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Liban - Commentaire

Faute d’autorité policière suffisante, seule la stabilité politique peut consolider la sécurité

Sous le président Fouad Chehab, la fameuse Brigade 16 créée par Raymond Eddé quand il était à l'Intérieur faisait trembler la racaille. L'armée du général-président, omniprésente en province, contribuait largement au maintien de l'ordre public. D'autant plus aisément que son deuxième bureau avait mainmise sur le domaine politique. Même dispositif de contrôle, mais cette fois par les Syriens, sous les présidents Élias Hraoui et Émile Lahoud.
Aujourd'hui, l'État libanais se trouve sérieusement handicapé sur le plan de l'autorité. Pour des raisons politiques connues. Souvent, il n'a même pas prise sur ses propres services. On le voit du côté du commandement des FSI, dont le conseil, miné par des bisbilles, n'arrive pas à se réunir. Or, si la police n'est en mesure, faute de programme suivi, d'assurer que des missions de routine, comme les fructueux PV, comment ne pas voir la sécurité se dégrader ? Sans parler des attentats terroristes, les criminels de droit commun et de tout acabit s'en donnent donc à cœur joie et n'hésitent pas à tuer, comme on l'a vu récemment au Metn, des militaires pour des causes crapuleuses.
Le président de la République, le général Michel Sleiman, s'efforce de traiter le problème par la stabilité politique. Ce qui suppose une solidarité nationale renforcée suscitant un climat de confiance propice à la promotion d'un civisme bien compris. D'où moins d'anarchie, de désordres, d'atteintes à la loi et, partant, d'insécurité. Bien sûr, un tel levier indirect n'a prise ni sur le crime organisé ni sur la délinquance ordinaire que seule une police bien faite peut limiter. Mais après tout, le danger essentiel pour la sécurité d'ensemble se résume dans des troubles de rue de nature politique ou confessionnelle. Là, il n'y a de remède, de bouclier efficace que dans la détente politique et confessionnelle, sinon dans l'entente nationale. Surtout en présence de l'armement milicien, comme d'un armement privé très répandu.
Mais la stabilité politique, comment l'assurer ? Le chef de l'État aborde le défi en se référant à des vecteurs fondamentaux. Pour qu'il y ait solidarité nationale, il faut premièrement que le cabinet mis en place réponde bien à son label d'union. Président, et homme, de consensus, le général Michel Sleiman se soucie de susciter, puis d'entretenir, un cadre d'entente généralisée, fondée sur une compréhension mutuelle, une acceptation de l'autre, entre les forces actives du pays. D'où le processus de réconciliations qu'il anime, la dernière en date concernant Walid Joumblatt et Sleimane Frangié, réunis à Baabda à la table du général Sleiman.

Effets
Bien entendu, le président profite aussi, et au mieux, d'un climat interarabe, sinon régional, actuellement propice. Un climat qui se trouve marqué par le rapprochement entre deux joueurs capitaux sur la scène libanaise, la Syrie et l'Arabie saoudite. Leurs encouragements conjugués favorisent de toute évidence une recimentation libanaise interne.
Passage obligé, en fait, tant pour l'émergence potentielle d'un État de droit que pour la mise en marche de sa machine, administrations en tête. On note ainsi l'importance, sinon la priorité attachée au dossier des nominations. Le but étant d'installer « the right man at the right place », comme disent les Anglais. En base de critères de compétence, de probité, d'expérience, de savoir-faire et de dévouement à la chose publique. Donc, loin du système pourri habituel de copartage politicien, ou sectaire, des postes juteux, en gros sous ou en influence.
Il reste, cependant, un pan important du rempart des réconciliations à construire. Il s'agit de l'aile réservée, dans l'ouvrage, à la communauté maronite et à ses pôles, encore si divisés. Il faut donc normaliser les rapports (de force) entre le président Amine Gemayel, le général Michel Aoun et le Dr Samir Geagea. Sans oublier qu'il est également nécessaire de régler le malentendu, ne disons pas le conflit, entre le CPL du député-général et Bkerké. L'exemple de la main tendue, que Sleimane Frangié a donné en se rendant auprès de Gemayel, sera-t-il suivi par les autres protagonistes ?
Assez étrangement, beaucoup placent leurs espoirs d'unification des rangs internes, ou du moins dans des équilibres retrouvés, dans les tiraillements, ou même les divisions, que les élections puis la gestation et la formation du gouvernement ont engendrées, mais cette fois au sein de chaque camp. Il y a eu ainsi de notables dissensions tant au sein du 14 que du 8 Mars. Partant de là, ces sources misent sur une recomposition progressive du paysage politique, sur de nouvelles alliances, déclarées ou pas, qui impliqueraient la neutralisation, sinon la disparition, du clivage binôme. Avec le concours actif des centristes qui gravitent dans l'orbite de Baabda. Mais d'autres en doutent. En faisant valoir que le 8 et le 14 Mars sont bien plus le fruit de la lutte des axes extérieurs, qu'ils répercutent localement, que d'une rivalité autour d'un pouvoir intérieur, du reste partagé.
Sous le président Fouad Chehab, la fameuse Brigade 16 créée par Raymond Eddé quand il était à l'Intérieur faisait trembler la racaille. L'armée du général-président, omniprésente en province, contribuait largement au maintien de l'ordre public. D'autant plus aisément que son deuxième bureau avait...
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