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Liban - Commentaire

Aoun à Bkerké : peut-être un début de retour aux sources

Une visite historique, selon les termes que le général Michel Aoun attribue à l'épiscopat maronite, rencontré à Bkerké. En tout cas, un coup de théâtre qui suscite une kyrielle de spéculations explicatives. Mais le point d'interrogation subsiste. Pour quelles vraies raisons le chef du CPL a-t-il voulu faire acte de présence au siège du patriarcat, boudé depuis si longtemps ? Et pourquoi au moment même où les évêques tenaient assises ? Est-ce pour faire amende honorable ? Pour gommer son passif, et son passé, d'adversaire résolu du patriarche Sfeir, comme de ses constantes ?
Depuis vingt ans, il n'a cessé d'égrener son chapelet d'offensives. Les déclarations incendiaires, les outrages, comme les accusations de corruption (!), ne sont rien à côté des prises de position politiques. Depuis le rejet de Taëf jusqu'aux dernières législatives, en passant par le blocage pendant six mois de l'élection présidentielle, l'occupation du centre-ville qui a ruiné tant de familles. Et, surtout, le virage sur l'aile concernant l'indépendance du Liban, le général Aoun se ralliant aux prosyriens pour en devenir même le porte-étendard. Cela après la conclusion d'un pacte avec le Hezbollah dont il défend désormais cet armement qu'il avait été le premier à dénoncer, quand il luttait encore pour un Liban libre.
C'est d'ailleurs ce point même qui retient l'attention. Car Michel Aoun a situé son retour (son recours ?) à Bkerké au lendemain du manifeste du Hezbollah. Comme de la caution apportée par Hassan Nasrallah à la motion Berry en faveur de l'abolition du confessionnalisme politique. Un projet que le patriarche Sfeir a commenté en rappelant que cette abolition doit se faire dans les esprits avant de se voir consacrée dans les textes. Le député a donc pu vouloir prouver qu'il reste libre de ses mouvements par rapport au tandem chiite.
En tout cas, mieux vaut tard que jamais. Dans ce sens que Bkerké est toujours là, un roc indestructible, tandis que les partis passent. Très souvent, le patriarcat, qui ne se conçoit que comme un recours national, a corrigé les erreurs de trajectoire des professionnels de la politique, chrétiens ou musulmans. Il n'a jamais dévié du patriotisme bien compris. Liban d'abord ? C'est d'abord la lignée contemporaine de patriarches maronites qui l'a pensé, voulu et dit. C'est elle, le fondateur premier de ce pays et de ses principes de vie : la coexistence, la souveraineté, l'indépendance, la justice et la justice sociale, la démocratie, les libertés publiques, le droit et le droit chemin. Mgr Hoyek avait décroché en 1919 la reconnaissance de l'entité libanaise dans ses frontières internationalement reconnues. Avec transition formatrice par le mandat français. Par la suite, le patriarche Arida avait réuni à Bkerké une conférence nationale exigeant l'indépendance, acquise en 1943. Le patriarche Méouchy s'était opposé, en 1958, aux velléités du président Chamoun de se faire réélire. Et c'est au patriarche Sfeir que le Liban doit, en grande partie, l'arrêt de la guerre via Taëf, puis la libération de la tutelle syrienne. Le patriarche est incontournable, pour tout Libanais véritable. Il est bon, pour chacun, de le réaliser.
Une visite historique, selon les termes que le général Michel Aoun attribue à l'épiscopat maronite, rencontré à Bkerké. En tout cas, un coup de théâtre qui suscite une kyrielle de spéculations explicatives. Mais le point d'interrogation subsiste. Pour quelles vraies raisons le chef du CPL a-t-il voulu faire acte de...
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