« On the road again »

La route au cinéma n'est jamais linéaire. Elle n'est pas le chemin qui relie le point A au point B, mais un voyage chaotique, désordonné, ponctué de rencontres et d'aventures, et qui finira généralement par mener au point désiré. Que ce soit en littérature ou dans les films, la route est celle qui grandit l'homme en le mettant face à lui-même, à ses possibilités.  
Mais de tous les genres cinématographiques, le « road-movie » est sans doute le plus délicat à définir. Il implique nécessairement une route à prendre, parfois des étendues désertiques comme Easy Rider, Into the Wild ou encore Thelma et Louise. Et également le sens caché du parcours, puisque les voyageurs ne savent pas au préalable qu'ils vont atteindre un autre objectif qu'ils s'étaient proposés au début du voyage. Dans les « road-movies », la fin est souvent malheureuse.   
Ainsi dans Straight Story ou Une histoire vraie (1999) de David Lynch. Alvin Straight, soixante-treize ans, décide d'aller rendre visite à son frère, qu'il n'a pas vu depuis dix ans, à l'autre bout des États-Unis. Il entreprend un périple qui durera six semaines... en tondeuse à gazon. Un périple au goût de réconciliation. Alors que dans Thelma et Louise, les deux jeunes femmes, qui décident un jour de prendre la route, espèrent en fait échapper à leur morne quotidien. Pour sa part, Bonnie and Clyde, (1967) d'Arthur Penn, relate la cavale d'un couple de truands qui va finir tragiquement. Tom Cruise le véreux retrouvera son frère Dustin Hoffmann, l'autiste, durant un long trajet qui scelle leurs liens dans Rain Man. « Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage ou comme celui-là qui conquit la toison », disait Joachim du Bellay. La toison ou le Graal qu'importe ? C'est ce que toute personne recherche. Une quête incessante, une course continue sur cette route pour finalement retrouver ce qu'on a au fond de soi.
Ulysse vivait-il donc un road-movie sans le savoir ?