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Europa Jaratouna: l'action de l'Europe dans 8 pays sud-méditerranéens - Développement

De la production à la commercialisation : des solutions d’envergure pour les agriculteurs libanais

Excentrés, parfois oubliés des rares décisions gouvernementales libanaises, les agriculteurs sont les grands laissés-pour-compte d'un pays fragile ; ils n'ont pour ainsi dire pas accès aux informations essentielles (météorologiques, technologiques) qui amélioreraient leurs conditions de travail et le succès de leurs récoltes. En 2005, l'Union européenne a lancé le projet de développement agricole (ADP) pour tenter de pallier ces failles structurelles.

« ADP est un projet pilote qui a réuni pour la première fois au Liban des agriculteurs et des organismes publics et privés », explique Rabih Sabra, coordinateur de ce projet au sein de la Fédération des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture (CCIA) au Liban. « Par ailleurs, le Comité agricole de la fédération, présidé par Raphaël Debbané et dont je suis le coordinateur, a œuvré, entre 2002 et 2005, au développement des services aux producteurs et exportateurs, notamment dans les domaines de la microéconomie agricole et des informations liées aux marchés internationaux. De ce fait, et dès la constitution du projet ADP, les structures nécessaires au niveau des CCIA régionales étaient déjà actives, ce qui nous a permis d'aider les bénéficiaires potentiels à constituer leurs dossiers de candidature comportant leurs projets d'investissement ainsi que les business plans nécessaires pour bénéficier du projet », ajoute-t-il. Ainsi, suite à un appel à propositions lancé par le ministère de l'Agriculture libanais, « 48 coopératives ont obtenu une participation financière de la part de l'UE, à hauteur de 40 % et pour un montant maximum de 80 000 euros ».

Andket Pro, une coopérative exclusivement féminine
Parmi ces associations agricoles régionales sélectionnées, « Andket Pro », une coopérative agricole du Akkar, exclusivement féminine. « Nos premiers contacts avec ADP remontent à 2005, raconte sa secrétaire générale, l'énergique Nicole Bitar Imad, ingénieure de profession. Le "Food Provision Festival" que j'avais conçu et organisé pour les scouts du Liban au village de Andket a remporté un prix décerné conjointement par l'UNDP et la Banque mondiale, récompensant un projet en faveur des jeunes et de l'environnement. Après ce beau succès, nous avons reçu la visite des représentantes du ministère de l'Agriculture et des CCIA. Nous avons alors décidé que Andket serait la vitrine des productions des femmes des quatre villages environnants. » Une autre rencontre sera décisive : « Les épouses des membres de la municipalité de Andket m'ont invitée à la première réunion qui allait décider de la création d'une association en faveur des femmes ; nous en sommes arrivées à un projet fondé sur le tourisme écologique et agricole, appelé Andket Development Project. »
Andket Development Project est devenu une coopérative agricole qui emploie aujourd'hui  quelque 35 femmes de 27 à 70 ans. Après avoir subi, trois étés consécutifs, une mauvaise situation politique (la guerre contre Israël, en 2006, les événements dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared en 2007 et les affrontements intercommunautaires à Tripoli en 2008), l'association et ADP n'ont pu coopérer pleinement qu'en janvier 2009. Andket Pro possède sa propre équipe, une cuisine, un showroom, des équipements divers. Son réseau de contacts et la diversité de ses activités lui ont permis de remporter un projet avec la FAO (Food and Agriculture
Organization).

Traçabilité des produits et prévention des maladies
 «Le succès de cette expérience peut être perçu aussi bien au niveau de la coopération et de la coordination entre les différents partenaires qu'à celui des résultats pour une majorité des bénéficiaires », commente Rabih Sabra. ADP a été particulièrement efficace au niveau de la Fédération des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture. Celle-ci s'était engagée sur trois points capitaux : d'abord, la mise en place de SIM (service information marchés), tant pour le local que pour l'export des fruits et légumes ; ensuite, un système de traçabilité des produits libanais, grâce à des codes-barres et un logiciel accessibles aux bénéficiaires ; enfin, une lettre d'information et un site Internet (www.adplb.com).
Quant au  secteur public, sa participation s'est faite via l'Institut de recherches agronomiques libanais (IRAL). « Aujourd'hui, grâce à nos 44 stations agrométéorologiques, nous sommes en mesure d'alerter les agriculteurs, 4 à 7 jours à l'avance, sur d'éventuelles maladies ou des attaques d'insectes, dit Michel Afram, président de l'institut. Nous les aidons à utiliser au mieux les pesticides, c'est-à-dire en dose et en temps voulus. » Depuis 2008, l'IRAL s'est engagé à faire d'ADP une continuité en l'intégrant au calendrier de ses activités de recherches prioritaires. « Nous avons bloqué une partie de notre budget pour le développement des laboratoires dédiés aux prélèvements et analyses de résidus de pesticides sur les fruits et les légumes. »
Si les progrès sont visibles, une fois ADP terminé, les acteurs libanais de la filière fruits et légumes ont du pain sur la planche, comme l'explique Rabih Sabra : « L'expérience de ce projet a permis de mettre l'accent sur quelques défaillances structurelles aux niveaux de l'organisation et du fonctionnement de la filière, et qui devraient être prises en compte dans la conception de tout nouveau projet qui y ferait suite. Parmi ces priorités figurent la création du registre agricole, que la fédération a présentée au Parlement et au ministère de l'Agriculture ; l'actualisation de la loi sur les coopératives et le renouvellement des marchés de gros des fruits et légumes. »

*Europa Jaratouna est un projet médiatique initié par le consortium L'Orient-Le Jour, al-Hayat, LBCI, et élaboré avec l'aide de l'Union européenne. Il traite des actions de l'UE dans 8 pays du sud de la Méditerranée. Pour en savoir plus, visitez le site www.eurojar.org. Le contenu de cette  publication relève de la seule responsabilité de L'Orient-Le Jour et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de l'Union européenne.
« ADP est un projet pilote qui a réuni pour la première fois au Liban des agriculteurs et des organismes publics et privés », explique Rabih Sabra, coordinateur de ce projet au sein de la Fédération des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture (CCIA) au Liban. « Par ailleurs, le Comité agricole de la...