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Nos Lecteurs ont la Parole

Cabale contre l’Église?

Par Sami Antoine KHALIFÉ
Depuis des semaines, nous constatons dans les médias internationaux une recrudescence des attaques contre l'Église et ses représentants basées sur des amalgames erronés et odieux. Un tel acharnement à faire ouvertement un amalgame entre abstinence et pédophilie, sans aucune précaution, voire associer prêtre abstinent et pédophile, est absolument choquant car il cherche à saper une des bases fondamentales de la mission des prêtres de l'Église catholique.
L'Orient-Le Jour, qui a rapporté avec discernement et d'une manière factuelle ces faits, a eu le mérite d'ouvrir ses colonnes à plusieurs intervenants qui ont contribué à élever le débat en abordant le problème avec sincérité, rigueur et transparence comme le demande l'Église. « La transparence et la rigueur s'imposent dans un gouvernement juste et sage de l'Église, loin des préoccupations malvenues de sauvegarder à tout prix la réputation de l'Église », a invité le père Federico Lombardi s.j., directeur du bureau de presse du Saint-Siège, pour traiter des affaires pédophiles dans le clergé.
 Les commentaires du père Dominique Hélou et de M. Jean Riachi m'ont profondément touché. Je me disais qu'il n'y avait rien à dire de plus ! Mais la question posée dans ce journal par l'ancien ministre M. César Nasr - « Qu'y a-t-il derrière cette cabale contre le Vatican ? » - revient souvent à mon esprit. Je lui suis reconnaissant, non seulement pour la profondeur et la sagesse de ses commentaires, mais surtout parce qu'il a bien cerné cette « cabale », ce qui suscite mes commentaires.
D'abord, il faut que je dise que je suis de ceux qu'on qualifie, souvent avec ironie, de « bon croyant ». Je ne m'en cache pas et surtout je ne cache pas mes positions parfois critiques vis-à-vis de certaines attitudes de l'Église, et ce par attachement profond à la barque du Christ et partant du principe « qui aime bien châtie bien ».
Si, pour ce qui est de l'acharnement de certaines publications aux États-Unis ou en Allemagne notamment, le P. Lombardi estime que ce n'est pas « surprenant » car « le sujet est d'une telle nature qu'il attire de lui-même l'attention des médias », on ne peut que déplorer la confusion et la timidité avec laquelle l'Église répond à leurs attaques. (Il convient de rappeler qu'en 1998, Ségolène Royal et Claude Allègre, ministres à l'époque, parlaient de pédophilie en milieu scolaire, ce qui a suscité aussi un tapage médiatique, lequel créa un énorme malaise chez les enseignants en France. Ceci a provoqué des réactions virulentes de ces derniers puis le problème a disparu des médias).
La différence de traitement dans les médias est flagrante : pour les cas de pédophilie chez les rabbins, c'est à peine l'entrefilet dans la rubrique des faits divers, loin des gros titres, voire le silence total. Pourtant, les cas recensés ces dernières années sont très nombreux et non des moindres, comme celui de Mordechaï Elon, l'un des piliers du sionisme et l'un des rabbins les plus réputés d'Israël, ou le cas du rabbin et homme d'affaires américain Baruch Lebovits, arrêté à New York en 2006 et reconnu coupable d'actes pédophiles envers quatre mineurs. « Because there are so few Jews in the world, the ratio of one criminal rabbi is equal to 200 pedophile priests, we must address this epidemic within judaism. » (Rabbi Morris Gonemsky).
Il ne s'agit surtout pas de minimiser le cas des prêtres pédophiles ni de trouver des excuses ou autre à leurs actes. La pédophilie n'a pas de religion, les médias doivent jouer leur rôle d'information objectivement, sans parti pris.
Quand on voit le courage, l'humilité et l'abnégation avec lesquels l'Église, par l'intermédiaire du pape Benoît XVI, a fait face à ce problème, nous voyons l'enseignement de Jésus à l'œuvre au quotidien et c'est une leçon pour tous. Le pape a rencontré les victimes d'abus sexuels maintes fois, et il leur a exprimé « sa honte et son regret », pleurant avec l'une d'elles (L'OLJ 19/04/10). Le pape a promis que l'Église catholique ferait tout son possible pour que les responsables soient traduits en justice et pour protéger les jeunes à l'avenir.
Le souverain pontife a toujours été clair et ferme quant à sa volonté de voir les évêques régionaux coopérer avec les autorités civiles pour engager des poursuites contre les prêtres coupables d'abus sur des enfants. L'Église a mis en place une procédure pour gérer ce problème. Le P. Lombardi cite comme une « bonne nouvelle » la diminution de 30% du nombre de plaintes pour abus enregistrées l'an dernier aux États-Unis, preuve que les mesures appliquées « se révèlent efficaces ». Malgré toutes ces actions, entreprises dans la discrétion et certainement pas suffisamment relayées par les médias, rien que par respect du « droit de réponse », l'Église, le Vatican et le pape ont toujours tort et subissent les foudres des monopoles médiatiques. Pourquoi donc cette situation ?
Depuis le dernier quart du XXe siècle, la mondialisation économique galopante et la globalisation culturelle ont fait que ceux qui en profitent combattent avec agressivité ceux qui s'opposent à leur volonté de dominer un monde, avec comme seules valeurs le commerce et l'accumulation du profit.
L'Église et le pape appellent à « défendre » les valeurs chrétiennes. Le saint-père vient de féliciter Malte pour ses positions sur le divorce et l'avortement, tous les deux illégaux sur l'île. (Il faut mentionner que, sur ces sujets, il y a débats entre les catholiques). À l'ONU et devant diverses instances internationales, l'Église rejoint les autres religions, notamment l'islam, pour défendre les valeurs morales communes prônées par les deux religions : le respect de la vie, le pardon et l'amour de Dieu. «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes», a estimé le pape dans son homélie devant les membres de la Commission biblique pontificale réunie au Vatican la semaine passée, car cela « donne la liberté ».
La lecture de cette homélie donne un éclairage différent pour expliquer, partiellement, les attaques contre l'Église et contre le souverain pontife. La liberté, l'autonomie de l'homme telle qu'on la conçoit à l'âge moderne, « est un mensonge ». C'est « un mensonge ontologique parce que l'homme n'existe pas de lui-même et pour soi-même ; c'est un mensonge politique et pratique parce que la collaboration et le partage des libertés sont nécessaires, et si Dieu n'existe pas, si Dieu n'est pas une instance accessible à l'homme, il ne reste comme instance suprême que le consensus de la majorité ». Ce « consensus de la majorité » auquel il faut obéir peut aussi être « le consensus du mal - l'histoire des derniers siècles nous l'a appris ». Pour le pape, « les dictatures ont toujours été contre cette obéissance à Dieu » et il cite les dictatures nazie et marxiste, lesquelles n'ont pas pu « accepter un Dieu au-dessus du pouvoir idéologique ». Aujourd'hui, grâce à Dieu, nous ne vivons pas en dictature, mais il existe des formes subtiles de dictature. « Un conformisme qui rend obligatoire de penser comme tout le monde, d'agir comme tout le monde. Et une agression subtile et moins subtile contre l'Église démontre que ce conformisme peut réellement être une vraie dictature. »
La convergence d'intérêts des acteurs de la mondialisation économique inhumaine et de la globalisation culturelle nivelée par le bas fait que l'Église et le pape sont une cible privilégiée pour les attaques de tout genre. Maintenant, c'est l'arme de la pédophilie comme, il y a peu de temps, c'était l'offensive contre Pie XII et auparavant le modernisme contre Pie X.
« Un grand vent se mit à souffler, et le lac devint houleux. Les disciples avaient ramé pendant cinq mille mètres environ lorsqu'ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de crainte. Mais Il leur dit:"C'est moi. Soyez sans crainte."»(Jean 6,18-20.)
En conclusion, je cite cette belle phrase du P. Dominique Hélou : « La barque de Pierre (qu'il me soit permis d'ajouter, qui est la même que celle de Benoît XVI) ne sombre pas. Si vous vous méfiez des prêtres à cause des scandales, ne perdez pas confiance dans le Seigneur. »

Sami Antoine KHALIFÉ
Ing. physique
Depuis des semaines, nous constatons dans les médias internationaux une recrudescence des attaques contre l'Église et ses représentants basées sur des amalgames erronés et odieux. Un tel acharnement à faire ouvertement un amalgame entre abstinence et pédophilie, sans aucune précaution, voire associer prêtre abstinent et...

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