Un retour à la terre

On pensait - à tort - que c'était un luxe. Aujourd'hui, manger bio et, plus encore, comprendre le langage des graines, des herbes, des plantes, de la terre et s'en servir au mieux, saisir l'importance d'une agriculture naturelle, sans OGM, insecticide, pesticide ou engrais chimique, additifs ou conservateurs artificiels, est devenu une nécessité en même temps qu'un plaisir, même si, hélas, il coûte encore relativement cher. Sabine Kassouf et Layan Makarem, toutes les deux venues d'univers très différents, pub pour la première et droit pour l'autre, l'ont très vite compris. « Je menais une vie agitée, avoue Sabine, avec des hauts et des bas, une mauvaise alimentation, des excès. » Sa curiosité personnelle, la pratique du yoga, des rencontres privilégiées et la recherche d'une nouvelle sérénité l'ont menée vers la nourriture biologique. Vers un savoir - manger et choisir, équilibrer son esprit et son corps. Layane, sportive, a vécu en France où l'éveil s'est fait plus tôt. Son retour au Liban depuis trois ans, et le constat du manque d'informations et celui de ces produits spécialisés lui donnent envie d'exploiter ce créneau. Ensemble, elles décident d'effacer les idées reçues et les confusions, d'éduquer les gens à cette façon d'être, et de leur proposer une gamme locale et importée. « Il nous fallait, expliquent-elles, montrer la différence entre organique et bio, à savoir un label attesté par des agents de certification ou des États. Introduire des produits encore inconnus, et éveiller les gens à la notion et à l'importance du bio, qui est encore perçu par certains comme une méthode médicale, médicinale ou même un moyen de perdre du poids...»
Chacune des deux jeunes femmes a sa particularité. Sabine est devenue une encyclopédie vivante. Elle saura définir les qualités d'une graine ou d'un ingrédient, accompagnée par Layane qui en ressortira les légendes « car, dit-elle, derrière chaque produit, il y a toujours une histoire ». Leur perception du bio fonctionne selon trois principes sacrés, ignorés par une société de consommation impatiente et matérialiste : le respect de la terre, dans le choix des semences et en fonction des saisons. Le respect des animaux et de la biodiversité, et enfin le respect de l'homme grâce à une agriculture sans pesticide et un aliment sain.

Un univers sain
A New Earth est ainsi devenu, depuis son ouverture en juillet, le lieu idéal pour partager des idées, conseiller et proposer. Faire le lien entre biologique et écologique. Devenir des porte-parole, porte-drapeaux d'une nouvelle génération plus consciente des dangers qui guettent. Un espace chaleureux, parquet en bois saupoudré de galets zen, un tronc d'arbre en guise de table. Et des étagères où s'exposent une gamme d'articles qui donnent envie de comprendre et de changer son mode de vie. Du lait et des petits pots pour bébé, au mascara et crème pour ces dames, en passant par les incontournables pâtes, sauces, graines, condiments, huiles, chocolats, biscuits, légumes, fruits, et vins bio. Et, plus surprenants, des produits de ménage, du champagne ou encore un nécessaire pour planter des herbes culinaires ou des fleurs. Cultiver un jardin bio sur sa terrasse et dans sa vie.   
Les rumeurs folles qui ont entouré l'utilisation des pesticides au Liban, le sommet de Copenhague et un début de prise de conscience locale ont permis une augmentation radicale de la clientèle. L'énergie des deux femmes a certainement aidé à ce regain d'attention : newsletter rédigée avec des recettes, des conseils et tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sujet. Dégustation de produits locaux sur place en présence d'agriculteurs et de producteurs qui sont ainsi encouragés, à travers cette plate-forme idéale, à développer leur potentiel encore timide. Des promotions mensuelles et plein de projets à venir : introduire des plats cuisinés, engager des actions écologiques ou encore éditer un livre sur le sujet.
Des graines semées pour, sans doute, faire germer une new earth.