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Municipales 2010 : l'enjeu

À Zghorta, batailles serrées avec un œil sur la fédération des municipalités

Après l'échec des efforts d'entente à Zghorta, il faut s'attendre désormais à de rudes batailles dans la quasi-totalité des villages du caza. Mais le véritable objectif des deux camps adverses est de toute évidence la fédération des municipalités.
Les préparatifs en vue du scrutin municipal avaient commencé, à Zghorta, par des réunions entre le député Sleimane Frangié et le président du Mouvement de l'indépendance Michel Moawad, et l'entente devait porter principalement sur la fédération des municipalités. Les deux parties s'accordent à dire qu'elles étaient parvenues à une entente autour du nom de Habib Torbey, président de la municipalité de Sebaal, pour la présidence de la fédération, ainsi qu'autour de la nécessité d'élargir cette dernière. En effet, des 31 villages du caza, huit ne sont toujours pas intégrés. L'entente devait également porter sur la formation de la liste de la ville même de Zghorta.
Mais les versions divergent sur ce qui a fait échouer les négociations. L'ancien député Jawad Boulos (14 Mars) explique que « l'accord avait porté sur la fédération, son élargissement, et sur la personne de Habib Torbey, mais le député Sleimane Frangié n'a pas tenu parole ». D'un autre côté, l'avocat Sleimane Frangié, attaché de presse du chef des Marada, estime que les raisons sont essentiellement politiques. « À l'issue des réunions, les deux parties avaient rédigé un document, dit-il. Ce document, M. Moawad a demandé à le réviser et l'a rendu deux jours plus tard totalement modifié, avec un changement dans les priorités, et donnant l'impression qu'il y a une volonté explicite d'ôter à la ville de Zghorta la présidence de la fédération. Nous avions présenté les choses autrement. Ils n'ont pas tenu parole. Cela est dû à l'influence des alliés de M. Moawad, notamment les Forces libanaises (FL). »
Comment se présente donc la bataille ? Les habitants de la ville de Zghorta se dirigeront dimanche vers les urnes pour élire un conseil municipal de 21 membres. Deux listes complètes s'affronteront, l'une appuyée par le 14 Mars et présidée par Nehmetallah Boulos Macari, et l'autre appuyée par les Marada et leurs alliés, et présidée par Toufic Albert Moawad. Dans les 30 autres municipalités du caza, trois conseils ont été élus d'office et quelque six autres ont fait l'objet d'ententes. À ce propos, M. Boulos explique que, « dans certains villages, la population s'est ralliée autour d'un notable incontournable de la région, ce qui a eu pour effet de susciter un climat d'entente ». M. Frangié assure pour sa part que les conseils municipaux élus d'office « sont proches de notre camp ».
Ailleurs aussi, il faut prévoir des batailles. Interrogé sur les pronostics, M. Boulos a estimé que, « dans la ville de Zghorta, la bataille est perdue d'avance pour notre liste, mais nous avons tenu à présenter une liste complète de candidats de qualité, ayant une expérience dans le travail public, avec 30 % de femmes, pour dire aux habitants qu'ils ont le choix et qu'ils devront assumer le leur dans les années à venir ». Selon lui, « la liste adverse est déficiente, et le choix des candidats est basé sur des considérations de partage entre familles politiques, alors que nous avons voulu apporter une vision différente ». Le paysage diffère selon lui dans d'autres localités du caza, où la bataille est plus serrée comme le montrent les résultats des législatives, mais il refuse d'entrer dans les détails.
Pour sa part, Sleimane Frangié déclare que son parti « aborde la bataille avec confiance, que ce soit dans la ville ou dans le caza », affirmant que « les résultats des législatives ne peuvent être pris en compte dans ce scrutin parce qu'il y avait eu, en 2009, une déferlante d'émigrés qui avaient voté en faveur de l'autre camp ». Concernant la liste de la ville appuyée par son camp, il précise que chaque député a choisi quatre candidats, alors que le Courant patriotique libre (CPL) a eu trois candidats, et que le reste est réparti entre des personnalités et des alliés.
Quelle conséquence aura le scrutin sur la fédération des municipalités ? « Le camp qui gagnera pourra imposer le président, affirme M. Frangié. Mais il faut préciser les critères de la victoire. La ville, avec ses quelque 30 000 habitants, ne compte-t-elle pas plus que de petits villages ? Je tiens à préciser que si c'est nous qui sortirons vainqueurs, nous choisirons un président d'un des villages du caza et non de la ville. Et nous ouvrirons la fédération à tous ceux qui voudront s'y joindre. »
Quant à M. Boulos, il souligne que son camp « pense surtout à la restructuration de la fédération plutôt qu'à la victoire ». « Pour des raisons en rapport avec le développement, nous prônons la création de deux ou trois fédérations, explique-t-il. En effet, les villages du caza s'étendent du littoral jusqu'à la montagne, et les régions ont différentes spécificités. Une telle solution permettra de respecter ces spécificités et de placer à la tête des fédérations des personnes agréées. »
Tout indique donc que dans un cadre de compétition sur la fédération, entre deux visions radicalement différentes, les conséquences de la bataille municipale de dimanche risquent de se prolonger dans le temps bien au-delà de la date du scrutin.
Les préparatifs en vue du scrutin municipal avaient commencé, à Zghorta, par des réunions entre le député Sleimane Frangié et le président du Mouvement de l'indépendance Michel Moawad, et l'entente devait porter principalement sur la fédération des municipalités. Les deux parties s'accordent à dire...