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Nos Lecteurs ont la Parole

Affaire La Sagesse : un communiqué accusateur

Par Salim F. DAHDAH
Certains incidents banals dans le quotidien d'une nation sont quelquefois porteurs de messages graves et lourds de conséquences tant au niveau de leur signification spécifique qu'au niveau de leur rayonnement médiatique. Le communiqué relatif à la réunion dans l'enceinte de l'école de La Sagesse à Jdeidé en est un exemple flagrant.
Comme tout citoyen curieux et inquiet de tout ce qui se passe dans son pays, j'ai lu non sans un sentiment de révolte le déroulement de cette mascarade qui s'est passée dans les murs de cette illustre école qu'est La Sagesse, fleuron national de notre éducation scolaire et orgueil de la communauté maronite de longue date. L'objet de ce malaise profond provient de plusieurs facteurs : la rouerie et le mensonge dont ont fait preuve les organisateurs de la cérémonie qui devait se dérouler dans la salle de conférence de l'école en tronquant carrément le sujet annoncé verbalement par une mention « piégée », glissée subrepticement par ces organisateurs par l'intermédiaire de la trésorière qui a rédigé le reçu de location de la salle ; la légèreté, voire la maladresse avec laquelle a été traité ce sujet, quand les responsables administratifs de l'établissement ont réalisé la duperie dont ils avaient été les «victimes » ; et enfin le manque de doigté et l'absence de vision de ceux qui étaient censés prendre une décision sereine, juste et conséquente avec les règlements appliqués au sein de ce lieu où nos enfants apprennent à devenir des adultes honnêtes et responsables, des citoyens dignes et respectueux des lois qui régissent toutes les composantes socioculturelles qui font la richesse du Liban.
Furieux et déçus, beaucoup de citoyens de cette riche mosaïque nationale l'ont été (autant musulmans que chrétiens). En lisant, en effet, les différents commentaires de presse des jours précédents, il y a un arrière-goût d'amertume, car de toute évidence nos frères du Hezbollah ont entrepris et réussi, au travers d'une duperie assez grossière et au moment où le pays est bercé par des « airs d'unité nationale », à marquer un impact médiatique incontestable sur une parcelle de territoire où ils sont encore de nouveaux venus et à transmettre un message à peine voilé de leur capacité à noyauter et impliquer n'importe qui dans leur trajectoire idéologique dont l'objectif, au-delà du devoir de la résistance sacrée, est une mainmise progressive et de fait sur les options nationales futures. À cela viennent s'ajouter le laxisme et la faiblesse du communiqué explicatif de l'évêché maronite de Beyrouth, paru le 23 février 2010. Sans vouloir, naturellement, évoquer une quelconque mauvaise foi ou quelque esprit mercantile à l'occasion de ces quelques observations, il est difficile de comprendre pourquoi, lorsque les règlements internes d'une institution interdisent la tenue de n'importe quel événement à caractère politique dans son enceinte, il faille avoir peur de refuser l'accès des lieux à n'importe qui, surtout après avoir découvert la supercherie utilisée au moment de la location et, qui plus est, malgré les excuses « bidons » des organisateurs de ne pas pouvoir renvoyer la date et le lieu de la commémoration en question, ailleurs. Tout refus en effet de ces derniers de retirer leur demande initiale aurait dû être réglé par des négociations au plus haut niveau, dans la sérénité, la discrétion et avec courage, tout en sachant et en acceptant l'éventualité d'une confrontation possible en cas de rupture de ces pourparlers. Dans cet ultime cas, et à son corps défendant, l'administration de l'école aurait dû demander officiellement aux autorités responsables de bloquer l'accès de l'école le jour J et faire valoir l'un des droits les plus élémentaires de son établissement, à savoir la défense de sa propriété privée, qui est l'un des articles essentiels de la Constitution de ce pays.
Oui Monseigneur, sauf votre respect, c'est ainsi qu'il fallait agir eu égard aux principes républicains de défense des libertés publiques et individuelles qui ont toujours guidé nos lois et nos traditions de cohabitation islamo-chrétienne, mais avec dignité et sans peur des conséquences quelles qu'elles soient. Nos frères du Hezbollah y auraient été certainement sensibles et auraient fini par comprendre votre position, car les discours de sayyed Hassan Nasrallah illustrent largement ce respect de l'autre et des règlements appliqués surtout au sein des institutions éducatives. Le communiqué aurait pu se passer aussi, ne m'en voulez pas trop, de ce « sacrifice de soi » pour éviter à la municipalité de Jdeidé d'avoir à subir le sort que vous avez préféré endosser et faire supporter à l'école qui dépend de votre évêché.
Éduquer, c'est témoigner clairement et sans appréhension. C'est à ce prix seulement que toutes nos écoles publiques et privées, et particulièrement La Sagesse dans toutes ses branches géographiques, resteront un lieu de brassage intercommunautaire idéal et continueront à former des citoyens responsables, libres et respectueux des autres.
Certains incidents banals dans le quotidien d'une nation sont quelquefois porteurs de messages graves et lourds de conséquences tant au niveau de leur signification spécifique qu'au niveau de leur rayonnement médiatique. Le communiqué relatif à la réunion dans l'enceinte de l'école de La Sagesse à Jdeidé en est un exemple...

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