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Liban - La situation

La semaine de toutes les spéculations

La semaine commence sous le signe de nombreuses spéculations et de quelques rares certitudes. L'une de ces dernières a été fournie hier par le président de la Chambre, Nabih Berry, annonçant de manière délibérément abrupte que les élections municipales auront lieu dans les délais prévus, « à 200 % ».
Comme il était arrivé à M. Berry dans le passé de se faire dédire, y compris par ses propres amis, la prudence est devenue chez lui une seconde nature. Son annonce met donc en principe un terme définitif à toutes les rumeurs - innocentes ou savamment distillées - de ces derniers mois sur un possible report de la date du scrutin.
Les élections auront donc bien lieu en mai prochain, mais c'est à peu près tout ce que l'on peut affirmer pour le moment à ce sujet. Quant à savoir si ce scrutin sera l'occasion ou pas de batailles marquantes entre les forces politiques en présence, du moins dans les régions chrétiennes, cela semble encore prématuré.
Ce que l'on sait, c'est qu'en plus du glacis électoral recherché une nouvelle fois dans les régions musulmanes, des efforts en vue de consensus similaires sont en cours chez les chrétiens de tous bords. Même un homme comme Dory Chamoun, que l'on classe généralement parmi les « faucons » du 14 Mars, s'est montré au cours du week-end écoulé ouvert quant à la possibilité d'accords ponctuels dans le cadre des municipales. De l'autre côté de la barrière, le CPL Simon Abiramia lui faisait écho en évoquant une lassitude générale à l'égard des divisions et des désaccords.
Mais le tout est de savoir si ces efforts porteront et - surtout - s'ils porteront là où il le faut. Car en effet, comme on le souligne dans des milieux informés, des consensus sont en effet possibles dans certaines localités chrétiennes considérées comme confortablement acquises à l'un ou à l'autre camp, c'est-à-dire là où, de toutes les façons, les batailles ne risquent pas d'être vraiment rudes.
En revanche, que des accords puissent être conclus dans les villes et villages où majorité et ex-opposition avaient obtenu aux dernières législatives des scores tournant autour des 50/50 est un objectif bien plus difficile à atteindre. Or, du Chouf jusqu'au caza de Zghorta, et de Sin el-Fil jusqu'à Zahlé, il y a d'abord une multitude de localités qui répondent à ce profil et, ensuite, c'est précisément là que le risque de voir les protagonistes se trucider (au sens politique, bien évidemment) est le plus grand.
Voilà donc pour ce qui est des municipales. Il existe par ailleurs une autre petite certitude : il s'agit de l'adoption prévue aujourd'hui, en Conseil des ministres extraordinaire, d'un mécanisme censé être strict en vue de procéder aux nominations administratives.
Oui, mais... En gros, ce mécanisme s'appuie principalement sur la réactivation des appareils de contrôle au sein de l'administration publique (Cour des comptes, Inspection centrale, Conseil de la Fonction publique). Là où le bât blesse, c'est que les rangs de ces appareils sont eux-mêmes décimés...
Ainsi donc, et sauf imprévu, on devra adopter ce soir le mécanisme dont il a été tant question ces derniers mois. Mais d'ici à ce qu'il soit mis en œuvre, c'est une autre paire de manches.
Une troisième certitude se profile à l'horizon : l'ombre du FPLP-CG et de ses dernières joutes à Koussaya-Kfarzabad, tout comme des autres incidents survenus dernièrement, planeront sur la reprise du dialogue national, prévue ce jeudi à Baabda.
D'ores et déjà, on peut dire que cette reprise s'annonce sous de très mauvais auspices. D'une part, il ne fait pas de doute que certains piliers du comité du dialogue se préparent une fois de plus à poser d'emblée sur la table la question des armes dans son ensemble, alors que d'autres s'apprêtent à prendre prétexte des dérapages en tous sens observés ces derniers temps dans le but de soustraire au débat les armes qui leur tiennent le plus à cœur : celles du Hezbollah.
C'est dans cet esprit qu'il convient d'analyser les propos tenus samedi par le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, appelant à considérer l'incident de Oyoun Orghoch comme un événement « inhabituel ».
Cheikh Kassem tente de suggérer par là que bien au-delà de l'incident impliquant des individus pris sur le fait, il faudrait y voir la marque d'une organisation, en l'occurrence les FL, se livrant à des activités qu'il définit comme étant subversives.
Là où les choses se corsent, c'est que l'approche du Hezbollah ne semble pas faire l'unanimité du 8 Mars autour d'elle, dans la mesure où, par exemple, un parangon de l'influence syrienne comme l'ancien ministre Wi'am Wahhab semblait hier vouloir apporter un léger bémol à la campagne anti-FL.
Dans une interview télévisée, M. Wahhab a, d'une part, nié l'existence d'une quelconque campagne visant à isoler les FL, et d'autre part, refusé de se prononcer clairement sur l'incident de Oyoun Orghoch, « de peur, a-t-il dit, de nuire à la réputation d'une région ou d'une famille ».
Reste la visite annoncée du Premier ministre, Saad Hariri, à Damas, qui a reçu le soutien marqué du chef des FL, Samir Geagea, au cours du week-end. Dans les milieux de M. Hariri, on ne parle plus d'un report, mais de « la nécessité d'une bonne préparation » de la visite, ce qui revient au même.
On pense de bonne source que le voyage pourrait avoir lieu au cours de la dernière semaine d'avril et que le dossier des armes palestiniennes hors des camps y sera abordé en priorité par la partie libanaise.
Mais pour que cela mène quelque part, il faudra que ce soit aussi une priorité syrienne.

La semaine commence sous le signe de nombreuses spéculations et de quelques rares certitudes. L'une de ces dernières a été fournie hier par le président de la Chambre, Nabih Berry, annonçant de manière délibérément abrupte que les élections municipales auront lieu dans les délais prévus,...
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