ententes, soit familiales, soit politiques, soit les deux à la fois, mais dans plusieurs cas, on se trouvera demain face à des configurations classiques, c'est-à-dire des duels 14 Mars/8 Mars, recouverts ou pas de la feuille de vigne familiale. C'est ainsi que se présente la bataille de la ville de Batroun, où l'influence du ministre de l'Énergie, Gebran Bassil, est contestée officiellement par l'ancien député Sayed Akl, représentant d'une maison historiquement importante dans cette ville et à qui s'est ralliée la famille rivale des Daou. Officieusement, M. Akl est fortement soutenu par l'ensemble des composantes du 14 Mars. La confrontation sera donc rude et le résultat incertain.
Battu aux élections législatives de juin dernier au niveau du caza de Batroun, M. Bassil peut néanmoins se targuer d'avoir obtenu la majorité dans sa propre ville. Le ministre du CPL croit donc que les résultats des municipales à Batroun refléteront ceux des législatives. Mais M. Akl conteste cette vision, en soulignant que si M. Bassil avait réussi à se placer en tête dans la ville aux législatives, c'est tout simplement parce qu'il était le seul candidat batrounien en lice. Aux municipales, les choses sont différentes puisque, par définition, tous les candidats sont batrouniens.
Ailleurs dans le caza, le 14 Mars aura le vent en poupe, notamment dans les hauteurs, où se succèdent les fiefs des Kataëb, ceux des Forces libanaises et ceux du ministre du Travail, Boutros Harb.
Autre importante zone de friction, le caza de Zghorta, dont le principal enjeu n'est point la ville du même nom, supposée de gain facile pour le leader des Marada, Sleimane Frangié, mais bien plutôt la présidence de la Fédération des municipalités du caza. Plusieurs localités de cette région connaîtront donc des batailles plus ou moins « chaudes » entre les partisans de M. Frangié et leurs alliés, d'une part, et ceux du 14 Mars, représenté principalement par Michel Moawad.
Dans le Koura, des accords de consensus ont été conclus dans plusieurs bourgades, mais des confrontations sont prévues dans d'autres, essentiellement à Kousba, où une coalition CPL, PSNS et Marada fait face aux principales composantes du 14 Mars.
À Bécharré, l'écrasante suprématie des FL dans la quasi-totalité des localités du caza ne laisse aucune place au suspense électoral.
Enfin au Akkar, les yeux seront rivés sur Kobeyate, principale ville maronite de la région, où s'affrontent, par le biais de deux listes, un député actuel, Hadi Hobeiche (Courant du futur), et un ancien parlementaire, Mikhaël Daher, soutenu par le CPL et le 8 Mars. En juin dernier, M. Daher avait devancé M. Hobeiche dans cette ville.
Mais, d'ores et déjà, il ne fait pas de doute que c'est l'issue de la confrontation à Batroun, la plus médiatisée de cette quatrième phase électorale, qui sera considérée comme un diapason pour l'ensemble des résultats du scrutin.Tripoli, elle, ne sera pas Saïda. La plus grande ville sunnite du pays, divisée en...