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Liban - Vie nocturne

À Hamra, pubs et restaurants à nouveau en vogue

Depuis plusieurs mois, voire un peu plus d'un an, Hamra devient le lieu de prédilection des noctambules. Aujourd'hui, le secteur, notamment la rue principale, la rue Makdessi et ses ruelles adjacentes comptent une quarantaine de pubs et de restaurants.

La clientèle est notamment formée d’artistes, d’intellectuels et de touristes étrangers.

La clientèle est très brassée. Il s'agit d'étudiants, mais aussi de trentenaires, de quadragénaires et même plus encore. Les pubs et les restaurants sont fréquentés majoritairement par des personnes exerçant des métiers intellectuels et artistiques. Il y a aussi les touristes qui séjournent rue Hamra lors de leur visite au Liban et qui sortent le soir pour prendre un verre et se détendre.
Dans cette rue, qui a vu la gloire du Liban avant la guerre de 1975 jusqu'à aujourd'hui, de nuit comme de jour des personnes de toutes les communautés se côtoient.
Ici, les habitués du secteur vous diront qu'il ne ressemble à aucun autre de la capitale, que c'est le véritable centre-ville, qui compte des banques, des entreprises, des hôtels abordables et des appartements, certes. Ils n'oublient pas de préciser que le quartier abrite entre autres quatre universités : l'Université libanaise, l'université Haïgazian, la Lebanese American University et l'Université américaine de Beyrouth ; ainsi que trois théâtres : Babel, al-Madina et le Théâtre de Beyrouth.
« Le secteur abritait également, jusqu'à la réouverture du centre-ville, le siège de quatre des plus importants quotidiens du pays, L'Orient-Le Jour, an-Nahar, al-Hayat et as-Safir. Aujourd'hui, seul as-Safir a préservé ses locaux à Hamra », souligne Arthur Chirvanian, propriétaire du restaurant-pub Regusto.
Arthur a une longue histoire avec ce quartier de la capitale. Son oncle tenait le restaurant Chez André depuis 1967. Mais avec la guerre, il a émigré en France, laissant à son neveu le soin de gérer l'endroit. Chez André a fermé ses portes. Un peu plus loin, dans la rue principale, le Regusto a vu le jour en 2003.
Pour Arthur, le boom de Hamra, que certains évoquent, est exagéré. « Seuls une dizaine d'endroits travaillent à plein rendement », dit-il, un peu nostalgique de l'âge d'or de cette rue, qu'il a vécu quand il était enfant.
Le propriétaire du pub-resto parle de la clientèle particulière de Hamra. « Ceux qui viennent ici ne s'intéressent pas vraiment aux apparences. Ils appartiennent à toutes les communautés et tous les courants politiques. On compte parmi eux des intellectuels, des étudiants et beaucoup d'étrangers », souligne-t-il.
Avant la guerre et même durant les années quatre-vingt, Hamra vivait la nuit. Donc ces restaurants et ces pubs ne constituent pas un phénomène nouveau, note Arthur, énumérant tous les endroits qui sont restés ouverts durant la guerre et qui ont fait le cachet particulier de ce quartier, notamment le Horse Shoe, le Wimpy et le Modka Café, Chez André, le Blue Note, le Charlie Brown, le Kalinka et le Rose and Crown.
Haytham Chammas compte aussi les pubs et les restaurants qui se trouvaient à Hamra jusqu'à la fin des années quatre-vingt-dix. Certains ont encore pignon sur rue. Haytham a ouvert son pub, The Chords, au début de l'année. « Pour moi, Hamra est le centre du monde. Je suis né et j'ai grandi ici. Je ne peux pas vivre ou travailler ailleurs. » Haytham, qui est initialement réalisateur, souligne que la clientèle de Hamra est bien particulière. « Ici, les clients deviennent amis avec le propriétaire du pub. Le secteur est différent de tous les autres. C'est une région où chacun se sent chez soi. C'est une zone très diversifiée, où l'on peut trouver des musulmans et des chrétiens, des femmes voilées et des filles en short par exemple. »
« Avant, la clientèle de Hamra était constituée d'intellectuels gauchisant, aujourd'hui on trouve de tout dans les pubs et les restaurants du quartier, mais la clientèle de base reste formée en majorité d'artistes et d'intellectuels », poursuit-il.
Il y a quatre mois, Farouk Yacoub a ouvert le Sector 34, du nom de la rue abritant l'endroit. « Hamra fait partie de notre quotidien, alors pourquoi faut-il ouvrir un commerce ailleurs ? » demande-t-il. Évoquant la particularité de la clientèle des pubs de Hamra, il souligne : « Ici, le client n'aime pas le show off, il préfère les choses simples. »

La rue 78
Une ruelle relie la rue Hamra à la rue Makdessi, au niveau de la banque al-Rafidayn. Son numéro est le 78, et quelques-uns de ses murs délabrés ont été repeints en blanc, à l'initiative de Dany Khoury, propriétaire du pub Le Dany's, qui tient à préserver la propreté des lieux. Ici, plusieurs pubs ont vu le jour. Parmi eux, le Cristobal Colon et Le Dany's, actuellement très prisés.
Dany Khoury a ouvert son pub en août 2008. Venu de l'audiovisuel, il avait également travaillé dans plusieurs pubs et restaurants de Hamra et de Ras-Beyrouth durant les années quatre-vingt-dix. Il a ensuite ouvert avec des associés un pub à Gemmayzé. Depuis un an et trois mois, Le Dany's reçoit les noctambules dans deux salles, le pub au rez-de-chaussée et au sous-sol, et une salle où des concerts sont donnés régulièrement.
Dany Khoury évoque aussi la clientèle multiconfessionnelle du quartier, précisant qu'elle est constituée d'un mélange d'artistes, d'intellectuels et d'étrangers. « Il y a un aspect culturel qui n'existe nulle part ailleurs à Beyrouth », dit-il.
Il explique aussi que le secteur a toujours été un centre commercial, le vrai centre-ville de Beyrouth où des dizaines de milliers de personnes se côtoient tous les jours. De plus, dans ce quartier de la capitale, les gens se déplacent beaucoup à pied. Il rapporte également que depuis quelque temps, l'immobilier est monté en flèche, notamment le prix de locations de locaux que l'on peut transformer en restaurants et en pubs.
À la fin de Hamra, dans une ruelle perpendiculaire à l'artère principale, Elio Panayott et Marc Mouracadé ont ouvert il y a un an et trois mois le pub restaurant Le Ferdinand. Le premier, qui est copropriétaire d'un pub à Gemmayzé, explique qu'il a ouvert Le Ferdinand parce qu'il a senti le manque dans cette zone et en prévision d'un éventuel boom du quartier. Il met l'accent sur le pluralisme de Hamra et sur la présence d'étrangers, notamment de touristes qui séjournent dans des hôtels à prix étudiés, très différents des établissements de tourisme de luxe du front de mer et du centre-ville.
Marc Mouracadé souligne de son côté qu'au début, il s'était inquiété de l'emplacement du pub qui se trouve à la fin de la rue Hamra, mais que l'endroit a connu rapidement du succès et a désormais sa fidèle clientèle, constituée principalement de personnes habitant ou travaillant à Hamra, notamment des médecins, des professeurs d'université ainsi que des touristes. Il souligne aussi que dans un même endroit à Hamra, trentenaires et sexagénaires se côtoient.
Pour les propriétaires des pubs à Hamra, les problèmes des rues Monnot et Gemmayzé, notamment au niveau du bruit et des embouteillages, ne se poseront pas. Ils expliquent que la dimension du quartier est bien différente des rues Monnot et Gemmayzé, qui constituent chacune en fait une seule rue, alors que Hamra présente plusieurs points d'accès. De plus, beaucoup de secteurs de Hamra, contrairement à Gemmayzé et à la rue Monnot, ne sont pas habités.
Tous souhaitent que Hamra ne perde pas son cachet, comme cela a été notamment le cas de Gemmayzé. Pour cela, une législation moderne est nécessaire et il faut aussi que les autorités ne distribuent pas de façon anarchique les licences d'exploitation.
La clientèle est très brassée. Il s'agit d'étudiants, mais aussi de trentenaires, de quadragénaires et même plus encore. Les pubs et les restaurants sont fréquentés majoritairement par des personnes exerçant des métiers intellectuels et artistiques. Il y a aussi les touristes qui séjournent rue Hamra lors de leur visite...
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