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Nos Lecteurs ont la Parole

Vive la France !

Par Pierre L. AOUN
Face à l'expansionnisme sioniste qui nous a toujours menacés et qui a toujours convoité les eaux du Litani, il est peut-être temps de remercier la France, qui s'est toujours opposée à toute implantation, de quelque nature que ce soit, sur le territoire libanais.
Nous devons être reconnaissants à ce pays, sorti victorieux mais exsangue de la guerre, mais qui, à partir de 1918, s'opposa avec vigueur à la puissante Angleterre. En dépit des accords de Sykes-Picot conclus en 1916 entre les deux puissances, qui lui avaient octroyé mandat sur la Grande-Syrie (Liban, Syrie, Cilicie, et une partie de la Mésopotamie), la France devait faire face aussi bien aux demandes des Anglais, alors maîtres du Levant, qu'à différents groupes sionistes qui la harcelaient pour faire reculer les frontières du Liban-Sud. Alors qu'ailleurs, dans d'autres régions, elle a accepté que certains des territoires qui lui avaient été cédés par cet accord lui soient enlevés. C'est ainsi que la Syrie sera progressivement amputée de quelques territoires orientaux.
Par contre, en qui concerne le Liban-Sud, l'administration française se montra intraitable. Robert de Caix, secrétaire du général Weygand, écrit : « ...Les eaux du Litani, dont le bassin est étranger à la Palestine, sont nécessaires à l'irrigation de la Békaa, seule pleine étendue que possède le Liban (...) Au nom des populations du Grand-Liban nous protestons contre toute cession de territoire au nord de la ligne Sykes-Picot. »
En même temps, des sionistes tentaient d'installer des colonies juives au Liban-Sud et en Syrie. Mais une fois de plus, ils se heurtaient à l'opposition catégorique des Français. Cette décision d'éloigner toute présence permanente de colonies juives dans les pays sous mandat français ira même jusqu'à porter en 1924 le général Weygand à interdire la vente de biens immobiliers au sud du Grand-Liban et de l'État syrien.
Le haut-commissaire de Jouvenel (1925-1926) avait accepté l'installation d'immigrants juifs seulement en Mésopotamie ou au nord de la Syrie, « mais non dans les régions limitrophes de la Palestine, sur lesquels le sionisme a des visées expansionnistes ».
Au début des années trente, après la montée en puissance des nazis en Allemagne, des dizaines de milliers de familles qui fuyaient l'Europe avaient alors trouvé refuge en Palestine. La réaction du pays mandataire avait été prompte et, dès 1930, Ponsot, qui avait succédé à de Jouvenel, refusa que des colons juifs assèchent le marais de Houla pour s'y installer. Son successeur, Damien de Martel, dont l'épouse était juive, a même réaffirmé en 1935 l'interdiction des transactions immobilières portant sur des terrains frontaliers, et cela pour « contrer des convoitises sudistes ». C'est sur sa demande expresse que Paris, sollicitée par les Anglais, rejeta une demande d'installation de plusieurs milliers de familles juives qui avaient fui les exactions des nazis.
Dans son réquisitoire contre l'implantation dans le pays sous mandat français, de Martel ajoute : « Le premier devoir du mandataire envers le peuple qui lui est confié est de l'empêcher d'être volé. »
Nous sommes tous redevables à la France et à tous les Français de nous avoir épargné le sort tragique qui a été celui de la Palestine.
Face à l'expansionnisme sioniste qui nous a toujours menacés et qui a toujours convoité les eaux du Litani, il est peut-être temps de remercier la France, qui s'est toujours opposée à toute implantation, de quelque nature que ce soit, sur le territoire libanais.Nous devons être reconnaissants à ce pays, sorti victorieux mais exsangue de la...
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