Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Municipales : les couleurs s’enchevêtrent

À une semaine du premier rendez-vous électoral dans le cadre des municipales 2010, le panorama qui s'offre aux yeux a de quoi donner le tournis.
Certes, d'un côté, il y a les contrées endormies : dans la plupart des cas, elles ne le sont pas naturellement, mais bien plutôt par l'effet d'un puissant sédatif administré à la fois par des formations politiques locales et par des forces régionales rechignant à voir les Libanais déranger par leurs querelles « démocratiques » leurs jeux autrement plus sérieux.
On apprend de bonne source à ce sujet que l'Arabie saoudite, aussi bien que l'Iran et la Syrie s'efforcent de peser de tout leur poids - et il est certain - pour obtenir que le glacis électoral soit le plus étendu possible. Pour l'instant, c'est déjà le cas dans la quasi-totalité des régions musulmanes du pays, Tripoli demeurant jusqu'à nouvel ordre le seul cas non confirmé à suivre de près.
De l'autre côté, c'est-à-dire dans les villes et villages chrétiens, on pouvait plus ou moins s'attendre à ce que les municipales soient en quelque sorte une réédition des législatives 2009. D'ores et déjà, on peut affirmer qu'il n'en sera presque rien. Là où la frénésie consensuelle ne l'emporte pas, ce sera bien sûr la foire d'empoigne, mais une foire où le rouge, l'orange, le vert, le blanc et les autres couleurs se mêlent dans un cocktail d'autant plus indigeste que la campagne ne s'accompagne d'aucune espèce de programme de politique municipale digne de ce nom.
Pour donner le ton - et le triste niveau - de cette campagne, rien de tel que les affiches postées par une liste se présentant au Kesrouan : « Tous sont contre nous, seule la Vierge est avec nous »...
Un cas unique se distingue cependant de tous les autres : la ville de Jbeil. Dimanche prochain, date du rendez-vous électoral au Mont-Liban, ce sera pratiquement la seule localité d'importance de tout le mohafazat à connaître un scrutin hautement politisé et conforme au clivage actuel, opposant une liste conduite par un revenant, l'ancien ministre Jean-Louis Cardahi, soutenu par le CPL et le 8 Mars, à une liste présidée par Ziyad Hawat, qui se présente sous les couleurs de la coalition 14 Mars/indépendants.
Ailleurs, c'est le consensus ou la confusion ou encore les deux ensemble. Au Kesrouan, où la Vierge restera à n'en pas douter à l'écart du scrutin et de ses enjeux, on laissera les familles régler leurs comptes entre elles. Et quand les familles s'y mettent...
Au Metn, on tente de faire la même chose, mais dans un certain nombre de localités, la sauce a, semble-t-il, d'ores et déjà tourné. Des combinaisons du genre CPL-Murr-Kataëb-FL s'opposeront à d'autres combinaisons formées des mêmes éléments. Seule constante claire jusqu'ici : le PSNS paraît avoir été exclu des clubs consensuels, pourtant très ouverts.
Plus au Sud, on tombe sous le régime du glacis druzo-druze, à l'exception de quelques villages qui se comptent sur les doigts et où Walid Joumblatt et Talal Arslane se chargeront ensemble d'empêcher un adversaire devenu commun, Wi'am Wahhab, d'avoir droit au chapitre.
Contagieuse, l'entente interdruze paraît l'être aussi pour les chrétiens de la région. Certaines petites localités sont déjà pratiquement dotées d'un conseil municipal élu d'office, faute d'adversaire. Un consensus se dessine aussi à Deir el-Qamar, sous la houlette d'un chirurgien indépendant, Antoine Boustany.

Aoun a les yeux rivés sur Beyrouth
Après le Mont-Liban, ce sera, dimanche 9 mai, le tour de Beyrouth et de la Békaa. Dans la capitale, les négociations en vue d'une coalition générale paraissent au point mort, en dépit d'une rencontre hier entre le coordinateur FL Imad Wakim et son homologue CPL, Ziyad Abs.
Sans enterrer les pourparlers, les députés chrétiens de Beyrouth I, Michel Pharaon en tête, reprochent principalement au camp aouniste une gourmandise et une attitude « hautaine » que ne justifie pas le rapport de force politique, issu des législatives de juin 2009.
Le CPL continue, en effet, de réclamer 45 % des 12 sièges chrétiens du conseil municipal. D'autre part, il réclame également une représentation proportionnelle de l'opposition sunnite, ce qui est une manière d'inviter Saad Hariri à la négociation.
Et c'est là où le bât blesse. En poussant le Premier ministre à négocier avec lui, le général Michel Aoun cherche à éviter le huis clos chrétien, où il se retrouve en position de faiblesse. Il tente donc d'outrepasser les pôles chrétiens, sachant que la marge de manœuvre de ces derniers leur permet actuellement, bien davantage qu'à M. Hariri, de recourir à l'option de la bataille.
Mais on n'écarte pas non plus, dans les milieux chrétiens du 14 Mars, que les exigences du chef du CPL ne soient volontairement rédhibitoires, en vue d'autres enjeux postélectoraux.
Le Premier ministre, lui, favorise toujours le consensus, mais il continue jusqu'ici de respecter le principe qu'il a lui-même imposé, à savoir que les douze candidats chrétiens au conseil municipal de Beyrouth doivent être désignés exclusivement par les pôles chrétiens de la capitale.
Il s'est d'ailleurs concerté à ce sujet au cours des derniers jours avec l'ancien président Amine Gemayel, le chef des FL Samir Geagea et l'ancien ministre Fouad Boutros.
Pour ce qui est de Zahlé, c'est une bataille d'une toute autre nature qui s'y prépare. Principal notable de la ville, Élie Skaff tente de prendre sa revanche sur les résultats des législatives, mais en dépolitisant cette fois-ci le scrutin, se fondant ainsi sur le sentiment de nombreux Zahliotes, soucieux avant tout d'éviter à leur ville d'être sous la coupe de formations politiques extrazahliotes.
Principale victime de cette volte-face, le CPL vient d'apprendre à ses dépens que M. Skaff se passerait volontiers de ses services et de son soutien.
Face à l'ancien député d'un côté et à une coalition FL-Kataëb de l'autre, le Courant patriotique libre se cherche donc une voie, tout comme le député Nicolas Fattouche, qui avait pris ses distances à l'égard de ses collègues quatorze-marsistes. Y aura-t-il trois listes à Zahlé ? Réponse d'ci à une dizaine de jours.
À une semaine du premier rendez-vous électoral dans le cadre des municipales 2010, le panorama qui s'offre aux yeux a de quoi donner le tournis.Certes, d'un côté, il y a les contrées endormies : dans la plupart des cas, elles ne le sont pas naturellement, mais bien plutôt par l'effet d'un puissant sédatif administré à la fois par...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut